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"Chômage : à qui le tour ?"

Assurance-chômage : après les employés et les ouvriers, Macron vise les cadres

Avec des négociations entre syndicats et patronats au point mort, c'est le gouvernement qui devrait reprendre la main. Et pour attendre les 3 milliards d'économie, le gouvernement entend cibler les cadres.

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Les négociations entre les syndicats et le patronat sur l’assurance-chômage n’ayant pas mené à un accord (dont l’objectif, cadré par le gouvernement, consiste à réaliser 3 milliards d’économie), c’est le gouvernement lui-même qui pilotera la réforme.

Or, disposant de peu de marges de manœuvre politique et économique, personne ne sera épargné dans la course à l’économie : après les employés et les ouvriers, c’est maintenant au tours cadres d’être dans le viseur du gouvernement.

Plafonnement et dégressivité

Dégressivité et plafonnement : ce sont les deux leviers sur lesquels compte jouer le gouvernement pour s’attaquer aux cadres, rajoutant à la division pour mieux segmenter, isoler et cibler plus facilement.

La première piste étudiée consiste à appliquer une dégressivité aux cadres, en arguant du fait que leurs allocations seraient déjà élevés. Par ailleurs, l’autre possibilité serait de fixer un plafond au montant des indemnités. Pour le moment, la limite est de quatre fois le "Plafonds de la Sécurité Sociale" (PSS), un indice d’une valeur de 40.524€ en 2019, et une limite qualifiée de "généreuse" par le gouvernement.

Or, on sait où mène ce genre de qualificatif : derrière les pseudo-discours sur l’égalité dont se gargarise le gouvernement, il s’agit d’un nivellement par le bas. Pour pouvoir atteindre les économies fixées par le gouvernement, il faudrait en effet baisser ce plafond à 2,5 fois. Comme avait pu le dire Olivier Besancenot au cours de la bataille du rail au Printemps dernier : "on est tous le cheminot de quelqu’un", et là encore, derrière la "traque aux privilèges" de Macron, il s’agit de monter les uns contre les autres les différents segments du monde du travail.

Chômeurs vs Salariés : le récit idéologique du macronisme

En effet, sous le prétexte, fallacieux, d’attaquer les cadres très supérieurs et les « hauts salaires », sorte de posture « populiste » que tente de jouer Macron, il s’agit bien en définitive d’une attaque contre ceux qui font partie intégrante du monde du travail, quand bien même ils auraient des revenus souvent supérieurs à la moyenne du monde ouvrier et des employés.

Car sous le sigle de cadre on trouve, par exemple, les ingénieurs informatique, ou encore des travailleurs passés cadre pour des raisons visant avant tout à les coopter et à leur imposer un rythme de travail plus élevé.

Encore une fois, Macron cherche à creuser des divisions au sein même du monde du travail en opposant ceux qui sont au chômage de ceux qui sont en poste, cherchant à faire passer les premiers pour des parasites qui partiraient en vacances sur le dos des seconds. Après avoir abreuvé cette frange du monde du travail de discours laudatifs sur le mérite, la valeur-travail et le « nouveau monde », la réalité du macronisme frappe à la porte : celle de la précarité généralisée et de la route à traverser – pour les cadres bientôt, comme pour les ouvriers.

En cela, la politique de Macron est bien au service des super riches : les 0,1% pour qui la suppression de l’ISF a sonné comme une aubaine. Pour le reste de la population, y compris les 10% les plus riches (et tous les cadres sont loin d’en faire partie) dont la situation matérielle n’est évidemment pas précaire, ils ont été, sinon perdants, en réalité peu gagnants dans la politique du gouvernement.

L’offensive n’est par ailleurs pas sans risque pour Macron. Serré par des exigences budgétaires, en plein crise politique avec un mouvement des Gilets Jaunes qui ne faiblit pas, les marges de manœuvre politiques et économiques sont restreintes : en s’en prenant à sa base sociale, le risque est pour le macronisme de saper ses appuis.

Crédit photo : LUDOVIC MARIN / AFP


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