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Décrets, passages en force et législation anti-grève

Argentine. Le gouvernement Macri, à droite toute !

Martín Noda Le président argentin Mauricio Macri, fraichement élu, a rapidement montré jusqu’à quel point il souhaitait incarner un tournant droitier. Ses premières mesures ont induit l’augmentation des tarifs des services publics, la négociation avec les fonds vautour pour payer la dette, le licenciement de milliers de contractuels embauchés par l’Etat et la dévaluation de la monnaie - ce qui signifie inflation et perte de pouvoir d’achat pour tous. Maintenant il veut instaurer un “protocole” selon lequel la police réprimera systématiquement toute mobilisation impliquant une perturbation de la circulation.

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Gouverner par ordonnance

Si ces « mesures fortes » pourraient laisser penser le contraire, Macri n’a en réalité pas de majorité parlementaire. Il a gagné les présidentielles en surfant sur l’érosion du Kirchnérisme, au pouvoir depuis 12 ans en Argentine, et qui, de surcroit, présentait un candidat au profil et au programme aussi droitiers que les siens. Lors du premier tour, Macri - qui était à la tête d’une coalition d’opposition - avait fait un peu plus de 30 % et arrivait en deuxième position.
Comment fait un gouvernement pour mettre en place des mesures si importantes sans majorité parlementaire ? Faute d’un soutien d’autres partis, il gouverne par ordonnance en usant et abusant des « décrets de nécessité et urgence », méthode similaire à l’emploi du 49-3 en France, mais moins restrictive.

Des conflits sociaux en vue

La situation en Argentine s’annonce mouvementée et ces premières attaques contre le monde du travail ne passeront pas comme une lettre à la poste. Le dernier gouvernement Kirchner avait déjà dû faire face à une série de luttes, certaines très dures, contre des licenciements dans le secteur privé. Le très bon score de l’extrême gauche lors des élections est un exemple de cette situation sous haute tension.
Même si les licenciements dans le secteur public impliquent une riposte assez importante, ce qui va déterminer la situation dans les prochains mois, c’est la négociation salariale paritaire annuelle. En Argentine, l’été est en train de finir et une série de négociations salariales vont commencer. Avec la forte inflation des derniers mois, un bras de fer va se jouer entre les travailleurs - qui ne veulent pas voir leur pouvoir d’achat réduit à peau de chagrin- et le gouvernement - qui souhaite mettre un plafond le plus bas possible aux augmentations salariales.
On a pu avoir un avant-goût du climat de colère contre les décrets de Macri, sa loi antigrève et ses licenciements à la chaîne avec le débrayage des agents de la Fonction publique qui a paralysé, hier, le centre de Buenos Aires. Bien que le principal syndicat de branche, l’Association des Travailleurs d’Etat (ATE), avait rejeté l’idée d’avoir recours à des barrages sur les principaux axes de la capitale, les coupures se sont multipliées, à l’initiative des équipes syndicales combatives de base ainsi que des militants d’extrême gauche, avec un piquet massif à l’angle des avenues Callao et Corrientes, dans le centre de la capitale, organisé par le Parti des Travailleurs Socialistes (PTS). 

Que faire de la colère sociale ?

Le nouveau “protocole” de Macri, n’est pas une loi car il n’y a eu aucun débat au parlement ni rien de ce style, seulement des déclarations à la presse. Il implique que toute manifestation qui perturberait la circulation serait immédiatement dispersée.
L’Argentine est connue de par le monde comme le pays des “piquets”. Depuis 20 ans les blocages de routes, d’avenues, d’autoroutes sont utilisés comme moyens de manifester la colère sociale. Dès qu’il y a une grève ou un conflit social, ceux qui protestent se rendent sur l’axe routier le plus important de la zone et bloquent la circulation. C’est un pays où le monde du travail a toujours su se faire entendre et obliger les médias à parler de leur situation. C’est aussi le pays où toutes les tentatives pour exiger un dépôt en préfecture pour une manifestation sont tombées à l’eau.
Avec cette mesure Macri espère, par la répression, en finir avec les manifestations de rue et empêcher aux travailleurs de faire entendre leurs revendications.
À n’en pas douter, la visite officielle de Hollande en Argentine, qui se tiendra dans quelques jours, sera des plus fructueuses. Les deux présidents pourront à loisir discuter de leurs projets liberticides.


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