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En cas de clause "grand-père" renommé

Après la trahison à la SNCF, l’UNSA s’apprête-t-elle à débrancher la RATP ?

Après les négociations à Matignon, le secrétaire général de la confédération Laurent Escure a appelé à arrêter la grève à la SNCF, et s'est dit satisfait du dialogue entamé pour la mise en place d'une clause grand-père à la RATP. Une trahison pour les cheminots grévistes mobilisés depuis le 5 décembre, qui réclament le retrait pur et simple de la réforme des retraites. En cas de "maintien du contrat social", un autre nom pour la clause grand-père largement rejetée par les grévistes, l'UNSA s'apprêterait-elle à une nouvelle trahison ?

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Laurent Lescure, secrétaire général de l’UNSA, et le premier ministre Edouard Philippe

L’UNSA RATP avait été poussé par la base à se joindre au mouvement de grève reconductible débuté le 5 décembre. Mais dès le départ la fracture était évidente entre la base et la direction qui négociait sur le dos des grévistes. Les déclarations du secrétaire général Thierry Barbec sur les grévistes « déterminés à obtenir le maintien de l’intégralité du contrat social pour tous les agents en poste », c’est-à-dire pour une clause du grand-père, contrastaient avec les revendications des agents RATP partis en grève illimitée pour le retrait pur et simple de la réforme, y compris parmi ses propres syndiqués en particulier chez les conducteurs de métro et de RER.

Le "maintien du contrat social" : un autre nom pour la clause "grand-père"

Ainsi, Thierry Babec, secrétaire général de l’UNSA RATP, expliquait que pour l’heure "une moitié à peu près de l’entreprise [RATP] a obtenu des garanties pour leur personnel, mais l’autre moitié n’en a pas obtenu". Nous, on demandait le maintien du contrat social" En somme, le secrétaire de l’UNSA RATP fait référence à la clause 1985 à la SNCF-RATP que le gouvernement use pour diviser les grévistes. S’il la refuse à juste titre, c’est pour lui préférer une clause grand-père épargnant les embauchés mais faisant peser le poids de la réforme sur les nouveaux entrants. "Les gens sont entrés, ils ont signé un contrat social et moral. La retraite venait en compensation des contraintes qui, aujourd’hui, ne sont pas compensées financièrement au titre du Code du travail, puisqu’on est dérogatoires. Ce contrat est rompu. Qu’on ait 10 ans d’entreprise ou 28 ans d’entreprise, on subit les contraintes comme les autres. Alors, on dit : soit on fait une mesure pour tout le monde, soit on n’en fait pour personne", a poursuivi Thierry Babec. En somme, le "maintien du contrat social", un autre nom pour la clause "grand-père".

A la SNCF comme à la RATP ? L’UNSA ferroviaire trahit !

Un interlocuteur tout trouvé pour le gouvernement mis à mal par la grève dans les transports parisiens qui dure depuis désormais 15 jours, qui s’est étendue à d’autres secteurs, comme la SNCF, les profs, ou les raffineries dans le privé. C’est dans ce cadre qu’Edouard Philippe a reçu aujourd’hui le secrétaire général de la confédération UNSA, Laurent Escure, afin de donner de quoi briser l’unité syndicale en échange de quelques concessions sur le papier. Suite à cette réunion avec le premier ministre, le bureau fédéral de l’UNSA ferroviaire s’est empressé de publier un communiqué pour saluer « l’ouverture » du gouvernement au sujet de la mise en place d’une clause du grand-père à la SNCF, et d’appeler les cheminots à faire une « pause » dans le mouvement de grève pour les vacances de Noël. Une véritable trahison pour le mouvement de grève contre la réforme des retraites, qui a atteint un niveau record ce mardi avec 1,8 millions de manifestants et un nombre de grévistes plus élevé que le 5 décembre à la RATP.

Cette prise de position a été contesté en interne, comme en témoigne un tweet de l’UNSA Ferroviaire – Paris Sud-Est supprimé quelques minutes après sa publication, qui dénonçait une stratégie de la défaite de la part de la direction de la confédération, montrant quand même qu’à la base, les grévistes ne se mobilisent pas seulement pour leur régime spécial mais pour le retrait total de la réforme sans aucune volonté d’offrir une « pause » au gouvernement. Mais elle ouvre une porte à la direction de l’UNSA RATP pour justifier de rompre l’unité syndicale. En effet, c’est dans la foulée que Laurent Escure a conditionné l’appel à une « trêve de Noël » à la RATP, à ce que la direction de l’entreprise fasse « la preuve que le contrat social est là aussi respecté », c’est-à-dire que la clause du grand-père soit garantie pour les agents RATP.

En coupant l’herbe sous le pied à la CFDT pour négocier avec le gouvernement sur la clause du grand-père, l’UNSA trahit la détermination des grévistes qui se battent depuis le 5 décembre, aucune Assemblée Générale de grévistes n’ayant donné mandat aux directions syndicales pour négocier une telle fin de conflit. Au contraire, l’expérience de la réforme des retraites dans la fonction publique en 2003 a fait la preuve que les travailleurs sous statuts ne peuvent gagner en se battant uniquement pour leur propre régime de retraite. A l’époque les directions syndicales avaient prétendu que les agents RATP n’étaient pas concernés par cette réforme. Pourtant trois ans plus tard, en 2007, c’était eux qui y passaient, une fois isolés des autres secteurs. Une leçon pour la bataille actuelle, car quand bien même Macron accorderait aujourd’hui la clause du grand-père à la RATP, il y a fort à parier que d’ici peu elle serait de nouveau remise en cause, sans que les agents puissent encore compter sur la solidarité et l’unité avec d’autres secteurs.

L’UNSA RATP Pôle Traction précise dans un communiqué que ce mouvement de grève appartient aux salariées et aux AG.

Aujourd’hui les salariés de la RATP, chauffeurs de bus, de métro, ou de RER, syndiqués ou non, sont conscients qu’ils ne se battent pas seulement pour eux, mais pour l’avenir de leurs enfants, et l’ensemble du monde du travail et de la jeunesse. C’est d’ailleurs en s’organisant à la base dans les Assemblées Générales, et en se coordonnant avec les différents secteurs, cheminots, raffineurs, profs en grève, et étudiants mobilisés, du public comme du privé, que les grévistes pourront rester maître de leur mouvement, et ne pas se laisser imposer le calendrier des directions syndicales, que cela soit la « trêve de Noël » de Laurent Escure de l’UNSA.


    
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