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Primaire du PS

Arnaud Montebourg, celui qui aime les patrons taillés "made in France"

Arnaud Montebourg, rentré dans l’arène politique en 1997, connu comme ayant été le « plus frondeur des frondeurs » du Parti socialiste, cherche aujourd’hui à gagner sa place pour la présidentielle du printemps 2017. À distance des éléphants du PS, élevé avec la clique Hamon, Peillon et Valls, il s’est forgé peu à peu - avec de nombreux retournements de veste – une personnalité, un parcours, des relations. À côté d’Hamon ou de Peillon, Montebourg apparaît aujourd’hui comme le « moderniste », celui ayant le plus la « niaque » et une personnalité « atypique ». Le « made in France » et la « démondialisation » il en a fait sa marque de fabrique. Montebourg est aussi connu, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, sous le surnom de « Love love », le « tombeur de ces dames » au sourire ravageur. Il n’échappe à personne que Montebourg incarne en lui-même avec son costard, sa marinière, et sa voix « précieuse », l’essence même de la « gauche caviar ». De cette « gauche caviar », Montebourg n’en n'a pas que le sourire et les attitudes. Il est avant tout ce pur produit du PS qui veut en récupérer l’appareil pour le « rénover », cet homme qui depuis 2014, loin de la « politique professionnelle », s’est constitué un réseau de contacts dans la finance et dans les entreprises françaises, qui gagne des centaines de milliers d’euros par an et qui sous ses « airs charmants » dissimule, avec difficulté, des comportements et propos sexistes. Qui est Montebourg ? Ce candidat du « travail et du salaire » qui depuis quelques années travaille à défendre et tisser des liens avec… les patrons (français) avec lesquels il partage un point commun : un portefeuille bien rempli. Cécile Manchette

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Montebourg, l’histoire d’un « jeune lion » qui voulait « rénover » le Parti socialiste
 
 
 
Arnaud Montebourg a suivi un parcours plutôt classique, celui qui en a mené beaucoup au PS : militant à l’université pendant ses études de droits, il tente ensuite le concours de l’ENA auquel il échoue, devient avocat en 1990, puis député socialiste en 1997. En bataille contre les paradis fiscaux, l’immunité présidentielle, les affaires de blanchiment d’argent, cet avocat pénaliste cofonde dès le début des années 2000 avec Vincent Peillon, Benoît Hamon et Julien Dray le courant Nouveau Parti socialiste. Toute une « jeune clique », qui n’a jamais réellement été unie, rassemblant ces « frondeurs » qui aujourd’hui se retrouvent côte à côte dans la primaire socialiste de 2017. Des « frondeurs » ou plutôt un Montebourg qui au fil des années est resté convaincu de la « rénovation » du PS. Un homme de « gauche », conscient de la crise profonde qui traverse le PS et qui veut rassembler les morceaux qui restent de son parti.
 
« Fini le temps des éléphants révolus et place aux jeunes lions  ». Montebourg est de ces jeunes lions qui a commencé sa carrière en tant que député et conseiller général en Saône-et-Loire, est devenu le porte-parole de Ségolène Royal pour l’élection présidentielle de 2007, puis le « troisième homme » sortant de la primaire socialiste de 2012. Une élection présidentielle que remportera François Hollande dont le nouveau gouvernement désignera Montebourg comme ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique. Montebourg est donc de ces politiciens totalement intégrés au système et qui depuis a participé à la mise en place des décrets, au vote des lois passées sous le quinquennat d’Hollande de 2012 à août 2014. Deux années durant lesquelles Montebourg a défendu le « made in France », la « réindustrialisation » et la « démondialisation » en opposition à Ayrault et Hollande. Une ligne économique qui lui est propre : celle de la relance de l’économie française. Une ligne qui dans les faits et l’épreuve de la réalité n’a conduit qu’à des promesses en l’air : les hauts fourneaux de Florange ont fermé et les travailleurs ont été « reclassés ». Avec sa promesse de « nationalisation transitoire » vite abandonnée face à Jean-Marc Ayrault, son immixtion dans les négociations entre General Electric et Alstom, ce « fleuron industriel français » qui intéressait les investisseurs américains et étrangers, Montebourg le « jeune lion » a défendu sa ligne protectionniste, le « made in France », la « vigilance » et le « contrôle français ». Une ligne, au-delà du protectionnisme ravageur qu’elle sous-entend à savoir opposer les salariés de l’hexagone et ceux d’autres pays, qui n’a en aucun cas empêché ni la fermeture des hauts fourneaux à Florange, ni l’acquisition par General Electric de la branche énergie d’Alstom. Ce dernier est même allé jusqu’à se féliciter à l’époque d’avoir « gagné la bataille de l’alliance plutôt que le dépeçage », parce que l’État devenait le principal actionnaire d’Alstom, en trouvant un accord pour le rachat des actions Bouygues. Un bilan qui s’est soldé par une démission du gouvernement. Un bilan qui montre surtout que loin de se ranger du côté des travailleurs, le poste ministériel aura permis à Montebourg de se constituer un joli carnet d’adresses du côté des patrons.
 
 
Montebourg et ses amis du patronat français
 
 
La « reconquête industrielle » de Montebourg l’a rapidement mené sur la voie de ses discours vibrants qu’il aime à ressortir en 2017, imbibés de patriotisme et de nationalisme économique. En 2013, Montebourg jubilait de ses 34 projets pour réindustrialiser la France, de ses « 34 branle-bas de combat nationaux ». Le même qui avait dû créer quelques espoirs en s’attaquant oralement et publiquement avec vigueur à Mittal, clamant « nous ne voulons plus de lui en France » lors de l’annonce de la fermeture à Florange ou encore lorsqu’il menaçait le groupe de pneumatiques Titan, critique de la productivité des ouvriers français. Mais comment croire que Montebourg a un seul instant pensé défendre réellement les intérêts des travailleurs français ? Car s’il tapait avec plaisir sur les rois de la finance et les grands groupes étrangers, ce dernier n’a pas tardé à faire des courbettes aux patrons français. Dès 2013, Montebourg enchaîne les tête-à-tête avec Martin Bouygues, Chris Viehbacher (Sanofi), Pierre Gattaz (Medef), Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée. com), Nonce Paolini (TF1) ou Henri Proglio (EDF). Et l’amour ne tarde pas à être réciproque : le patron de Schneider Electric remarque un « ton un peu plus pro-entreprise ». Celui d’Alcatel-Lucent vante un ministre « courageux » qui « n’a pas peur de bousculer ». Le PDG de France Télécom, mis en cause par le ministre avocat pénaliste dans le dossier Dailymotion et l’affaire Tapie, admet une relation « apaisée ». Un amour inconditionnel : le PDG d’ArcelorMittal France allant jusqu’à affirmer que les relations « sont bonnes » avec Arnaud Montebourg. Mais d’où proviennent tous ces mots d’amour ? Peut-être de la mise en place de ce crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) par Montebourg. Ou encore de son goût du spectacle. Pour ne citer qu’un exemple, rappelons-nous l’essai dans la cour de Matignon de la Zoé, la voiture électrique de Renault. Sa meilleure preuve de loyauté et d’amour envers les patrons ? La cession de l’usine d’aluminium de Saint-Jean-de-Maurienne de Rio Tinto, longtemps promise à la fermeture, à l’allemand Trimet. Des industriels et des patrons qu’il a arrêté de critiquer sur son compte Twitter. Pourtant depuis les luttes et les plans de licenciements n’ont pas manqué chez Renault, Michelin ou Véolia.
 
Ce qu’a appris Montebourg pendant son mandat ministériel ? À « respecter » les chefs d’entreprise jusqu’à vouloir en devenir un. Après avoir quitté le gouvernement, le « jeune lion » s’est lancé dans des études de management dans une grande école de commerce. Diplôme en main, de Princeton aux États-Unis à Dauphine, il a enchaîné les conférences s’affichant avec des entrepreneurs, des étudiants. En 2015, Montebourg surprend et devient le vice-président du conseil de surveillance d’Habitat chargé de l’innovation. Toujours plus proche des grandes entreprises aux chiffres d’affaires mirobolants (371 millions en 2014). Politicien et chef d’entreprise, le CV de Montebourg a de quoi plaire aux patrons et au MEDEF. Quelques mois plus tard, il rejoignait, avant de suspendre cette collaboration ainsi que celle avec Habitat en 2016 en vue de la primaire, le comité d’orientation stratégique de la société de services en ingénierie informatique (SSII) Talan. Une collaboration avec Talan lui ayant permis de se lier une fois de plus avec des cadors de la finance, de l’énergie ou encore avec des grandes banques françaises. Un carnet d’adresses qui n’en finit plus de se remplir de New York à Paris. La constitution au fil des années de ce carnet d’adresses, de ces contacts et de cette reconnaissance auprès de certains grands chefs d’entreprise, son expérience chez Habitat, a tout à voir avec le fait que Montebourg brigue aujourd’hui avant tout la présidence, ce qu’il a toujours eu comme objectif en ligne de mire ainsi que la « refonte » du PS.
 
Montebourg, les femmes et l’argent : encore un candidat du système
 
 
Cet homme « ambitieux » qui cultive le « chic à la française » ne serait pas un « vrai » politicien du système politique et économique actuel sans cumuler aussi un patrimoine généreux et son lot de comportements et de répliques sexistes. En effet, lorsque Montebourg s’est plié au jeu de la « transparence », il a révélé aux yeux des citoyens français son goût pour l’immobilier. L’ex-ministre du Redressement productif serait un grand investisseur. En 2013, il était alors nu-propriétaire à 100 % d’un appartement de 55 mètres carré dans le XXe arrondissement de Paris et à 40 % d’un appartement estimé à 890 000 euros dans le IIe arrondissement de Paris. Il est également propriétaire d’une maison estimée à 235 000 euros en Saône-et-Loire, département dont il est l’un des députés, et a revendu une maison située en Côte-d’Or dont il était l’usufruitier avec sa mère. Depuis, le patrimoine de Montebourg a dû grandir : se rapprocher des patrons et devenir conseiller de grandes entreprises ne se fait pas sans quelques cadeaux et contreparties. Un patrimoine mais aussi des dettes… des dettes en tant qu’élu PS qu’il doit à l’Assemblée nationale. Il serait redevable de 50 000 euros qu’il refuse de payer. Un refus qui ne l’empêche pas de se présenter à la primaire, tandis que Filoche s’est retrouvé écarté pour si peu… Montebourg fait partie de la bourgeoisie et la côtoie, des patrons jusqu’à son « fan club » – « les jeunes avec Montebourg » – fréquenté par une « jeunesse dorée », s’habillant chez Gucci, Chanel et autres grandes marques.
 
Montebourg est donc au même titre que les autres candidats, un candidat du système, gagnant sa vie bien au-dessus de la moyenne et qui, comme les autres politiciens, brille régulièrement par son sexisme, son machisme et des remarques paternalistes. Car les « bourdes » sexistes Montebourg aime à les répéter dès qu’il apparaît publiquement. Et du quinquennat Hollande, comme les autres candidats à la primaire, Montebourg s’en revendique beaucoup et il n’est pas besoin de fouiller pour constater que dans son programme on ne trouvera ni une ligne sur l’égalité des salaires, ni sur la suppression du ministère « des Familles, de l’Enfance et du Droit de la femme » créé par Hollande.
 

 
Aujourd’hui sur TF1, Montebourg, lancé dans la primaire socialiste, joue des coudes avec Hamon et Valls pour remporter cette primaire. Une bataille portée par un homme qui, comme les autres candidats, n’est pas porteur d’un programme pour proposer une réelle alternative aux travailleurs, à la jeunesse ou aux chômeurs. Ce candidat de la « gauche » du PS n’a rien de mieux à proposer qu’un sauvetage « made in France » du Parti socialiste et de l’économie française. Or, à Floranges et à Goodyear hier, dans nos entreprises et nos usines aujourd’hui, ce ne sont pas « des alliances » avec le patronat dont nous avons besoin, mais que les travailleurs et les travailleuses, face aux plans de licenciements, demandent l’ouverture des livres de compte et reprennent le contrôle de leurs usines.
 


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