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Après Sanofi et Alstom…

Airbus : des licenciements... et des profits

Mercredi 11 janvier, le groupe Airbus va annoncer ses résultats pour l’année 2015. Avec des ventes qui dépassent les objectifs pour l’année, le groupe se porte pour le moins bien. Et pourtant, mardi 10 janvier, lors d’une réunion des syndicats à laquelle la CGT n’a pas été conviée, le président du groupe Tom Enders a annoncé les contours de son plan Gemini qui a pour objectif de restructurer le groupe et prévoit plus d’un millier de licenciements dont près de 500 en région parisienne, sur le site de Suresnes. Après le cas récent d’Alstom, c’est au tour d’Airbus d’intégrer le palmarès des entreprises qui licencient tout en faisant de formidables profits.

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Yano Lesage

Autour de la table ce mardi, la direction du groupe et son PDG Tom Enders avaient convié les syndicats pour parler du plan de restructuration Gemini, prévu pour 2018, et divulgué le 29 novembre dernier. Tous les syndicats étaient présents à l’exception de la CGT que la direction n’a pas souhaité inviterj. FO, la CFE-CGC, la CFDT et la CFTC étaient donc présentes pour faire part de leurs inquiétudes concernant le projet de suppression de 1 164 postes en Europe, dont environ 500 concernant le site de Suresnes dans la région parisienne. La CFE-CGC s’est même dite « soulagée » à la sortie de la rencontre. Et pourtant, la seule garantie obtenue a été la promesse d’éviter le transfert des effectifs qui ne seront pas licenciés sur la région de Toulouse, où sont concentrés les sites d’Airbus. Bien maigres garanties, face au scandale de licenciements qui ne comportent aucune justification économique.

Car en effet, le groupe se porte bien. Ses ventes ont explosé pour sa branche aviation qui concerne près de 70% de son activité. Les carnets de commandes de l’avionneur sont évalués à 1000 milliards d’euros, soit sept à huit ans de production. Les difficultés invoquées par le groupe sont des cacahouètes en comparaison : en effet, l’entreprise accuse des retards dans ses livraisons de l’A 350 qui lui valent des pénalités. C’est du côté de la branche militaire que les choses vont plutôt mal : les défauts enregistrés sur les hélicoptères lui ont valu l’annulation d’une commande passée avec la Pologne qui lui a préféré son concurrent américain.

Mais les vraies raisons du plan Gemini sont plutôt du côté des actionnaires qui veulent plus de dividendes : lésés ces dernières années par les investissements que le groupe a du réaliser, les actionnaires veulent aujourd’hui récupérer leurs gains. Ils se font plus exigeants, obligeant le groupe à restructurer en dépit des ventes record réalisées cette année, et du nombre record d’avions livrés (670, contre 635 en 2015).

Après le cas récent d’Alstom qui a fait la une de l’actualité, celui de Sanofi il y a quelques années, c’est au tour d’Airbus, entreprise qui fait des bénéfices colossaux, de licencier. Une mesure d’autant plus scandaleuse que le groupe profite allégrement des mesures d’allégements fiscaux mis en place par les gouvernements et l’Union Européenne qui lui fait profiter de ses politiques d’innovation mises en place pour l’industrie européenne.

La situation d’Airbus montre toutes les contradictions d’un capitalisme à la fois absurde économiquement où l’appétit des capitalistes devient le frein à l’investissement, à l’innovation –Suresnes est un site liée à la recherche et développement– et meurtrier socialement, en mettant à la rue des milliers de travailleurs. Mais Airbus, une entreprise largement alimentée par les allégements fiscaux et les subventions publiques de toute sorte, révèle également l’accointance du pouvoir avec ce genre de pratique de licenciement abusif, si ce n’est l’entière collaboration : l’Etat français détient 11% du capital d’Airbus Group, aux côtés de l’Etat Espagnol (4%) et de l’Etat Allemand (11%). Une collaboration aux licenciements abusifs désormais facilitée par la loi du travail entrée en vigueur cette année. Le projet d’Airbus, industrie implantée sur le territoire européen et dont les sous-traitants engagent les travailleurs au sud de la Méditerranée pourrait bien être l’occasion d’organiser une lutte, à une plus vaste échelle, pour refuser ces licenciements qui devraient également impacter les conditions de travail des autres sites, notamment à Toulouse.


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