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Offensive réactionnaire

Après l’« ensauvagement », Macron exalte la lutte contre le « séparatisme »

Au Panthéon, Emmanuel Macron exhumait le 150ème anniversaire de la proclamation de la IIIème République pour formuler un discours contre les « les tentations séparatistes », faisant de « l’islam politique » le principal « danger » qui menacerait la République. Après la rhétorique de l’« ensauvagement » ouverte par le ministre de l’intérieur, Macron poursuit son œuvre réactionnaire cherchant par là à stigmatiser la population musulmane. Une manière aussi de renforcer sa base sociale issue de la droite traditionnelle.

Irène Karalis

4 septembre 2020

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Crédits photo : JULIEN DE ROSA / POOL / AFP

La IIIe République, symbole de la réaction et du massacre des Communards

Ce vendredi, Emmanuel Macron était au Panthéon, « le jour même où la République célèbre son anniversaire. C’était le 4 septembre 1870 », jour de la proclamation de la République par Léon Gambetta, a rappelé le Président. Une commémoration qui ne s’est pourtant jamais imposée comme une « fête Républicaine » car la proclamation de cette troisième République précède la défaite de Sedan le 7 septembre 1870, trois jours après. Mais la IIIème République, c’est aussi une période chère à la bourgeoisie, qui prend à cœur de la célébrer, avec son lot de colonialisme, de racisme et d’attaques contre la classe ouvrière. Rappelons-nous qu’à peine quelques mois après la proclamation de cette République dans laquelle, selon les mots de Macron, la liberté et l’égalité sont un “bloc”, le gouvernement d’Adolphe Thiers massacrait près de 30 000 communards au terme de la Semaine sanglante.

C’est donc l’éloge de cette République que Macron a déclamé pendant près de 20 minutes, instrumentalisant au passage les figures de Joséphine Baker et de Gisèle Halimi, symboles de l’antiracisme et du féminisme. Alors que des féminicides continuent d’avoir lieu tous les jours, que les plaintes pour violences sexistes et sexuelles ont augmenté de 30% pendant le confinement et que des centaines de femmes n’ont pas pu avoir accès à l’avortement du fait de la crise sanitaire, Emmanuel Macron ose se réclamer démagogiquement de la figure de Gisèle Halimi, dont le combat a été essentiel pour la légalisation de l’IVG. De même, alors que Joséphine Baker s’est engagée dans la Résistance dans le combat contre le nazisme et son idéologie nauséabonde, Emmanuel Macron détourne son image à des fins nationalistes et xénophobes, jouant sur le terrain du Rassemblement National, et adoubant au passage l’offensive réactionnaire actuelle de cette extrême-droite décomplexée.

Macron s’attaque au « séparatisme » : après l’« ensauvagement », l’offensive stigmatisant l’islam

Car l’intérêt du discours de Macron était bien de remettre une couche sur le discours réactionnaire soutenu par l’extrême-droite et entretenu par le gouvernement depuis quelques semaines, en particulier dans le contexte des présidentielles qui approchent à grands pas. Après les déclarations à propos de l’« ensauvagement » de notre société, Emmanuel Macron affirme une nouvelle fois sa volonté de déplacer le curseur politique vers la question sécuritaire et le sujet du séparatisme, visant « l’islam politique » comme le remarque Médiapart. Un discours qui sera suivi d’un projet de loi qui vise « principalement le séparatisme islamiste », ainsi que l’a indiqué Marlène Schiappa le 31 août.

Derrière cette offensive réactionnaire stigmatisant l’islam, Macron compte bien renforcer sa base sociale de droite tout en cherchant à couper l’espace à l’extrême-droite et au Rassemblement National. En effet, depuis le début de l’été, le gouvernement s’est engouffré dans la brèche ouverte par des actions menées sur les réseaux sociaux par l’extrême-droite, instrumentalisant des faits divers dramatiques pour tenter de montrer un « ensauvagement » de la société qui serait le fait de personnes issues de l’immigration. Saisissant l’occasion, le gouvernement a fait de la question sécuritaire son nouveau cheval de bataille, enchaînant les discours réactionnaires sur le séparatisme et les annonces sécuritaires telles que la mise en place d’une amende pour usage de stupéfiants.

Une surenchère sécuritaire qui permet au gouvernement de mener une contre-offensive réactionnaire pour couper court au mouvement anti-raciste, et à toute la séquence politique qui a vu le déboulonnement de statues venue des Etats-Unis, et des dizaines de milliers de jeunes rassemblés à l’appel du Comité Adama en France en juin dernier. En allant sur les terres de l’extrême-droite, Emmanuel Macron tente par ailleurs de continuer à imposer le scénario d’un second tour Le Pen-Macron. Il étouffe au passage Les Républicains en affichant son volontarisme sur le terrain régalien que la droite utilisait jusque là pour fustiger l’inaction du gouvernement.

Les prochaines semaines devraient en ce sens être marquées à nouveau par une montée réactionnaire, à l’image de celle qui avait accompagné le discours sur l’hydre islamiste en octobre 2019, culminant dans l’attentat contre une mosquée à Bayonne et donnant lieu à une mobilisation inédite contre l’islamophobie.


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