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Interview d’un militant du NPA-Jeunes

Arthur, Paris 1. « Après la réussite du 12, la priorité sur les facs, c’est de préparer le 21 ! »

Le 12 septembre a été l’occasion pour la jeunesse étudiante et travailleuse de renouer avec la rue, contre la politique anti-sociale d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. Retour sur cette première journée avec Arthur, étudiant à Paris 1, et membre du NPA-Jeunes.

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Crédit photo : Lionel BONAVENTURE, AFP

François Michel-R.P. : La journée d’hier a été la première date de mobilisation contre la loi travail XXL. Dans de nombreuses villes, des cortèges de jeunesse se sont réunis malgré les vacances universitaires. Etes-vous satisfait de cette première journée ?

Arthur : Tout d’abord, il faut voir qu’au-delà de la jeunesse, cette journée du 12 septembre a été une réussite : tous les médias possédés par les patrons du CAC40 ont passé les dernières semaines à dire que cette journée serait un échec, qu’elle serait un baroud d’honneur sans grèves, que personnes ne suivrait un Martinez « isolé ». Force est de constater que ça n’a pas été le cas : près de 400 000 manifestants ont répondu à l’appel de la CGT, soit un peu moins que le 9 mars 2016, sauf qu’à l’époque, la CFDT et FO appelaient à manifester. Donc c’est une réussite qui doit en appeler d’autres.

Au niveau de la jeunesse, nous savions que ce serait dur d’amener beaucoup d’étudiants en manifestation : les universités sont encore fermées (elles ouvrent le 18/09 pour beaucoup) et, dans les lycées, la rentrée est toujours un moment où c’est plus dur de bloquer son lycée et d’aller manifester pour son avenir. Cependant, le NPA-Jeunes et d’autres organisations de jeunesse se sont réunies pour décider d’un cortège commun->http://www.revolutionpermanente.fr/Conference-de-presse-Les-organisations-de-jeunesse-appellent-tous-les-etudiants-et-lyceens-a et regrouper nos forces dans ce combat, qui promet d’être difficile, contre la loi travail et les attaques qui concernent spécifiquement la jeunesse. Ce cortège, à Paris, a été très réussi pour des étudiants qui ne sont pas encore rentrés en cours : près de 500 étudiants et lycéens ont répondu à l’appel et ont manifesté ensemble. Cependant, nous n’avons pas réussi à convaincre les militants de la France Insoumise, tout comme les militants autonomes, de la nécessité de faire front contre la loi travail, sans pourtant cacher les désaccords qui nous divisent (et ils sont nombreux !).

Quelles sont les revendications de la jeunesse ? Quelles sont ses raisons de descendre dans la rue ?

A. : Je pense que pour beaucoup de jeunes, Macron incarne tout ce qu’ils détestent : un banquier suffisant et méprisant devenu président de la République pour porter les intérêts du patronat, que ce soit au niveau du code du travail comme au niveau de l’éducation. De fait, la loi-travail va toucher particulièrement la jeunesse : en plus de faciliter les licenciements, l’inversion de la hiérarchie des normes et le renforcement du rôle des négociations de branches et des accords d’entreprises va toucher d’abord les plus précaires, dont de nombreux jeunes. Par exemple, le nombre de CDD ou d’intérim renouvelables vont être augmentés : les jeunes, très représentés dans ces types de contrats seront les premiers touchés ; le temps des périodes d’essai ne sera plus défini au niveau de la loi, ce qui va peut-être permettre à ces périodes d’essai de durer un, voire deux ans ! C’est véritablement le retour du CPE contre lequel on s’est battu en 2006. Il y a aussi le CDI-projet qui inquiète beaucoup : ça va être un bon moyen pour empêcher toute une génération d’accéder à la sécurité de l’emploi que représentait le CDI. C’est pourquoi, le 12, il y avait aussi beaucoup de jeunes travailleurs, comme le CLAP, le collectif des livreurs parisiens (qui travaillent chez Deliveroo par exemple).

Et encore, je ne vous parle que de la loi-travail ! La suppression des 150 000 emplois aidés concerne énormément d’étudiants qui travaillaient dans les écoles ou d’autres structures. La baisse des APL touche directement les étudiants, qui représentent 40% des allocataires de cette aide, et en plus, le gouvernement se permet de se foutre ouvertement de notre gueule ! Quand on se fait traiter de « fainéant », de « cynique », ou de « névrosé », on ne peut être que révolté !

Mais il y a aussi des attaques spécifiques sur la condition étudiante : le gouvernement veut instaurer la sélection dès la licence via des « prérequis » et une réforme du BAC, ce que l’on juge inacceptable ! Depuis des années, les gouvernements n’augmentent pas les budgets de l’université (cette année, il va baisser de 330 millions d’euros) alors que le nombre d’étudiants augmente. Résultat : les TD et les amphis sont surchargés, APB ne donne pas de place à tout le monde et les universités tirent les étudiants au sort. En faisant cela, ils ont installé l’idée que la sélection serait meilleure. Ce que la sélection va apporter est très simple : cela va éloigner les enfants des classes populaires des universités quand ils pouvaient y aller, et va installer des universités à deux vitesses : d’un côté, des facs d’élite, comme la Sorbonne, et de l’autre des facs-poubelles, comme les universités de banlieue, tout en laissant de nombreux bacheliers en dehors de l’enseignement supérieur. Ce que l’on réclame, c’est de l’argent pour l’université publique. Et que l’on ne dise pas que les caisses sont vides : Edouard Philippe a trouvé 1,6 milliards d’euros pour acheter des Rafales et financer ses guerres à l’étranger, alors que les facs sont surchargées.

Quelles sont les perspectives de mobilisation sur les universités et quel peut-être le rôle de la jeunesse dans le mouvement contre la loi-travail XXL ?

A. : Tout d’abord, notre priorité va être de préparer le 21 septembre, d’en faire un nouveau 9 mars, un nouveau départ d’une mobilisation étudiante de masse. C’est pourquoi on est en train de discuter avec toutes les organisations de jeunesse, mais aussi avec tous les syndicats des travailleurs de l’université (que ce soit les personnels ou les profs) pour lancer, dès la rentrée, le 18 septembre, une offensive sur les universités. Le 21, on organisera des Assemblées Générales pour réunir le maximum d’étudiants et battre le pavé contre toutes ces lois anti-sociales.

La jeunesse a un potentiel énorme, et je pense que le gouvernement s’inquiète beaucoup de nous voir préparer la rentrée universitaire. Les médias ont remarqué notre cortège à Paris, et le gouvernement sait que si les facs commencent à réunir des centaines d’étudiants en Assemblée Générale et bloquent leurs lieux d’études, cela peut être une force d’entraînement qui encourage les salariés. C’est ce qui s’est passé, dans une certaine mesure, pendant la loi travail. On espère que la mobilisation sera d’autant plus importante que si cette loi travail XXL passe, le gouvernement voudra ensuite s’attaquer à nos retraites et à la Sécu. C’est notre avenir qui se joue aujourd’hui ! J’ai entendu hier que FO et CGT Transports allaient partir dès le 25 septembre en grève reconductible, ce qui est une très bonne nouvelle pour nous tous : au printemps 2016, de nombreux comités de mobilisation estudiantins avaient noué des rapports avec les salariés grévistes. A Paris 1, on était allé soutenir les cheminots grévistes de la gare d’Austerlitz et les éboueurs de la TIRU d’Ivry-sur-Seine. On va tout faire pour que ces convergences, qui font peur au patronat et au gouvernement, se reproduisent et proposent, cette fois-ci, un vrai plan de bataille pour gagner !

Pour finir, un des slogans qu’on scandait durant le mouvement contre la loi travail, « tous ensemble, toutes ensemble, grève générale ! » est ressorti hier spontanément. C’est ce à quoi nous allons travailler : mettre le plus de jeunes dans la rue, installer des convergences avec les milieux ouvriers qui entament des grèves reconductibles et commencent à bloquer l’économie. Tant que les usines tourneront, tant que les trains et les métros rouleront, tant que des voitures sortiront des usines, tant que les poubelles seront ramassées, tant qu’il y aura de l’essence dans les stations-services, on n’aura aucune chance de voir ces ordonnances être retirées.


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