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Première ligne

Anasse Kazib à l’AG de gare du Nord : « Hier on était les héros en première ligne, il faut réclamer notre dû ! »

En assemblée générale à gare du Nord ce 27 janvier, Anasse Kazib, cheminot et candidat à la présidentielle sur le rôle de la première ligne pendant la pandémie, et sur la nécessité sur la nécessité de construire un plan de bataille à la hauteur pour arracher des augmentations de salaires.

28 janvier 2022

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Crédits photo : O’Phil des Contrastes - Anasse Kazib le 5 décembre 2019

On se retrouve aujourd’hui, en AG, après avoir été en première et en deuxième ligne de la crise sanitaire. Mais, dans les transports, la santé, l’agro-alimentaire, jamais on n’aurait cru qu’on allait revenir au point de départ, voire même qu’on se retrouverait dans une situation pire qu’avant. C’est un constat que tout le monde fait : on a tous en travers de la gorge de s’être investis autant dans cette crise sanitaire, pour qu’on nous crache au visage derrière.

Dans nos métiers ils nous ont dit « tu es essentiel à la vie de la nation, on peut même te réquisitionner, même si t’es positif au Covid, parce que le métier que tu occupes il est essentiel. » Mais aujourd’hui, allez voir votre directeur d’établissement et dites-lui : « augmente mon salaire, donne-moi une prime parce que je suis ‘essentiel à la nation’ ». Il va Vous dire : « si t’es pas content, casse-toi ». C’est ça la réalité du terrain.

Il y a quelques mois on était des héros, et là ils ferment des lits, des postes, ils précarisent encore plus.

Mais ils ne nous enlèveront pas la fierté d’avoir tenu l’humanité. Quand nous on était dans les transports en commun, quand on tirait les trains, on était tous seuls. Nos chefs ils étaient tous en télétravail, on ne les a pas vus pendant 3 mois. Donc, quand ils nous resservent leur salade, quand ils nous disent qu’on ne servirait à rien et qu’on ne mériterait aucune augmentation, on doit taper du poing sur la table et exiger notre dû. Sans nous, ils ne sont rien, notre dû c’est tout !

Il y a une grande partie de la population qui trouve que la question des salaires et du pouvoir d’achat est centrale aujourd’hui. Tout le monde dit qu’on n’arrive pas à vivre comme ça. Hier, pour la première fois de ma vie, j’ai mis un plein à 102 euros, à trois chiffres. Et encore c‘était chez les moins chers ! Et derrière, on entend les candidats déclarés à la présidentielle dire il faut travailler plus, travailler plus longtemps, que les jeunes peuvent travailler 40 ou 45 heures. Le patron du Medef, Roux de Bézieux dit qu’on ne peut pas augmenter le SMIC, alors qu’on est en train de voir que le CAC 40 clôture systématiquement a des niveaux records en pleine pandémie. C’est encore pire qu’avant : tout va très bien pour les patrons et pour nous tout va mal dans nos vies, en tous cas dans la manière dont on arrive –ou pas- à s’en sortir. Tout ça pour dire qu’il y a un truc qui ne va pas, et que tout le monde sait, alors comment ça se fait qu’il y ait aussi peu de dates de grève ? On se demande ce qui fait qu’on multiplie les journées comme ça de 24 heures, sans lendemain, alors qu’on n’a jamais été autant attaqué.

On doit poser la question du plan de bataille. Parce que les collègues quand tu vas les voir pour les convaincre de faire une journée de grève de 24 heures, ils vont te dire : « tu sais très bien qu’on aura rien, je peux me mobiliser pour le symbole, mais on aura rien ». Et nous, on n’est pas des menteurs, on sait que oui, effectivement, on va pas gagner 300 euros d’augmentation comme ça. Nos collègues ils nous disent : « tu me rappelles quand y a plus qu’une journée de 24 heures » Du coup, en haut, à la direction des syndicats, ils osent nous dire « quoi vous voulez la grève générale alors qu’il y a déjà pas assez de monde pour une grève de 24 heures ? » Mais évidemment que personne ne veut faire grève pour 24 heures parce que ça sert à rien et que c’est pas suffisant. C’est cette stratégie qu’il faut discuter.

On doit dire oui tout va mal, le pouvoir d’achat baisse, nos salaires sont trop bas et y a la nécessité d’un plan de bataille pour commencer à frapper. On a voulu nous faire croire qu’on pouvait lutter « à l’économie. » Avant on nous disait que les journées de 24h c’était un tremplin, mais là c’est quoi la suite ? On ne peut pas se contenter de journées sans perspectives.

Je suis cheminot, militant syndical, et vous le savez je suis aussi candidat à la présidentielle. Mais je voudrais insister aujourd’hui : l’issue finale elle n’est pas électoraliste. Il n’y a pas d’homme ou de femme providentielle. Il va falloir batailler. Notre sort il ne peut pas être dans les mains d’une poignée de gens qui voudraient nous faire rêver. Y a pas de rêve à avoir à dessus, à chaque fois qu’on a arraché des choses, c’est quand il y a eu de la lutte et qu’on a été à l’avant-garde. Pour augmenter nos salaires, il va falloir une vraie stratégie. La question c’est comment on s’organise pour demain. Notre avenir, c’est un avenir de lutte de classe.


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