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Post-pandémie

Argentine. Grève dans les hôpitaux de Buenos Aires pour les salaires et contre le mépris

Eprouvé par plus d’un an de pandémie et par des années de casse du service de santé en Argentine, le personnel hospitalier de 80 hôpitaux dans la province de Buenos Aires, s’est mis en grève pour dénoncer des salaires de misère et des conditions de travail désastreuses.

Margot Vallère

28 octobre 2021

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La semaine dernière les membres du service hospitalier de la province de Buenos Aires qui est la région la plus peuplée du pays, ont mené une grève de 24 heures pour la hausse des salaires et pour plus d’investissement dans l’hôpital public de la part du gouvernement. Face à la gronde qui animait le personnel médical, le gouverneur de la province Alex Kicinoff avait proposé une hausse de salaire dérisoire qui n’a fait qu’augmenter la colère des soignants et des soignantes. Lors du dernier congrès du syndicat « la CICOP », 91% des personnes présentes ont voté en faveur d’un plan de lutte échelonné avec une première grève de 24 heures mardi dernier puis 48 heures de grève les mercredi 26 et jeudi 27 octobre.

Alors qu’en 2020 Buenos Aires et sa région ont essuyé un confinement de six mois environ en plus de nombreuses mesures liberticides, le personnel médical a, comme partout dans le monde, été en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. Dans un pays où l’inflation bat des records et où les gouvernements successifs ont tour à tour délaissé le service public et ses travailleurs, ces derniers ont été confrontés à un système de santé vétuste et incapable de faire face à une pandémie d’une telle ampleur. Pour rappel, l’Argentine est un des pays qui se dresse à la funeste huitième place des pays qui enregistrent le plus haut taux de mortalité au monde (hors micro-Etats) avec plus de 115 000 décès pour une population de 45 millions habitants.
Après près de deux ans de lutte contre la maladie dans des conditions plus que précaires et alors même que les membres du personnel médical avaient été applaudis, reconnus comme essentiels au bon fonctionnement de la société et même traités en véritables héros nationaux, le gouvernement péroniste qui se veut « progressiste » ne leur offre désormais que des miettes. En effet, le pays parvient seulement à contrôler l’épidémie et retrouve doucement une vie presque de retour à la normale. « Ce qu’il faut, c’est que la gratitude se traduise par une amélioration des salaires et des conditions de travail des personnels de santé qui ont mis leurs efforts, leurs corps et leur personne au service de la santé et de la vie de la population » affirme au micro de RFI Silvana Escali, médecin dans la région de Buenos Aires.

La semaine dernière, afin de contenir le mouvement, le gouvernement avait mis fin par décret aux négociations salariales et décidé d’une augmentation des salaires de 46,5% pour l’ensemble du personnel soignant. Si en France, ce chiffre peut paraître mirobolant, il ne s’agit que d’une hausse ridicule dans un pays comme l’Argentine où l’inflation est supérieure à 50% pour l’année en cours, cette augmentation compense à peine l’augmentation du coût de la vie. Face à cette situation désastreuse, le corps médical réclame de vraies mesures et une augmentation de salaire qui soit alignée avec le taux d’inflation. Par ailleurs, près de 42% des argentins vivent sous le seuil de pauvreté et le chômage est supérieur à 10%.

Alors que la pauvreté guette une grande partie des ménages des classes moyennes argentines, si elles n’ont pas déjà franchi cette ligne lors des dernières années marquées par la pandémie et par la récession, le gouvernement péroniste est complètement désabusé et incapable de se montrer à la hauteur des revendications des travailleurs. Ce gouvernement soi-disant progressiste, alors qu’il cherche inlassablement à rembourser, et ce malgré d’énormes difficultés de paiement, les créanciers internationaux comme le FMI qui asphyxient le pays depuis des décennies, n’offre que des miettes au service public et à la population qui n’arrive plus à joindre les deux bouts. Dans ces conditions, le personnel médical mobilisé continue à lutter pour de meilleures conditions de travail et d’existence. Pour l’indexation des salaires sur l’inflation et pour des changements structurels en ce qui concerne le service public.


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