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Après le meeting du FIT réunissant plus de 20 000 personnes

Argentine. Del Caño : « Ce meeting montre que le FIT est l’opposition la plus conséquente à la politique de Macri »

Après le grand meeting de l’extrême gauche dans la ville de Buenos Aires en Argentine, Nicolas del Caño, ex-candidat à la présidentielle pour le FIT (Front de l’extrême-gauche et des travailleurs) a été interviewé par La Izquierda Diario, faisant parti du réseau de quotidiens numériques d’extrême gauche auquel Révolution Permanente est lié.

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Que vous inspire ce meeting auquel vous avez participé dans le stade d’Atlanta à Bueno Aires ?

Ce meeting du Front de Gauche et des Travailleurs (FIT) a été un événement politique national majeur. La mobilisation a été historique. Cela fait plus de trois décennies que nous n’avions pas vu une mobilisation de l’extrême gauche aussi forte, avec tant de personnes.

Je crois ça a démontré de manière particulièrement forte, le FIT comme une alternative non seulement aux mesures d’ajustements austéritaires de Macri, mais aussi contre ceux qui ont collaboré à cette politique, comme le Front pour la rénovation (Frente Renovado) de la Chambre des députés ou encore le Front pour la victoire (Frente para la Victoria) au Sénat. Cela confirme que le FIT est la seule opposition conséquente au gouvernement du Macri.

Ce meeting a aussi permis de clairement dénoncer la politique de la direction de la CGT avec sa trêve absolument honteuse négociée avec le gouvernement, sans rien faire pour éviter les licenciements, la chute des salaires et l’augmentation importante des prix des biens de première nécessité. Dans ce contexte, il est d’autant plus nécessaire de préparer une grève nationale ainsi qu’un plan de lutte.

Le meeting a-t-il été suivi à travers tout le pays ?

Oui, nous avons été plus de 20000 personnes avec notamment une grande participation de délégations venant de tout le pays.

Il me semble important de souligner la participation de la jeunesse. Ainsi, nous avons souligné et revendiqué dans ce meeting la mobilisation des jeunes et les phénomènes qui existent aujourd’hui à l’échelle internationale, par exemple aux États-Unis. En effet, la jeunesse s’y mobilise, malgré la victoire de Donald Trump, notamment en solidarité avec les migrants.

En ce sens, dans le meeting nous avons mis en exergue une perspective de lutte anticapitaliste et révolutionnaire, en indépendance claire avec les organisations réformistes qui existent au niveau international. Par exemple Podemos dans l’Etat Espagnol ou Syriza en Grèce.

Dans quel sens vous différenciez-vous ?

Je me réfère au fait que ces organisations ne mettent pas en perspective dans leur programme la nécessité d’un gouvernement des travailleurs en rupture avec le capitalisme. Tout au contraire, ils soutiennent une perspective de gestion de l’Etat capitaliste.

Et cela a des conséquences. Si nous regardons ce qui se passe en Grèce, nous pouvons voir comment Syriza est en train de terminer l’application des mesures d’austérité exigée aussi bien par le FMI que par l’Union européenne. Cela est arrivé malgré le rejet massif du peuple grec à ces ajustements austéritaires.

Précisément pour construire une alternative anticapitaliste, il est nécessaire de prendre en compte l’existence de phénomènes de mobilisation et de la lutte de la jeunesse. Par exemple, ce qui se passe en France, où pendant près de 4 mois, nous avons vu de grandes manifestations, alors même qu’elles étaient durement réprimées. Des processus comme le mouvement étudiant chilien, ou au Brésil. En parlant du Chili, dans le meeting, nous étions accompagnés de notre camarade Barbara Brito, qui vient d’être élu au conseil d’administration de la Fédération étudiante du Chili, la FECH.

Le meeting a été ponctué par de nombreux moments d’émotion. L’un d’eux a été la prise de parole de Myriam Bregman, qui faisait partie du groupe candidat aux présidentielle pour le FIT en 2015.

Lorsque Myriam a parlé, c’était particulièrement émouvant. Dans son discours, elle a revendiqué les droits des femmes à être sujet des mobilisations et des luttes à l’échelle internationale. Comme on l’a vu en Pologne, comme on le voit en France et aussi avec le Ni Una Moins, ici en Argentine, qui s’est également étendue à l’Amérique latine. Cela a été un moment très important dans le meeting.

Myriam a parlé de toutes ces mobilisations et de l’auto-organisation des femmes. Mais elle a également évoqué la nécessité d’unir ce grand mouvement à la classe ouvrière, dans une perspective anticapitaliste et communiste. Ceci est central car c’est le seul moyen d’atteindre, véritablement, la libération finale des femmes, et de mettre fin à toutes les formes d’oppression. Cela nécessite le renversement du capitalisme à l’échelle internationale, dans le monde entier.

Comment analyser l’impact du meeting dans le scénario politique national ?

Le meeting met le FIT en bonne situation, dans une séquence où au niveau national, vont s’exacerber les problèmes conséquences du plan Macri.

Par exemple, une question centrale est que la dette va coûter de plus cher en plus cher pour les travailleurs. Il convient de noter que la nouvelle situation qui existe à l’échelle internationale, avec la victoire de Donald Trump aux États-Unis, peut signifier un saut dans les ajustements austéritaires.

Et quand je parle de ces ajustements, je ne me réfère pas seulement au secteur public mais aussi secteur privé, avec notamment les annonces comme celle Volkswagen, qui va à l’échelle internationale, licencier 30.000 travailleurs, dont 7000 seulement en Argentine et au Brésil. Cela, par exemple, pourrait signifier le début d’une résistance plus forte aux ajustements de Macri.

Ainsi, l’année qui vient, qui sera une année électorale, peut déclencher de nouveaux conflits aigus avec l’entrée en mouvement de secteurs importants de travailleurs, déjà profondément touché par la crise. Certes la crise touche l’ensemble de l’Amérique latine, à un niveau internationale, mais elle va toucher plus particulièrement l’Argentine.

Face au scénario de résistance que vous pointez qu’est-ce que montre le meeting du stade d’Atlanta ?

Tout d’abord, la conclusion selon laquelle il y a des secteurs combatifs de la classe ouvrière qui se préparent à résister. Pour être plus précis, ce sont des secteurs qui résistent déjà. Ces secteurs sont centralement identifiés pour être de gauche, avec le FIT. Et ils se sont retrouvés au stade d’Atlanta.

Mais dans le même temps qu’on voyait ces secteurs, cela a servi à présenter les nouveaux progrès quant à la récupération de commissions internes, de corps des délégués et de syndicats, des mains de la bureaucratie syndicale. Cela précisément pour le présenter comme une alternative pour organiser la résistance. Pour cela, nous avons convié les acteurs de toutes les luttes qui ont eu lieu cette année.

Mais, comme précisait dans le discours mon camarade Claudio Dellecarbonara, les syndicats ne peuvent pas être une fin en soi, mais doivent être un moyen d’organiser tous les travailleurs pour les mettre au service de la bataille pour défaire le gouvernement et le patronat.

Claudio a également soulevé une autre question fondamentale durant le meeting. Des milliers de travailleuses et de travailleurs qui étaient présents au stade, ayant participé à de nombreuses luttes syndicales, se considèrent comme des militants politiques de la classe ouvrière. Ce processus profond, qui a lieu en Argentine, avait déjà son expression pendant les élections de 2015, où des centaines de ces mêmes travailleurs étaient candidats. Développer et étendre cette unité entre la lutte syndicale et la lutte politique est un grand pari du FIT.

Comment cela se répercutera sur le scénario électoral pour 2017 ?

De toute évidence, nous nous préparons aussi pour le scénario électoral. L’année prochaine, le FIT va mener un combat pour obtenir plus de députés d’extrême gauche. Nous avons joué un rôle très important depuis son arrivée au Congrès et dans les législatures à travers le pays, comme l’a démontré la participation dans toutes les luttes des travailleurs. Ce combat sera également à continuer l’année prochaine. Et, évidemment, le meeting est un point d’appui important pour cela.

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