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Argenteuil. Nuits de révoltes, plainte et marche blanche après la mort de Sabri 

Sabri, 18ans ans, est mort ce week-end, des suites d'une collision à moto, et ce après avoir croisé une voiture de la BAC. Des circonstances troublantes, qui suscitent la colère et le doute de beaucoup à Argenteuil, secouée depuis par des nuits de révoltes. La famille compte porter plainte et une marche blanche aura lieu ce 21 mai à 16h.

Philomène Rozan

20 mai 2020

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Crédit photo : France 3 

Depuis trois jours, la ville d’Argenteuil dans le nord de Paris, est secouée par des émeutes. La mort de Sabri, âgé de 18 ans, a été l’étincelle qui a déclenché ces nouvelles nuits de révoltes. Dans la nuit de samedi à dimanche, alors qu’il rentrait à moto, Sabri a croisé sur son chemin une voiture banalisée de la BAC - Brigade Anti-Criminalité, avant de percuter mortellement un poteau électrique quelques instants plus tard. 
 
La présence policière à proximité de cette collision mortelle suscite de nombreuses interrogations et explique la colère suscitée dans le quartier. De fait, cette nouvelle affaire n’est pas sans rappeler la situation à Villeneuve-la-Garenne où, il y a un mois, un motard se blessait grièvement après avoir heurté la portière d’une voiture de police. Ici les policiers nient toute implication dans la situation, et comme bien souvent tentent de décrédibiliser la victime. Alors que le parquet affirme « l’absence de poursuite de la moto par les policiers », le syndicat de police d’extrême-droite Alliance assure ainsi dans un communiqué de presse que « Le conducteur, non casqué, à hauteur de la voiture de police, accélérait et finissait par heurter un poteau électrique sans même que nos collègues l’ai poursuivi. », écartant sans surprise toute responsabilité des policiers présents sur les lieux. « L’absence de choc entre le véhicule de police et la moto met hors de cause nos collègues. » affirment-ils par ailleurs, exonérant totalement la police.
 
Pas de quoi convaincre tous ceux qui, coutumiers de ce type d’affaires, savent à quel point celles-ci font fréquemment l’objet de manipulations, pouvant aller jusqu’à la falsification de documents ou le mensonge pour disculper les malnommées « forces de l’ordre ». Ainsi, dans un article du Monde une des avocates de la famille, Lucie Simon, donne un tout autre avis. Elle souligne notamment que : « La police a livré différentes versions depuis le début de cette affaire. La dernière consiste à dire que Sabri aurait reconnu la voiture banalisée alors qu’il était engagé dans la rue et se serait déporté volontairement. Or, il faisait nuit, les phares l’éclairaient en plein visage. On comprend mal comment il aurait pu les identifier. »
 
Autant de zones d’ombre qui expliquent la colère de nombreux proches de Sabri, et les nuits de révoltes que sa mort a suscité à Argenteuil. De fait, ce que le parquet présente comme une coïncidence fait écho à une réalité dans les quartiers populaires, que le confinement répressif et le déploiement massifs de policiers ces dernières semaines n’a fait que renforcer. Avec plus d’un million d’amendes, on a vu les cas de violences policières se multiplier dans les quartiers depuis le début de l’épidémie. Une gestion très répressive, qui fonctionne, comme toujours à coup de contrôles au faciès, de harcèlement policier et de violences dans des quartiers en première ligne des conséquences économiques de la crise aggravée par l’épidémie.
 

 

 
La colère face à la mort de Sabri, et le refus de voir la police réprimer dans les quartiers ont pris la forme de feux d’artifices, de barrages, de poubelles et d’abris-bus en feu qui se sont multipliés ces derniers jours. La réponse a été un déploiement des forces de répression avec comme l’indique France Info « pPrès de 250 effectifs dynamiques », « des CRS, des gendarmes mobiles, mais aussi des renforts conséquents de policiers venant de différentes circonscriptions du département » avec des hélicoptère, des nuées de gaz lacrymogène et des interpellations – dont six juste dans la nuit de mardi à mercredi.
 
Pour tenter d’obtenir justice et vérité et faire lumière sur ce qui s’est passé cette nuit-là, la famille de Sabri va porter plainte. Une décision légitime mais qui se heurtera, comme dans toutes les affaires de ce type, à une justice qui se place résolument du côté de la police, comme l’illustre le combat de la famille d’Adama Traoré, qui en plus de n’avoir toujours pas obtenu justice et vérité, est victime de l’acharnement de celle-ci. En ce sens, seule la mobilisation et l’auto-organisation pourront permettre, pour Sabri et toutes les victimes des violences policières, d’obtenir justice et de se défendre dans un moment de crise ou la répression s’intensifie et multiplie ses victimes. Afin d’honorer la mémoire de Sabri, une marche blanche aura par ailleurs lieu jeudi 21 à 16h.
 


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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