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Lutter sur tous les fronts

Argentine. La gauche révolutionnaire et la lutte contre la réforme des retraites

Le souvenir de 2001 n’est jamais très loin en Argentine, et les travailleurs l’ont encore une fois montrés au gouvernement de Mauricio Macri alors que celui-ci lance une violente offensive contre les retraités. La mobilisation dure depuis la semaine dernière, et la politique que porte la gauche révolutionnaire aux côtés du syndicalisme combatif est riche d’enseignement.

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Devant la crise réelle et l’incapacité du Kirchnerisme (qui a gouverné près de 12 ans en Argentine) à se présenter comme une opposition sérieuse contre le gouvernement, l’extrême gauche argentine se voit ouvrir un espace de construction et d’influence de la contestation populaire et des secteurs en lutte.

C’est notamment le cas du Frente de Izquierda y des los Trabajadores (FIT), alliance politique du Partido de los Trabajadores Socialistas (PTS), du Partido Obrero (PO) et de Izquierda Socialista (IS). Après avoir engrangé des scores très intéressants aux dernières élections, avec près d’un million trois cent mille voix, l’extrême gauche se trouve dans une situation politique particulière pour construire une opposition sérieuse et faire avancer les perspectives révolutionnaires au sein de la classe ouvrière.

Quel espace pour la gauche révolutionnaire face à une crise gouvernementale

Révolution Permanente avait déjà rappelé les dernières crises politiques qu’a pu subir le Macrisme au cours de cette année et l’incapacité de l’opposition parlementaire bourgeoise à être prise au sérieux : les assassinats par la police de Santiago Maldonado et Rafael Nahuel qui se battaient pour la cause mapuche, n’ont en aucun cas permis au kirchnerisme, bien trop ambivalent, d’en tirer profit électoral.

Le FIT et plus particulièrement le PTS à travers sa lutte pour les Droits de l’Homme avaient quant à eux su se présenter comme le réel secteur politique dénonçant l’Etat comme appareil de défense des plus riches. Aujourd’hui alors que le gouvernement se risque à des attaques rappelant bien trop en termes de méthodes celles qui ont formé la crise politique de 2001, l’extrême gauche et le PTS en particulier essaye de pousser à dépasser certaines limites des mobilisations populaires d’il y a 16 ans, comme la nécessité de s’organiser.

Mobiliser et planter une perspective stratégique : les secteurs poussés par la gauche à travers des expériences de gestion ouvrière

Les idées de la gauche révolutionnaire et sa pratique se matérialisent sur des bases sociales comme celles du mouvement ouvrier et du mouvement étudiant. Alors que le pays connaît une tradition très concrète de solidarité de ces deux secteurs, elle offre un espace de construction réel pour la gauche révolutionnaire.

Une partie de la manifestation de ce lundi était par exemple formée par un mouvement étudiant préparé et organisé, habitué notamment à avoir soutenu les ouvriers durant leurs dernières expériences de lutte de ces 15 dernières années.

Contrairement aux tendances syndicalistes et corporatistes de certaines parties de la classe ouvrière organisée par le réformisme et la bureaucratie syndicale, le PTS défend en réalité la possibilité pour les ouvriers de s’organiser eux-mêmes, en défendant l’expérience des usines récupérées comme celles de Zanon, Madygraf, ou d’usines en lutte comme celle de Pepsico. Les militants du PTS le rappellent : « si la classe ouvrière est en capacité de gérer une fabrique, elle est en capacité de gérer un pays. ».

Le système syndical en Argentine fonctionnant par syndicats d’industrie et de branches, avec des regroupements/tendances se présentant aux élections internes aux syndicats, les militants de la gauche radicale appellent à la mobilisation avec des mots d’ordre bien concret : marcher ensemble, étudiants et ouvriers de Pepsico, de Madygraf, travailleurs des transports en communs, cheminots, contre la bureaucratie syndicale qui tergiverse et qui ne montre aucune ambition à lutter contre le plan de réformes austéritaires du gouvernement. Ouvriers et étudiants solidaires se basent sur des expériences concrètes de la classe ouvrière pour marcher ensemble, et contre le gouvernement, mais aussi pour faire preuve d’une pression suffisante pour appeler à la mobilisation et à la remise en question des directions syndicales et politiques.

Le rôle déterminant de l’extrême gauche pour construire une mobilisation et la présence des députés révolutionnaires

La gauche révolutionnaire se forge de cette façon un profil politique tout particulier, une caractéristique que les organisations d’extrême gauche en France ont du mal à développer.

Cela passe par la dénonciation de la bureaucratie syndicale au sein même des syndicats, comme nous l’avons dit, mais aussi par la présence plusieurs personnalités d’extrême gauche au Parlement. C’est notamment le cas de Nicolas Del Caño qui, contrairement à un simple député d’opposition, se distingue réellement comme député révolutionnaire. Au sein des manifestations, on le voit directement, main dans la main avec ses camarades ouvriers et étudiants, face aux forces répressives.

C’est notamment au sein du congrès où il rejette avec les autres élus du FIT les réformes de Macri tout en dénonçant la complicité de l’opposition bourgeoise, mais aussi la complicité de la direction bureaucratique de la CGT que le FIT interpelle. Le rôle d’un député révolutionnaire ainsi, dans un parti révolutionnaire qui pousse des secteurs combatifs de la classe ouvrière à se mobiliser, lui permet de constituer une identité politique refusant quelconque alliance avec le réformisme et les différentes variantes politiques capitalistes et présentant un programme révolutionnaire à grande échelle.

Il est important d’apprendre des expériences politiques de cette extrême gauche argentine qui, dans une séquence politique de mobilisations, a des responsabilités particulières.


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