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Témoignage | Acte XVIII

Amandine : « Passée à tabac par les flics, j’ai une commotion cérébrale mais ils ne me feront pas taire ! »

Amandine, 33 ans, assistante vétérinaire et mère de 3 enfants, est l'une de ces Gilets Jaunes de la première heure. Habitant dans le 92, elle n'a loupé aucun acte. Mais ce 18e samedi de contestation, elle l'a fini à l'hôpital, après avoir été tabassée par la police. Nous avons recueilli son témoignage.

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Photos : Amandine à gauche lors de l’Acte 12 | Amandine et Laurence à droite, dans le camion vers l’hôpital

« Vers 16h, quand la barricade en tôle de BULGARI a cédé, il y a eu un mouvement de foule de ceux qui descendaient cette rue, et à l’angle juste en face du BULGARI je me suis fait matraquer. J’ai réussi à fuir, et c’est là que j’ai pris un coup sur l’omoplate, car même de dos ils tapaient encore. Mon sac-à-dos a absorbé le reste des coups.

Des Blacks-Blocs (BB) m’ont sortie de là pour m’emmener auprès des Médics de l’autre côté des Champs, au niveau de la HSBC. Puis après avoir fait les premiers soins les Médics m’ont évacuée sous une pluie de lacrymogènes, vers le poste de secours le plus proche. J’ai été emmenée par les pompiers à l’Hôpital Saint-Louis, dans le même véhicule que Laurence, une autre gilet jaune qui a pris un tir de flashball en pleine tête.

Mon passage à tabac par les flics m’a valu une fissure et luxation de la main, un hématome sur l’épaule, les 2 coups pris sur la tête m’ont causé un traumatisme crânien, par chance sans hémorragie cérébrale... et une commotion cérébrale. La commotion me donne des difficultés à parler, à structurer mes pensées, à écrire... je mélange toutes mes lettres, j’écris donc grâce à la reconnaissance vocale.

Malgré tout, je suis plus déterminée que jamais. Je serai là samedi et tous les suivants, ils ne me feront pas taire. Bien sûr que je suis choquée, mais j’ai pas le droit de lâcher. Pour mes gosses, pour ceux des autres, pour nos vieux : pour l’avenir de mon Pays que j’aime tant. »

« Je tiens à dire à tous ceux choqués par des vitrines cassées que ce n’est pas ça la violence »

« Je tiens à dire à tous ceux choqués par des vitrines cassées que ce n’est pas ça la violence, la violence n’est pas matérielle. La violence est vécue par beaucoup de gens chaque jour, je pense notamment à nos SDF qui meurent dans la rue dans l’indifférence médiatique la plus totale, la violence c’est également tous ces gens qui n’arrive plus à se nourrir à la fin du mois, la violence c’est nos vieux qui crèvent de froid car pas les moyens de se chauffer alors qu’ils ont travaillé toute leur vie, la violence c’est encore une fois les plus démunis qui en sont victimes cela tout au long de l’année, la violence a lieu chez chacun d’entre nous, la violence ce n’est pas des vitrines cassées. Je le répète la violence le gouvernement nous la fait subir depuis plus de 40 ans.

Il ne faut donc pas s’étonner du coup que les gens à bout n’aient plus peur, n’aient plus peur de casser pour se faire entendre, n’aient plus peur de se faire attraper, n’aient plus peur de perdre quoi que ce soit car ils m’ont déjà plus rien. Voilà ce qu’est la violence. Maintenant certains me jugeront, certains diront que je suis irresponsable alors soit , je serai irresponsable mais je ne laisserai pas un monde pourri à mes enfants, je ne leur laisserai pas des dettes, je ne leur laisserai pas de la merde et surtout je leur laisserai un avenir, un monde plus juste, je refuse qu’ils vivent ce que nous vivons nous depuis tant d’années.

Ce qui se passe dépasse l’entendement, on se fait dégommer ! Si les BB ne m’avaient pas sortie de là, je n’ose imaginer ce qu’ils m’auraient fait ! Quand ceux appelés casseurs sauvent des gens des griffes de ceux censés les protéger, où se trouve la réelle casse ? Et le pire c’est qu’ils disent que ça va se durcir, et pourtant on arrêtera pas. Cela prouve bien que les gens sont à bout.

Je suis parisienne , j’aime ma ville, voir les Champs dans cet état me bousille, mais c’est le résultat de 4 mois de mépris, 4 mois à prendre les français pour des cons, 4 mois à laisser croire que nous n’existions plus. Ce gâchis est de la faute du gouvernement. Dans mon souvenir Mai 68 ne s’est pas fait avec des fleurs. Et l’histoire se répète. »

Propos recueillis par Flora Carpentier

Amandine s’apprête à porte plainte et lance un appel à témoins. Si vous avez assisté à son matraquage par la police, vous pouvez nous transmettre votre témoignage, photos et/ou vidéos à [email protected]. N’hésitez pas à nous écrire également pour tout autre témoignage.


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