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À jamais grand champion

Ali Bomaye !

À 74 ans, après un long combat acharné contre la maladie de Parkinson, est mort « le plus grand, le plus rapide et le plus beau » boxeur poids lourd de tous les temps, Mohamed Ali. Inoubliable sera son nom, comme ses combats contre Liston, Frazier, Foreman et Norton. Son corps est parti mais son empreinte et son souvenir resteront gravés dans l’histoire de la boxe et du sport mondiale. L.

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« Je suis le plus grand » répétait-il… Il est né sous le nom de Cassius Marcellus Clay à Louisville, Kentucky, aux États-Unis. Enfant, Cassius Clay s’est mis à la boxe à l’âge de 12 ans pour se venger du garçon qui lui avait volé son vélo rouge…

Premier boxeur à avoir gagné trois fois le championnat de boxe poids lourd de l’histoire, génial tacticien sur le ring et épaulé par un des meilleurs stratèges de la boxe Angelo Dundee qui l’a adopté comme son propre fils. Des années plus tard, même après sa retraite il continuait à l’appeler « my kid ». Connu pour déstabiliser ses adversaires par des mots provocateurs, son parcours a eu des hauts et des bas notamment par sa personnalité et ses engagements politiques. Il a laissé une empreinte dans la boxe notamment pour son style peu orthodoxe incarné par son slogan « vole comme un papillon, pique comme une abeille » et ses phrases célèbres.

Ses débuts

Très vite, grâce à la force impressionnante de ses poings, à sa technique, et à sa vitesse, il collectionne les victoires et les titres, vainqueur des golden gloves dans la catégorie mi lourds en 1959, et celui de champion Olympique à Rome en 1960 à seulement 18 ans, c’est à ce moment-là qu’il devient professionnel et passe sous la tutelle d’Angelo Dundee. Avec ce magistral entraineur il devient imbattable. En 1963 il est élu boxeur de l’année, puis champion du monde WBA en 1964 en battant le champion en titre Sonny Liston par KO au 7e round. Après une série de grands combats en battant notamment Floyd Patterson, Georges Chuvalo et l’allemand Karl Midelberger, c’est le tour de Cleveland Williams. Pour certains, le meilleur combat de la carrière d’Ali. Il se montre incroyablement rapide et met en place « l’Ali shuffle » ce fameux mouvement hyper rapide des pieds pour enchaîner avec son jab de droite lors de la déconcentration de son opposant. Il se débarrasse de son rival au troisième round par un KO technique. Son surnom était la grande gueule de Louisville « the louisville lip » car il se moquait constamment des adversaires et prédisait à quelle reprise il allait les mettre KO, il chantait ses propres louanges en disant « qu’il était le meilleur », « le plus grand, le plus beau et le plus rapide ».

Son combat contre la guerre et l’oppression raciale

Le lendemain de la victoire sur Liston en 1964 il décide de changer de nom et se faire appeler Cassius X en rejet de son nom d’esclave et en absence de son véritable nom d’origine africaine. Un mois plus tard sous l’influence de Elijah Muhammad, il se converti à l’islam et prend le nom de Mohamed Ali. Petit fils d’esclave, admirateur et ami de Malcom X, Mohamed Ali fut aussi une figure emblématique de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis. « Sous la tutelle de Malcom [Mohamed Ali] a émergé sur la scène internationale comme un symbole de fierté noire et d’indépendance noire ». « Je suis le champion du monde des lourds mais il y a des quartiers où je ne peux pas habiter » déclare-t-il après ses premiers titres. Il a aussi jeté dans la rivière Ohio la médaille d’or remportée à Rome en 1960, après avoir été refusé d’entrer dans un restaurant « réservé aux blancs ».

Malcom et Mohamed Ali se disputeront à cause des profondes fractures au sein du mouvement « Nation of Islam » qui aboutiront à l’assassinat de Malcom X en février 1965, à l’âge de 39 ans. « J’aurais aimé pouvoir dire à Malcom que j’étais désolé, qu’il avait raison sur tant des choses » dira le champion des années plus tard.

En 1966 il refuse d’aller grossir les rangs des soldats de l’armée américaine dans la guerre impérialiste du Viêt- Nam. Il devient objecteur de conscience, argumentant qu’il n’a « rien contre le Viêt-Cong » et il s’insurge en disant « Ma conscience ne me laissera pas aller tuer mes frères ou des pauvres gens affamés dans la boue pour la grande et puissante Amérique ». « Les tuer pour quoi ? Ils ne m’ont jamais appelé nègre, ils ne m’ont jamais lynché, ils ne m’ont jamais lâché les chiens sur moi (…) Comment pourrais –je tuer ces pauvres gens ? Mettez-moi en prison ! »

Le plus grand boxeur de tous les temps n’ira pas en prison, mais il sera déchu de ses titres et interdit de boxer pendant trois ans et demi. Il continuera toujours sa lutte pour les droits des Noirs. « Ils ont volé nos noms, ils nous ont fait des esclaves, ils ont volé notre culture, ils ont volé notre histoire… ils nous ont rendus des morts vivants, car nous sommes noirs dans un pays de blancs. Nous ne savons rien de nous-mêmes, nous ne parlons pas notre langue, nous sommes mentalement morts, et cela arrive partout dans le monde, mais le premier pays qui s’insurgera sera les États-Unis, après les autres ». Voilà ce qu’il déclarait lors d’une émission télé des années plus tard.

Son retour et la reconquête du titre

Son retour n’augurait rien de bon, après avoir battu Jerry Quanty et l’argentin Oscar Bonavena dans un dur combat qui se finit par un KO au 15eme round. L’argentin a été le seul qui a réussi à faire sortir de ses gonds Ali lors de l’avant-première en l’accusant de poule mouillée, pour avoir refusé d’aller combattre pour son pays. Ali essuie sa première défaite qui a eu lieu le 3 août 1971 contre un autre « grand », Joe Frazier « smoking Joe », lors d’une énorme bataille dont on se souviendra comme « le combat du siècle ». Au bout de 15 reprises et par décision unanime des juges, Joe Frazier obtient les titres en jeu, la WBA et la WBC. Frazier et Ali finiront tous les deux à l’hôpital après le combat.

Deux ans plus tard en 1973, et en étant vainqueur dans une dizaine de combats, c’est le tour de sa deuxième défaite cette fois ci face à Ken Norton « le Hercule noir » à San Diego pour le titre NABF, au bout de la douzième reprise les juges donnent la victoire à Norton. En effet Ali a négligé son entraînement, il est trop lourd (plus de 100kg) et il s’est fait fracturer la mâchoire au bout du deuxième round, mais malgré sa blessure, il continue jusqu’à la fin du combat. Norton a gagné le surnom de « jaw breaker » (le casseur de mâchoires) après la rencontre.

Mais Ali prend sa revanche contre Joe Frazier le 28 janvier 1974 dans un combat au Madison Square Garden de New York. Le combat fut serré, Muhammad Ali au bout des 15 reprises a été déclaré vainqueur par unanimité des juges.

Il redevient champion du monde en 1974, réunifiant les titres WBA et XBC lors de sa victoire par KO sur George Foreman lors du mythique « Baston dans la jungle (Rumble in the jungle) » à Kinshasa, au Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo). Et lors de la 8eme reprise, cette fois, Ali n’as pas dansé, n’as pas boxé, mais a suivi les attaques furibondes de George tout le long du combat en s’appuyant contre le cordage « rope a dope ». Cette technique consiste à utiliser les cordes pour amortir les coups de l’adversaire tout en utilisant cette énergie accumulée dans les cordages pour lancer à son tour des coups. Le résultat : il s’épargnait de dispenser ses forces pour pouvoir les exploiter plus tard, quand « la bête » sera fatiguée… Ali trouve le moyen d’épuiser Foreman et de l’obliger à combattre plus de 5 rounds. À bout de souffle, le visage tuméfié par les coups d’Ali, il tombeKOau8eround se relevant une seconde trop tard. Mohamed Ali reprend ainsi son titre dix ans après son premier combat contre Sonny Liston.

En 1975 c’est au tour de Joe Frazier de prendre sa revanche, dans un des plus grands combats de l’histoire de la boxe, qui a eu lieu à Manille aux Philippines « frissons en manille (thrilla in Manilla) ». Après une bataille acharnée pendant lequel Ali a dominé pendant la première partie du combat, mais que Frazier réussi à maîtriser pour dominer pendant tout le milieu du combat, c’est lors de la 13ème reprise qu’Ali reprend les rennes avec un grand crochet de droite qui a fait perdre le protège dents à Frazier. Ali en a ensuite profité pour décharger une série des coups à la mâchoire de Frazier et lors du 14ème round, Frazier, fatigué et aveuglé, a pris littéralement la « branlée de sa vie ». Dans son coin avant le début de la 15eme reprise, l’entraîneur de Frazier, à l’encontre de son avis, a déclaré la fin du combat.

Son déclin et le dernier combat de sa vie

Après une série de six victoires consécutives, il a ensuite perdu son titre face à Leon Spinks en 1978 par décision partagée des juges et l’a récupéré en prenant sa revanche sept mois plus tard, cette fois ci victoire par décision unanime.

En octobre 1980 après deux ans sans combattre et avec les symptômes de la maladie de Parkinson qui commencent à fleurir, Ali affronte Larry Holmes dans un combat à sens unique. Holmes se fait plaisir avec un Ali qui commence à ressentir l’âge et la fatigue, un adversaire qu’ il connaît par cœur car lui a servi de sparring dans son jeune âge. Après le combat, Holmes reconnaîtra qu’il retenait ses coups par respect et estime de son idole, celui qui l’avait embauché. Les jabs de Holmes étaient trop pour Ali qui restera inactif pendant tout le combat. Angelo Dundee refusera de le laisser combattre à l’appel du 11eme round. En 1981 une défaite contre Trevor Berbick par décision unanime sera son dernier combat, après 56 victoires en 61 combats, dont 22 en championnat du monde et 37 avant la limite, Mohamed Ali raccroche définitivement les gants.

À 42 ans, Muhammad Ali entame son dernier combat, cette fois ci-contre l’adversaire le plus redoutable de sa vie, la maladie de Parkinson, si fréquente dans le monde de la boxe. Le combat a duré 32 ans et s’est soldé par une inexorable défaite, son cœur s’est battu jusqu’au dernier souffle.


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