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Régionales

Après le deuil, retour de la campagne et des idées nauséabondes 

Damien Bernard Après la suspension de la campagne pour les régionales à la suite des attentats du 13 novembre, les élections ont repris officiellement ce lundi. Dans le contexte post-attentat marqué notamment par l’instauration de l’état d’urgence par Hollande et son gouvernement, et sa prolongation adoptée à la quasi-unanimité au parlement et ce avec notamment les voix du Front de Gauche, on pouvait s’attendre à ce que les cartes soient totalement rebattues. Le sont-elles ?

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Ne soyons pas naïfs. Bien que les campagnes pour les régionales aient été mises en pause par l’ensemble des partis y participant, les politiques de gauche comme de droite n’ont aucunement cessé de faire de la politique. L’objectif demeure ainsi de se retrouver dans la meilleure position possible avant les régionales qui, malgré une importance toute relative, reste un étalon d’une très grande importance pour certains, et un tremplin pour d’autres, avant les élections présidentielles de 2017.

Une campagne électorale qui ne s’est jamais réellement arrêtée…

D’un côté, Hollande et son gouvernement ont instrumentalisé le deuil légitime créé par ces attentats en instaurant l’état d’urgence au nom de « l’union nationale » et en intensifiant leurs bombardements en Syrie. Les opérations anti-terroristes, la mise en scène de la mort d’Abdelhamid Abaaoud ou encore les interdictions de manifester ont été autant de moyens pour le gouvernement de mener une campagne qui ne disait pas son nom.

Cette politique liberticide et guerrière aux allures racistes est celle-là même que la droite et l’extrême droite n’ont cessé de prôner. Au lendemain des attentats, le débat politique s’est ainsi déporté sur la droite, Les Républicains et le FN cherchant à se démarquer du PS et de son « Union nationale », tout en y participant, avec un florilège de propositions plus réactionnaires les unes que les autres. Comme des charognards.

Comme après Charlie, Hollande regonflé par les sondages d’opinion

Avec la reprise de la campagne électorale, les sondages d’opinion reprennent eux aussi de plus belle. Ils se succèdent et se ressemblent, montrant un François Hollande requinqué par un net regain de popularité avec 8 points de plus pour sa cote de popularité en novembre, restant cependant avec un score relativement faible à 27%. Il serait ainsi porté par sa « gestion des attentats du 13 novembre », 70% des Français le jugent « crédible en matière de lutte contre le terrorisme » et 73% « à la hauteur » des événements.

Tout comme « l’effet Charlie » qui avait vu François Hollande progresser dans le sillage des manifestations du 11 janvier avec au premier rang le musée de la réaction, « l’effet 13 novembre » a redonné de l’air à un président au plus bas dans les sondages d’opinion. François Hollande capitalise ainsi autour de sa politique de « l’union nationale » contre le « terrorisme », et ce notamment auprès de sa base électorale, retrouvant par là même la posture d’un président en capacité de se montrer à la hauteur face à « l’adversité » et au « terrorisme ».

Le PS, mi-figue mi-raisin, reprend tout de même des couleurs

Alors que François Hollande capitalise à court terme dans le contexte post-attentats, on pourrait penser qu’il en serait de même, à une échelle comparable, pour le PS. Selon le premier sondage à l’échelle nationale réalisé par Harris Interactive depuis les attentats, les trois partis se tiennent, à un peu moins de deux semaines du premier tour, en deux points ; avec 27% pour le FN, 26% pour le PS et 25% pour les listes LR-UDI. Cette estimation avec toutes ses marges d’erreur est à mettre en perspective avec les sondages pré-attentats au 30 octobre qui donnaient, 28% des intentions de vote au parti de Marine le Pen, 27% pour celles de Les Républicains/UDI, avec un Parti socialiste qui arrivait loin derrière à 21%.

Tout en soulignant que ces scores hexagonaux ne tiennent pas compte des disparités régionales, ils permettent cependant de déterminer les tendances de fond. On observe ainsi que le Parti Socialiste, bien mal en point, retrouve quelque peu des couleurs. Cette progression reste cependant mi-figue mi-raisin si l’on s’en réfère d’une part à une politique « d’union nationale », qui malgré ses faiblesses, a vu un vote d’approbation quasi-historique de l’ensemble des partis siégeant au Parlement sur la prolongation de l’état d’urgence à trois mois, et ce avec les voix du Front de Gauche. Et d’autre part, si l’on compare cette progression à la remontée de la côte de popularité de François Hollande et de la figure présidentielle.

Cette progression, dans un contexte fortement réactionnaire, parait notamment en deçà de l’adhésion tacite – produit de la sidération et de l’émotion devant ces attentats, faute d’alternative crédible – à cette politique du moindre mal, bien que liberticide et répressive, contre le « terrorisme ». Elle a vu le régime et ses institutions, l’État et ses forces répressives se renforcer, sans pour autant que le gouvernement et ses politiques soient re-légitimés au même degré. Les sondages montrent ainsi, sur fond de chômage de masse, que la population juge très sévèrement la politique du gouvernement, seul 28% seulement la considèrent « juste » et 22% « efficace ».

La droite en perte de vitesse, l’extrême droite capitalise

La droite quant à elle, perçue comme grande vainqueur pendant la période pré attentat, a vu ses voix siphonnées par l’extrême droite, confirmant ainsi une tendance de fond : la progression du FN dans la lancée des élections départementales. Cela s’illustre notamment au vu de l’accélération des transfuges des Républicains au FN, et par la mise en étau entre le PS (qui reprend le programme de la droite et même du FN) et un FN qui se veut aller toujours plus à droite, avec pour dernière limite les déclarations toutes plus scandaleuses les unes que les autres d’un Jean Marie Le Pen qui a proposé le rétablissement de la peine de mort par décapitation pour les terroristes.

Le parti d’extrême droite maintient ainsi ses positions et confirme « la dynamique préexistante » avec sa possible victoire dans une ou deux régions. Cela s’illustre notamment en région PACA ou une étude place Mme Maréchal-Le Pen en tête du premier tour avec 34 % des intentions de vote, contre 32 % à M. Estrosi. M. Castaner, pour le PS, se situe loin derrière, avec 18 %. Dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Marine Le Pen qui recueillerait au premier tour plus de 35 ?% des voix, 9 points de plus que l’ancien ministre du Travail Xavier Bertrand, tête de liste pour Les Républicains. Le candidat socialiste, Pierre de Saintignon, ne parviendrait pas à franchir la barre des 20 ?%.

A Amiens, Marine Le Pen a notamment continué à surfer sur la vague réactionnaire, sur fond d’une politique gouvernementale raciste et xénophobe décomplexée par l’état d’urgence. Elle a entre autres réclamé, en cette reprise de campagne électorale, la conduite d’un « audit national des postes occupés par les personnes fichées S, sur l’ensemble du territoire ». « Les personnes concernées devraient être immédiatement mises à pied, avant d’être, pour celles qui sont étrangères ou binationales, expulsées du territoire » ajoute-t-elle, prétextant que « des personnes fichées S par les renseignements étaient employées par des entreprises comme la RATP, la SNCF ou encore celles intervenant à l’aéroport de Roissy », jouant ainsi une surenchère sur la droite pour se démarquer du gouvernement.

Alors que rien n’est joué pour les régionales, deux partis pourraient tirer leur épingle du jeu avec d’un côté le FN, qui considère que « son diagnostic de la société est validé » par les attentats récents et la politique gouvernementale, de l’autre le PS, qui pourrait bénéficier du « vote utile » et du statu quo rassurant de la posture présidentielle déjà en place.


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