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Aéronautique

Airbus. Des bénéfices records en 2022 mais des miettes pour les travailleurs de l’aéro

Après la crise du COVID-19, le secteur aéronautique a connu une forte reprise économique. Ainsi, pour l'année 2022, Airbus a annoncé des bénéfices record avec des carnets de commande remplis. Pourtant, pour les travailleurs de l'aéro, les salaires ne suivent pas l'inflation tandis que l'augmentation des cadences vient dégrader toujours plus les conditions de travail.

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Crédits photo : Focke Strangmann/AFP

Jeudi 16 février, Airbus a publié ses résultats pour l’année 2022, annonçant 4,2 milliards d’euros de bénéfice net, soit le bénéfice le plus important de son histoire. C’est donc une année record pour le géant de l’aéronautique qui devrait continuer sur sa lancée pour l’année 2023. En effet, dans un contexte politique marqué par la crise économique et la guerre en Ukraine, Airbus prévoit d’augmenter drastiquement ses cadences pour passer d’une production d’une soixantaine d’avions par mois en 2023 à 75 d’ici à 2025.

Une augmentation des cadences au détriment des conditions de travail

Si le patronat de l’aéronautique est à la fête, pour les travailleurs de l’aéronautique, c’est loin d’être le cas. La hausse des cadences se fera dans un paysage marqué par les conséquences de la crise sanitaire. En effet, après la crise du COVID-19, ce sont les travailleurs de l’aéronautique qui ont payé de leurs emplois et de leurs salaires les conséquences de la crise. Ainsi, 15 000 postes ont été supprimés dans le monde en 2020 chez Airbus. Pour de nombreux sous-traitants, la crise a été synonyme de mises en place d’APC (Accord de Performance Collective) et de dégradations des conditions de travail, mais aussi de PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) engendrant des licenciements massifs.

Aujourd’hui, pendant qu’Airbus se refait une santé en pleine période de crise, les cadences augmentent sans que le nombre d’embauches ne suive. La dynamique ne semble pas en voie de s’arrêter comme le montre la commande massive d’AirIndia qui devrait avoir un grand impact sur la production dans les usines comme dans celles de Saint-Nazaire ou Nantes qui produisent les modèles phares A320 et A350 et plus largement sur l’ensemble de la chaine de production.

Avec une reprise du secteur courant 2021 et surtout en 2022, les cadences ont très vite augmentés passant de 40 avions produits par mois à plus de 60 avions produits en 2022 et jusqu’à 65 avions par mois 2023. Or les salaires et les conditions de travail se sont dégradées très fortement avec une difficulté à recruter. À cela s’ajoute la mise en concurrence des sous traitants dans l’aéronautique, une pression à la compétition qui repose en dernière instance sur les travailleurs des différentes entreprises de l’aéronautique.

Dans ce sens, la menace de délocalisation de certaines usines du sous traitant historique Latécoère est un crachat à la figure des 150 salariés menacés de perdre leur travail. Malgré une filière aéronautique qui fait des profits records, c’est au nom du gain de compétitivité et de la « restructuration » du secteur que Latécoère prévoit de détruire des emplois.

Des bénéfices records, mais des salaires qui ne suivent pas l’inflation

Si Airbus annonce des profits records, les augmentations de salaires ne sont pas au rendez-vous pour les travailleurs de l’aéronautique. Chez le donneur d’ordre, les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) conclues en mars 2022 prévoyaient un accord salarial sur deux ans avec 6,8 % d’augmentation. En février 2023, l’augmentation moyenne des prix sur l’année est déjà de 6 % selon l’INSEE. En d’autres termes, les travailleurs d’Airbus se préparent à une baisse conséquente de leurs salaires réels, cela d’autant plus que l’inflation menace fortement de s’aggraver encore dans les prochains mois. Pour les sous-traitants, les augmentations de salaires sont encore plus faibles, alors que ces derniers sont à l’origine des bénéfices records engrangés dans la filière aéronautique.

C’est dans ces coordonnées que de nombreuses luttes pour les salaires ont émergé dans la filière aéronautique à l’image des salariés Airbus de la FAL A320 en grève pour 10 % d’augmentation ou de la mobilisation à Airbus Defense And Space, en passant par de multiples luttes pour les salaires dans la sous traitance aéronautique comme à Daher, Sabena Technics, Figeac Aéro ou encore aux Ateliers de la Haute Garonne. Ces nombreuses luttes exprimaient toute une même colère : après les sacrifices consentis pendant la Covid, les attaques dans un secteur qui fait des profits historiques passent de moins en moins.

L’argent pour nos retraites et nos salaires est là, il faut aller le chercher  !

À la colère sur les salaires et les conditions de travail s’ajoute celle contre une réforme des retraites qui cherche à nous faire travailler toujours plus. Une façon encore de faire payer la crise aux travailleurs quand le patronat lui réalise des profits records. Face à cela, certaines entreprises de l’aéronautique ont été fortement mobilisées sur les différentes dates interprofessionnelles, notamment Airbus. C’est en effet par la grève que l’on pourra refuser de payer la crise et affirmer haut et fort que c’est aux patrons de payer !

A l’heure d’une mobilisation massive, il faut lier bataille des retraites et lutte pour les salaires, c’est même une condition pour vaincre contre Macron. Face à la détérioration de nos conditions de travail et de nos salaires, nous devons aussi nous battre pour imposer l’augmentation des salaires de 400 euros pour tous et leur indexation sur l’inflation. L’argent ce n’est pas ce qui manque quand on voit les profits records du patronat, à nous d’imposer à ces derniers nos revendications !


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