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Réforme des retraites

Après les "fainéants" et les "illettrés", Macron récidive sur la "pénibilité"

En déplacement à Rodez ce jeudi 3 octobre, Emmanuel Macron avait pour objectif de lancer sa grande consultation citoyenne sur la réforme des retraites. Seulement, le Président des riches a une nouvelle fois dénigré les travailleurs, affirmant ne « pas adorer le mot de 'pénibilité' parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible. » Jupiter a-t-il autant changé qu'il voudrait nous le faire croire ?

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Crédits photo : Starface

La scène n’est pas sans rappeler quelques souvenirs. Six mois après la fin du Grand Débat, invention du gouvernement pour tenter de juguler la crise des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron a repris son tour de France. À Rodez, le but était toutefois tout autre. Le président veut donner une image d’un dirigeant à l’écoute, alors que se profile la contre-réforme la plus importante de son quinquennat. Le tout dans un climat social tendu après la grève impressionnante à la RATP le 13 septembre dernier et alors qu’un appel à la « grève illimitée » a été lancé par l’ensemble des syndicats pour le 5 décembre.

Le thème de ce jeudi, devant quelques 500 lecteurs de La Dépêche du Midi venus l’interroger sur la réforme, était bien défini : rassurer les travailleurs, et surtout, montrer que Macron a changé. Ou tout du moins, c’est l’image qu’il tente par tous les moyens de renvoyer, celle d’un président à l’écoute de ses concitoyens. Un président qui assure, au cœur de l’été, avoir entendu les jeunes sur les questions climatiques, avant que la gestion de la catastrophe de Lubrizol par le gouvernement ne vienne réduire à néant ces efforts. L’image d’un président, enfin, qui serait désormais prêt à discuter au moment où il s’apprête à faire passer les attaques les plus profondes au système de retraite français par cotisation.

« Moi je n’adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible »

Cette image du président métamorphosé n’aura pas tenu bien longtemps. Adepte des déclarations méprisantes envers les travailleurs, Macron a récidivé. Après s’en être pris à « ceux qui ne sont rien », ou bien avoir affirmé qu’il suffisait de « traverser la rue » pour trouver un emploi au début de son mandat, le président a cette fois nié la notion de pénibilité au travail.

« Moi je n’adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible », a-t-il ainsi à nouveau déclaré. Une déclaration qui n’est pas une première puisqu’il avait déjà affirmé son rejet de la notion de pénibilité au travail et sa volonté de supprimer le compte pénibilité en pleine campagne électorale devant des représentants de PME, en mars 2017. « Le mot ’pénibilité’ ne correspond pas à ce dont nous avons besoin parce que le travail c’est l’émancipation, c’est ce qui vous donne une place », avait alors déclaré le candidat à la présidentielle.

Pourtant, la pénibilité est quasiment inhérente à la majorité des travailleurs, qui sont loin d’être égaux selon leur domaine d’activité. Ainsi, selon une étude de 2016 réalisée par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), organisme rattaché au ministère du Travail, ce ne sont pas moins de 69,7% des ouvriers qui sont exposés quotidiennement à au moins un facteur de pénibilité. C’est à ce prix-là que certains doivent s’émanciper et « trouver leur place », comme le dirait un président des riches qui n’a donc pas vraiment changé dès lors qu’il s’agit de dénigrer les travailleurs du haut de son mépris de classe.
En comparaison, ce sont 35,7% des employés, 24,4 % des professions intermédiaires, et seulement 12,2 % des cadres. Des inégalités qui se traduisent par les chiffres de l’espérance de vie, qui varie de 6,4 années entre un homme ouvrier et un homme cadre selon l’Insee.

Macron semble oublier que, pour la grande majorité de la population, travail et émancipations sont des oxymores. Les conditions de travail désastreuses des plus précaires tuent des centaines d’ouvriers chaque année, auxquels s’ajoutent la crainte permanente d’un nouveau plan de licenciement, de nouvelles mesures d’austérité, ou de chantage patronal. Oser dire que le travail ne serait pas une tâche pénible, c’est insulter tous les travailleurs qui se tuent au travail quotidiennement.


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