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T'as dépassé les bornes

« Ambiguïtés face à l’islamisme radical » : Borne poursuit les attaques contre la LDH

Au Sénat, Borne a poursuivi les attaques et les menaces contre la LDH à la suite de Darmanin. Cette fois la Première ministre a accusé l'association d'entretenir des « ambiguïtés face à l’islamisme radical ». Il ne fait pas bon critiquer les violences policières en macronie.

Joël Malo

12 avril 2023

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Depuis quelques semaines, la presse rapporte les coulisses de la lutte d’influence entre Borne, largement fragilisée par le 49-3 et le mouvement de grève, et Darmanin qui lorgne sur le poste de Premier ministre. Pourtant, les deux sont sur la même longueur d’onde quand il s’agit de menacer les financements de la Ligue des Droits de l’Homme, qui a notamment documenté les violences policières de Sainte-Soline.

Cet après-midi, au Sénat, la Première ministre a ainsi poursuivi l’offensive ouverte par Darmanin et est allée encore plus loin. Si elle précise qu’il « n’est pas question de baisser par principe la subvention de tel ou tel », elle a mené la charge contre la LDH en particulier. En macronie, ne dites pas « censurer une association qui observe les violences policières » mais « dialoguer avec les associations sur leurs actions dès lors qu’il s’agit de financements publics ». Le réquisitoire de Borne laisse ainsi peu de doutes quant à ses intentions.

Borne fait un procès en islamisme à la LDH

Elisabeth Borne a diffamé la LDH en affirmant : « Je ne comprends plus certaines de ses positions » dénonçant des « ambiguïtés face à l’islamisme radical ». On sait que ce gouvernement a l’insulte en islamisme radical facile. Ainsi, il suffit de s’être élevé contre le fait que des gamines puissent être exclues d’une école par ce qu’elles portent le voile à cause de la loi de 2004, dénoncé la dissolution du CCIF (qui a ouvert la voie à des attaques contre de nombreuses associations, dont aujourd’hui la LDH), participé à la marche contre l’islamophobie ou critiqué la loi sécuritaire dite « contre le séparatisme » pour être taxé d’amis de l’islamisme.

Car le saut récent dans l’arsenal sécuritaire et répressif du gouvernement a été construit autour d’accusations de complaisance voire de complicité avec l’islamisme radical. De cette manière, Darmanin s’est par exemple octroyé des pouvoirs accrus dans le définancement ou la dissolution d’associations, immédiatement utilisés contre le collectif Palestine Vaincra, plusieurs groupes anti-fascistes, ou aujourd’hui les Soulèvements de la Terre ou la Ligue des droits de l’homme.

Pour étayer sa démonstration, Borne ose prétendre que son avis est « partagé par de nombreux acteurs associatifs ». Elle n’en a pourtant trouvé qu’un (!) en citant… une lettre du président de la LICRA qui dénonce « les dérives et les défaillances de la Ligue des droits de l’homme ». Il convient de rappeler ce que Borne ne dit pas, à savoir que Mario Stasi, président de la LICRA, récemment décoré de la Légion d’honneur par Macron, est un ancien candidat du MODEM de François Bayrou. Au-delà du bonhomme, la LICRA est de manière générale un supplétif du pouvoir dans son offensive contre les militants anti-racistes, anti-islamophobie et anti-colonialistes. Elle milite en effet activement pour taxer d’antisémites tous les militants anti-colonialiste qui luttent contre le régime d’apartheid de l’État sioniste. Ainsi, le soutien au peuple palestinien est certainement, aux yeux des macronistes, un crime supplémentaire à reprocher à la LDH.

Pire encore, la LDH aurait attaqué selon Borne, un arrêté préfectoral interdisant le transport d’armes par destination autour de Sainte-Soline. La LDH s’est défendue de l’accusation en rappelant que « la formulation de ces arrêtés permet en réalité l’interpellation de toute personne en possession d’un quelconque objet ». La catégorie d’arme par destination est en effet un prétexte souvent utilisé par la police pour criminaliser et arrêter les manifestants, en estimant que tel ou tel objet banal pourrait être utilisé comme une arme.

Pour Borne, la LDH c’était mieux avant

Face à Darmanin, qui n’hésite pas à citer des auteurs antisémites comme Jacques Bainville à l’Assemblée nationale, Borne doit jouer la carte de gauche. « J’ai beaucoup de respect pour ce que la LDH a incarné » lit ainsi la première ministre sur ses notes, citant par exemple la figure de Madeleine Rebérioux. Superbe pirouette qui vise à rendre hommage aux morts qu’on aurait crucifiés de leur vivant (Macron l’a fait avec Gisèle Halimi il y a quelques semaines). L’engagement anti-colonial de Rebérioux avait commencé en soutien au peuple algérien, pour la vérité sur les massacres coloniaux de l’État français, contre les meurtres policiers du 17 octobre 1961, s’était poursuivi par la solidarité avec le Vietnam et s’exprimait logiquement en faveur du peuple palestinien. Une « islamo-gauchiste » s’il en est !

Mais aujourd’hui, Borne accuse la LDH d’excuser les violences, pas du FLN ni du Vietcong, mais des manifestants et ainsi de menacer le « droit de manifester » (qu’elle tient en haute estime comme chacun sait). Ce qui l’embête évidemment davantage, c’est que les observateurs de la LDH ont pu témoigner des violences policières, des secours empêchés par la police de venir en aide aux blessés et, par de simples témoignages, faire s’effondrer les récits fallacieux du gouvernement sur Sainte-Soline.

Macron nous promet toujours plus d’autoritarisme pour compenser son isolement politique. C’est le sens des menaces de dissolution ou de coupure des subvention contre les Soulèvements de la Terre ou la Ligue des Droits de l’Homme. Derrière ces organisations, ce sont toutes les organisations du mouvement ouvrier et des mouvements sociaux qui sont visées. Il faut faire front contre ces attaques, qui donnent encore plus de raisons de renforcer le mouvement de grève en cours qui déborde désormais largement de la question des retraites mais remet en cause tout l’autoritarisme de la 5ème République et de son Président.

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