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L’Afghanistan ? Un pays sûr où l'on peut expulser les migrants selon l’UE !

Amnesty International dénonce les expulsions en direction de Kaboul

Dans un rapport publié le 3 octobre, Amnesty international et la Cimade dénoncent les expulsions de plus en plus nombreuses des afghans vers leur pays d’origine et demandent un moratoire immédiat de ces renvois forcés.

Notti Ness

5 octobre 2017

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« Nous demandons au ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, un moratoire immédiat sur tous les renvois vers l’Afghanistan.  » C’est l’exigence faite par Amnesty International par le biais de son responsable du programme de protection des populations, Jean-François Dubost. Car le rapport publié le 3 octobre par l’organisation de défense des droits de l’homme dresse un portrait de l’Europe et de sa politique d’aide aux réfugiés politiques plus que honteux. En effet, alors que la situation sécuritaire en Afghanistan est jugée par l’Union Européenne elle-même, dans un document ayant fuité, comme profondément détériorée, le nombre d’expulsions vers ce pays n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années. En un an, il a même triplé puisqu’en 2016, 9640 personnes étaient expulsées vers l’Afghanistan contre 3290 en 2015.

Pourtant, aucun mystère n’est fait sur l’enfer qui attend les expulsés dans un pays que le terrorisme et les conquêtes impérialistes plongent dans la guerre depuis quatre décennies et dont les civils se trouvent être les premières victimes. « La violence atteint un niveau record en Afghanistan » estime la présidente d’AI en France. Alors que 80% du pays est contrôlé par les talibans, la population vit chaque jour sous la menace des tortures, des enlèvements et de la mort. «  Aucune région n’est épargnée  » rajoute-t-elle. Et personne non plus puisque hommes, femmes et enfants sont les victimes indifférenciées de cette escalade funèbre. Escalade que le gouvernement états-uniens, qui s’est auto-proclamé défenseur de l’ordre depuis 16 ans sur le territoire afghan, loin de freiner contribue plus que largement à entretenir, voire à accentuer comme le démontre l’annonce récente de Donald Trump d’envoyer 4000 soldats de plus sur le terrain allant ainsi à l’encontre de ses promesses de campagne.

C’est pour fuir cet enfer que des familles entières prennent le risque de tout quitter pour entamer un périple long et dangereux vers l’Europe avec l’espoir d’y trouver la sécurité et une vie qui ne soit pas rongée par la peur. Quel ne doit pas être leur désarroi à l’arrivée ! Car ce qui les attend ce sont les traques, les arrestations et les séjours en centre de rétention administrative (CRA) jusqu’à l’ultime coup porté à leurs droits en tant que réfugiés politiques : la réexpédition vers leur pays d’origine. En 2016, la France renvoyait ainsi 640 personnes (contre 435 en 2015) vers une mort plus que probable. Pour se donner bonne figure, le gouvernement français trouvera de bon ton de préciser que la majorité de ces renvois se fait de manière consentie mais que peut bien être la valeur d’un consentement lorsque le quotidien n’est constitué que de misère et de répression ? En France, le nombre de réfugiés afghans enfermés en CRA a connu un bond énorme en quelques années passant de 382 en 2011 à 2000 estimés pour la fin de l’année 2017. Après l’évacuation de la jungle de Calais, la France promettait des avantages financiers en échange d’un « consentement » pour un renvoi. Et quand la France ne condamne pas elle-même un réfugié à retourner en pleine guerre civile, elle peut compter sur la « solidarité » européenne puisque les accords de Dublin permettent à tout pays de l’UE de renvoyer un demandeur d’asile vers le premier pays d’Europe où il a laissé une trace de son passage. Ce pays se charge alors à son tour d’effectuer le renvoi vers l’Afghanistan.

« Ces retours constituent des violations flagrantes du droit international !  » s’emporte Jean-François Dubost. Violations qui sont faites avec l’accord forcé du gouvernement afghan qui sous la menace européenne a été obligé d’accepter de faciliter ces renvois.

Des chiffres qui démontrent bien l’hypocrisie des prétextes servis pour justifier la politique impérialiste des pays occidentaux, car derrière une volonté affichée de rétablir l’ordre et la paix se cachent des intérêts politiques et économiques face auxquels les vies afghanes ne font que peu de poids.


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