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Islamophobie

Après Castaner, Blanquer part à la recherche de « l’hydre islamiste » dans l’Education

Il avait fait sa rentrée sur France Culture en entonnant la petite musique de l’islamophobie, évoquant des petites filles qui seraient non scolarisées parce qu’en proie au « fondamentalisme islamique ». Voilà l’année bien commencée, il était lancé !

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« On veut que tous les enfants aillent à l’école maternelle. Aujourd’hui, il y a plus de petites filles que de petits garçons qui ne vont pas à l’école maternelle pour des raisons sociétales. Et puis appelons un chat un chat, le fondamentalisme islamiste dans certains territoires a fait que certaines petites filles vont à l’école le plus tard possible, ou avec une assiduité plus faible. »

Une déclaration sans appui, plus tard démentie par les chiffres de son propre cabinet : aucune statistique officielle ne permet de dire que les petites filles seraient moins scolarisées que les petits garçons. C’est même plutôt le contraire : « Les filles sont plus nombreuses à bénéficier de la scolarisation précoce », note la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Education nationale. Mais peu importe, Blanquer était lancé et rien ne pouvait l’arrêter.

Alors lorsque la FCPE sort une affiche avec la phrase « Oui je vais en sortie scolaire et alors ? » et où figure une maman d’élève voilée, il réitère les attaques : « Il faut avoir le sens de l’histoire, cette fédération de parents d’élèves a été fondée sur la laïcité, donc c’est extrêmement paradoxal, je pense que c’est une erreur de leur part, j’espère qu’ils vont la corriger ».

Déclaration sans complexe de celui qui a fait sa scolarité dans une école privée catholique, et qu’il énone alors même que l’amendement réactionnaire visant à exclure les mamans voilées des sorties scolaires a été retoqué quelques mois plus tôt en commission mixte paritaire. Il choisit donc à ce moment-là d’étendre le fameux principe de laïcité à l’extérieur de l’école et aux mamans d’élèves qui n’avaient rien demandé.

Puis, jeudi 10 octobre Jean-Michel Blanquer, en interview sur Europe 1 répond à la journaliste qui lui demande le nombre de cas de « radicalisation » dans l’Education nationale, sur les atteintes à la laïcité des élèves et des personnels, confondant presque naturellement ce qui relève du signe ostentatoire de religion à l’école et un phénomène de « radicalisation ». Il parle alors de 10 cas recensés coté personnels de l’Education et de 900 cas par trimestre côté élèves de signalement d’un problème lié à la laïcité. Il explique vouloir faire évoluer les cas de radiation chez les personnels afin de « prévenir » la radicalisation et notamment lorsqu’il s’agirait de discours dit antirépublicain. Et pour Blanquer on sait que le champ est large : encore une occasion de diriger par la peur dans la continuité du devoir d’exemplarité qu’il demande aux enseignants et qui n’est rien d’autre qu’une forme de musellement de toute critique. Par la suite, la journaliste se réveille et l’interroge : « Mais vous faites une différences entre des signes de radicalisation et des atteintes à la laïcité ? ». Il se reprend, un peu hébété, « bien sûr, c’est pour ça il faut pas confondre tout les sujets ! » alors pourquoi venait-il juste de le faire ?

Puis dimanche dernier sur BFMTV le ministre fervent pourfendeur d’une laïcité dont lui seul connaît le secret, persiste et signe dans l’islamophobie : « La loi n’interdit pas aux femmes voilées d’accompagner les enfants mais nous ne souhaitons pas encourager le phénomène »

« Le phénomène » qu’ils sont eux-mêmes en train de créer de toutes pièces ! En mal d’auditeurs le gouvernement flirte en effet avec les discours du RN, et pour porter ce discours de stigmatisation des musulmans, qui de mieux que le ministre de l’Education nationale qui sait diviser en inventant des inepties, sur les jeunes filles et jeunes garçons qui seraient déjà radicalisés. Un regard d’une « bienveillance » rare qu’il porte sur les enfants : « Il y a des petits garçons qui refusent de tenir la main des petites filles », « Ce n’est évidemment pas acceptable dans l’école de la République. La solution est simple et rapide, mais si cela débouche sur un problème plus grave, on le signale. »

Alors pour contre-balancer et se démarquer légèrement du RN, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye et Jean-Michel Blanquer ont été forcés de condamner dimanche dernier l’attitude de l’élu RN qui a pris à partie vendredi au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté une mère voilée accompagnatrice d’un groupe d’enfants. Mais si celui-ci s’est sentie pousser des ailes au point d’humilier une maman d’élève c’est que l’atmosphère créée par le gouvernement le permet amplement. Un gouvernement fébrile qui a cherché à ressortir la carte de l’« ennemi intérieur » en divisant toujours mieux la société quitte à ce que ce soit sur le dos de mamans ou de jeunes enfants qui n’ont rien demandé. Alors pour le gouvernement qui peine à attirer les franges d’extrême-droite quoi de mieux que d’associer le terrorisme et l’islam sans distinction aucune ? Quoi de mieux que de lancer un appel à la délation avec des critères volontairement anti-musulmans ? Et qui de mieux que Jean-Michel Blanquer le ministre de l’Éducation qui, sous couvert de laïcité, va porter l’étendard d’une stigmatisation des musulmans décomplexée ?


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