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Camouflet pour le privatiseur en chef

Annulation de la privatisation de l’aéroport de Toulouse : un fiasco pour Macron !

La privatisation de l'aéroport de Toulouse Blagnac avait été dictée en 2014 par Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie. Ce mardi, la cour administrative d'appel a annulé la cession par l’État de 49,9% de ses parts au repreneur chinois Casil, estimant que le cahier des charges n'avait pas été respecté.

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Crédits photo : AFP/Pascal Pavani

« Nous avons gagné ! Après 4 ans de procédures, la cour d’appel du tribunal administratif de Paris a annulé les actes de la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac ! Il s’agit d’un véritable camouflet à ceux qui veulent vendre les biens communs, au mépris de l’intérêt public. » Dans un communiqué, le syndicat Solidaires 31, membre du collectif unitaire contre la privatisation de cet aéroport (aux côtés de la CGT et la FSU locales, d’associations, de 18 comités de quartiers, d’élus et organisations politiques) ne cache pas sa joie. Et pour cause, « cette gifle atteint en premier lieu M. Macron, ministre de l’économie au moment de la privatisation, et privatiseur en chef d’aéroports de Paris. »

En 2014, le ministre de l’économie d’alors, en la personne de Macron, pousse à la privatisation de l’aéroport Toulouse Blagnac. « Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’État
restent majoritaires avec 50,01 % du capital. »
, déclare-t-il, en décembre de la même année. Début 2015, le chinois Casil Europe rachète 49,9% des parts détenues par l’État. Cependant, Macron avait bel et bien menti, comme le révèle une enquête de Mediapart. Un pacte secret d’actionnaires entre l’Entât et le groupe chinois offre « la garantie quasi formelle à l’investisseur chinois, aussi minoritaire qu’il soit, qu’il pourra décider strictement de ce qu’il veut et que la puissance publique française ne se mettra jamais en travers de ses visées ou de ses projets ».

En l’espace de 4 ans, le groupe chinois Casil Europe se fait remarquer par un détournement des réserves financières, et déjà, en 2019, la volonté de revendre ses titres, pour s’offrir une plus-value de l’ordre de 200 millions d’euros. Un exemple concret que la privatisation ne profite ni aux habitants de la région, ni aux salariés de l’aéroport, ni à l’État avec un manque à gagner de 30M€ de dividendes pour les collectivités, offert par Macron sur un plateau d’argent aux actionnaires privés. L’avocat du collectif, Christophe Léguevaques a ainsi déclaré : « On peut se poser la question de savoir s’il fallait privatiser ces aéroports alors que cette rente aurait pu enrichir la collectivité, les contribuables, en restant dans le domaine public ».

En mars 2019, le rapporteur public émet auprès de la cour un avis qui va dans le sens du « Collectif contre la privatisation d’ATB ». L’offre de départ pour le rachat des parts avait en effet été émise par Casil Europe et la SNC Lavalin. Cette dernière, trempée dans une affaire de corruption en Syrie, se retire entre temps. Ce mardi, la cour suit donc le rapporteur, estimant que le cahier des charges n’était pas respecté puisque, « techniquement, le candidat retenu (deux actionnaires) et le lauréat (un seul) n’étaient plus les mêmes ».

« L’État fera probablement un pourvoi en cassation auprès du conseil d’État alors qu’est engagée la procédure de privatisation d’Aéroports de Paris. Par ailleurs, cet arrêt ne sanctionne que le volet administratif du dossier. […] Il nous reste à transformer l’essai en obtenant la nullité de la vente devant le tribunal de commerce », lance l’avocat. Si tel était le cas, l’actionnaire chinois Casil devrait rendre les actions et les dividendes perçus (30 millions d’euros), l’État lui rendre le prix de cession de 2015, soit 309 millions d’euros.

Un vrai fiasco alors que Macron souhaite relancer le rouleau compresseur du tout-privatisé

Après avoir fait passer sans trop d’embûches ses premières contre-réformes (loi travail XXL, Parcoursup, pacte ferroviaire), l’exécutif s’est retrouvé affaibli par une vague de démissions (Collomb et Hulot en tête), l’affaire Benalla, mais aussi et surtout, la crise ouverte par les gilets jaunes, qui, 22 semaines après le 17 novembre, n’est toujours pas refermée.

Emmanuel Macron a pour objectif de privatiser à tout-va comme ont pu le faire Margaret Thatcher ou Ronald Reagan dans le passé. La privatisation des autoroutes, pionnière, a eu pour répercussion de gonfler considérablement les tarifs des péages pour engraisser Vinci, principal actionnaire dont les profits ont augmenté de près de 20 % en une dizaine d’années.

Dans l’article « Après le rail, vote sur les aéroports de Paris. Le modèle du tout-privatisé », rédigé fin mars, nous écrivions : « Loi Travail XXL à coups d’ordonnance, réforme ferroviaire, loi ORE, loi PACTE validée par l’Assemblée, Macron n’y va pas de main-morte pour plonger la France retardataire dans le régime néolibéral de l’austérité et de la privatisation. Le vote du 15 mars sur la cessibilité aux entrepreneurs privés de large parts des Aéroports de Paris (ADP), de la Française des Jeux et d’Engie n’en est que l’énième exemple. De retour à la méthode bulldozer ? »

Mais Macron n’est pas Thatcher ou Reagan. Ce dernier est profondément affaibli. En ce sens l’annulation de la privatisation de l’aéroport de Toulouse est capitale. Remontrances de l’ONU ou du conseil de l’Europe face à l’utilisation des LBD et GLI-F4 lors de la répression en France, article clé de la « loi anti-cassseurs » retoqué par le conseil constitutionnel, la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP) face à la privatisation d’ADP suite à une improbable alliance droite/gauche chez les parlementaires, qui, bien qu’étant une pure tactique politicienne, témoigne de l’affaiblissement du macronisme.

Dans le rapport de force, il ne peut être aveugle face à l’une des principales revendications des gilets jaunes, largement partagée par l’opinion publique, à l’opposé des privatisations tous azimuts : la préservation des services publics mis à mal par ces dernières décennies de néolibéralisme (et par ses contre-réformes en tant que ministre de l’économie puis président). Ce mardi soir, le fait que, dans sa courte allocution (5 minutes !), l’ex-banquier de Rotschild appelle encore à une sorte d’ « union nationale » suite au sinistre de Notre Dame, témoigne que ce dernier cherche de l’oxygène, et a du mal à trouver le tempo pour relancer ses contre-réformes néolibérales.

Décidément, l’annulation de la privatisation de l’aéroport de Toulouse est un fiasco pour Macron. Il est temps désormais de le faire reculer face à toutes ses réformes néolibérales, et de le renvoyer définitivement dans les cordes !


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