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Argentine. L’éboueur Alejandro Vilca réalise un résultat historique aux élections provinciales

Avec 13% des voix, Alejandro Vilca, éboueur et candidat du Front de Gauche et des Travailleurs, a réalisé à Jujuy le meilleur score à une élection provinciale pour la gauche révolutionnaire depuis la fin de la dictature en 1983.

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Argentine. L'éboueur Alejandro Vilca réalise un résultat historique aux élections provinciales

À Jujuy, la province la plus septentrionale de l’Argentine, où 80 % de la population est d’origine indigène et où plus de 40 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, l’extrême gauche ne cesse d’accroître son influence. Dimanche dernier, une élection pour le poste de gouverneur a eu lieu dans la province et le candidat révolutionnaire Alejandro Vilca a obtenu près de 13 % des voix (un peu plus de 50.000 votes). Aux mêmes élections, en 2019, l’extrême gauche n’y avait obtenu que 3,13 %.

Vilca est militant du Parti des Travailleurs Socialistes (PTS), organisation sœur de Révolution Permanente, qui, avec trois autres organisations trotskystes, constitue le Front de Gauche et des Travailleurs (FIT-U). Il s’agit de la meilleure élection à un poste exécutif que l’extrême gauche argentine ait réalisée depuis le retour à la démocratie bourgeoise en 1983. À San Salvador de Jujuy, capitale de la province et district le plus peuplé, Vilca a obtenu 18 % des voix, ce qui le place en deuxième position dans la course et lui donne plus de 6 points de plus que le candidat péroniste. Dans la même ville, le candidat du FIT-U à la mairie, Gastón Remy, est arrivé en deuxième position, devançant également le candidat péroniste (16,74 % contre 12,36 %).

L’élection pour le poste de gouverneur de la province de Jujuy voit habituellement se jouer une fausse compétition entre le radicalisme (courant politique de droite qui gouverne la province et qui, au niveau national, est associé au parti de l’ancien président Mauricio Macri) et le péronisme (le parti de l’actuel président, Alberto Fernandez). Lors de cette élection, le radicalisme l’a largement emporté sur le péronisme qui recule de plus de 10 points par rapport aux précédentes élections.

Ces deux ailes du régime se voient dans les provinces comme des seigneurs sur leur fiefs, où ils mènent les mêmes politiques de pillage des ressources naturelles, imposent des conditions de travail précaires et des salaires de misère. La gauche révolutionnaire s’est invitée de manière explosive dans ce scrutin ! Un résultat qui d’autant plus de valeur que de multiples manœuvres frauduleuses ont eu lieu. Les scrutateurs du FIT-U ont souvent été empêchés de contrôler le dépouillement, dans de nombreux cas des bulletins en faveur de la gauche révolutionnaire n’ont pas été comptabilisés ou ont été détruits. Des fraudes qui ont été dénoncées par un large arc de partis politiques, de syndicats, d’artistes et d’intellectuels. En plus de cela, il faut évidemment prendre en compte tous les obstacles électoraux que le régime met en place contre les forces qui représentent les travailleurs par en bas comme l’absence d’espaces de communication gratuits ou l’obligation de payer pour l’impression des bulletins de vote.

Alejandro Vilca, ouvrier indigène et révolutionnaire qui se bat aux côtés des exploités et des opprimés

Contrairement aux candidats des partis traditionnels, qui sont sans exception des politiciens de carrière, Alejandro Vilca est un travailleur qui, depuis plus de dix ans, ramasse les ordures dans les rues des quartiers les plus pauvres de la ville. En 2021, il a été élu député du Front de Gauche et des Travailleurs. Mais à la fin de son mandat, il reprendra son travail dans son camion-poubelle.

D’origine indigène et fils d’une femme de ménage, il connaît la pauvreté et l’exclusion auxquelles sont confrontés la majorité des habitants de Jujuy, qu’il s’agisse des milliers de mineurs, de travailleurs agricoles, d’ouvriers d’usine ou de chômeurs.

Mais Vilca et les candidats du Front de Gauche des Travailleurs ne se font pas d’illusions sur la possibilité de réformer le système de l’intérieur. Pour eux, les sièges qu’ils ont gagnés servent de postes de lutte et de porte-voix au service des combats des exploités et des opprimés. Leurs sièges n’ont de valeur que comme tremplin pour la transmission des idées révolutionnaires. Sur chaque piquet de grève et dans chaque manifestation de rue, ils sont aux côtés de leurs collègues travailleurs, étudiants et militants.

L’avancée de l’extrême gauche à Jujuy, une province riche avec des travailleurs pauvres

Ce n’est pas un hasard si Jujuy est devenu un bastion de la gauche anticapitaliste. C’est une région marquée par des inégalités extrêmes, où des centaines de milliers de personnes souffrent de la pauvreté et de la faim alors que les grandes entreprises réalisent des profits faramineux. C’est particulièrement vrai ces dernières années avec l’augmentation considérable de la demande de lithium, une ressource abondante à Jujuy dont le prix atteint des sommets (les revenus miniers devraient dépasser les 6 milliards de dollars en Argentine cette année). Les intérêts de ces entreprises sont fortement défendus par les partis traditionnels de centre-droit et de centre-gauche péroniste.

De ce point de vue, le Front de Gauche a été la seule force à proposer un programme pour que ce ne soit pas à la classe travailleuse mais aux riches de payer la crise ! Dans un pays où, au cours des douze derniers mois, l’inflation a dépassé 100 % et où le taux de pauvreté a plus que triplé au cours des dernières années en raison de l’augmentation dramatique du coût de la vie, seul le FIT a défendu un programme d’augmentation et d’indexation des salaires et des pensions.

En ce sens, Vilca et ses camarades du Front de gauche des travailleurs ont présenté un programme radical qui répond aux besoins de la classe ouvrière, des indigènes et des pauvres, et non à ceux des entreprises et de l’élite. Ils ont notamment revendiqué un salaire minimum égal au coût de la vie et indexé sur le taux d’inflation, la réduction de la journée de travail à 6 heures par jour sans baisse de salaire et une aide économique pour les travailleurs agricoles qui se retrouvent au chômage en dehors des périodes de plantation et de récolte.

A Jujuy, la liste soutenue par l’extrême droite de Javier Milei a été balayée ne recevant que 3,13 % des voix. Cette élection prouve qu’il n’y a pas que la droite qui peut grossir face à la politique anti-sociale du péronisme. Mais cela nécessite une gauche anticapitaliste de combat avec une stratégie ancrée dans la lutte des classes pour battre en brèche les mesures du FMI et imposer un programme pour les travailleurs, la jeunesse et les secteurs opprimés !

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