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Dialogue social ou rapport de forces ?

Après une victoire des salariés d’Air France, pourquoi l’intersyndicale suspend-elle la grève ?

Alors que les salariés d'Air France, en grève depuis février afin d'obtenir une hausse salariale, ont totalement désavoué leur direction, en rejetant majoritairement l'accord proposé par celle-ci lors du référendum, l'intersyndicale a décidé ce mardi de suspendre la grève et d'appeler à une reprise des négociations. Pourquoi ?

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Crédits photo : AFP/KENZO TRIBOUILLARD

Alors que les salariés d’Air France sont en grève depuis février pour protester contre le gel salarial qu’on leur impose depuis plus de 7 ans, revendiquant une hausse salariale de 5,1%, la colère ne faiblit pas. Si les taux de gréviste étaient plus faibles ce mardi 8 mars, le rejet majoritaire de l’accord proposé par le PDG Jean-Marc Janaillac, via un référendum, démontre que la colère et le rejet des politiques de la direction sont bel et bien palpables. Le PDG Jean-Marc Janaillac a alors été obligé de démissionner.

C’est donc un réel désaveu que les salariés ont infligé à leur direction qui, à travers la mise en place de ce référendum, avait tenté de manœuvrer pour mettre fin à la grève en cours, en proposant une augmentation salariale nettement inférieure à celle revendiquée par les grévistes.

Parallèlement à cette victoire que représente le rejet de l’accord pour les salariés d’Air France, l’intersyndicale a décidé ce mardi matin de suspendre la grève et d’ouvrir une nouvelle phase de négociation avec la direction ! Soulignant que « la balle était maintenant dans le camp de la direction ». En effet, l’intersyndicale a publié une lettre ouverte à la direction qui propose le renouement du dialogue afin de mettre fin au conflit, annonçant de ce fait une suspension temporaire de la grève.

Et ce alors que le PDG d’Air France, qui a accepté de rester en poste jusqu’au 15 mai avait déclaré que, « faute d’un nouveau mandat, la direction générale d’Air France ne sera pas en mesure, dans cette période de transition, d’ouvrir une quelque négociation que ce soit sur les salaires ». La demande d’ouverture à de nouvelles négociations par l’intersyndicale a immédiatement été refusée.

Joël Le Jeannic, du syndicat Sud Aérien, explique quant à lui que le mouvement « fait une petite pause pour laisser un peu le temps à la direction de réfléchir, laisser le nouveau dirigeant qui va être nommé arriver, reprendre ses marques et venir à la table des négociations ».

Cependant, il est clair que ce qui pousse les patrons à faire des concessions et lâcher sur les revendications des salariés, c’est bel et bien le rapport de force que ces derniers instaurent, à travers la grève. Ainsi, face à une direction qui, depuis le début de la grève, ne lâche rien, hormis des concessions mineures, et qui cherche à diviser les différents secteurs et casser la grève – avec la stratégie classique d’accorder des augmentations salariales plus élevées pour le personnel naviguant, notamment les pilotes – l’heure ne devrait pas être à l’apaisement et à la suspension de la grève. D’autant plus que la mobilisation commence à coûter cher à la compagnie, avec une perte de 300 millions d’euros pour l’entreprise, et une chute importante en bourse.

L’intersyndicale a déclaré que le mouvement continuait, cependant en l’absence de nouveau préavis c’est bien une sortie du conflit qui se dessine et un très mauvais signal envoyé à la direction.

Ainsi, plutôt que de suspendre la grève et entraver le mouvement et le rapport de force que les salariés mettent actuellement en place contre leur direction, l’intersyndicale devrait pousser à leur maintien et leur intensification. Face à une direction qui se trouve actuellement au pied du mur et une colère majoritairement présente du côté des salariés, l’occasion et la nécessité de passer à la vitesse supérieure et durcir le conflit se font ressentir.


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