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Corps-machines

Assurance maladie : Macron va rétablir le jour de carence dans la fonction publique

Gérald Darmanin a annoncé ce jeudi 6 juillet que le jour de carence pour les arrêts maladie dans la fonction publique serait rétabli en 2018. Faire peau neuve avec une vieille mue, voilà le programme Macron-Philippe.

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Une promesse bien tenue

Gérald Darmanin, Ministre de l’Action et des Comptes publics, a annoncé ce jeudi 6 juillet le rétablissement du jour de carence pour les arrêts maladie dans la fonction publique à partir de 2018. « Conformément à l’engagement du Président de la République » qui en avait fait une promesse de campagne avant son élection.

L’une de ces promesses qu’il n’aura en effet pas de mal à tenir, aux côtés de celles qui avancent dans la destruction par ordonnance de Code du travail et de nos droits démocratiques. Le très moderne gouvernement Macron remet au goût du jour une mesure pas du tout nouvelle. Le jour de carence avait déjà été restauré par Sarkozy le 1er janvier 2012, puis supprimé par Hollande en janvier 2014, dans la continuité des politiques de la « gauche socialiste » de drague des salariés de la fonction publique.

Interdiction de tomber malade

Aujourd’hui, les travailleurs de la fonction publique ne perdent rien sur leur paie lorsqu’ils sont en arrêt maladie. Au contraire de ceux du secteur privé, qui eux subissent 3 jours de carence et ne sont payés qu’à partir du quatrième jour de congés. A partir de 2018, les salariés du public se verront également sucrer un jour de paie lors de leurs arrêts maladie. De sorte à ce que la plupart des petits problèmes de santé quotidien, qui demandent en toute logique un voire deux jours de repos, ne soient pas à la charge de l’employeur mais bien celle de l’employé.

Rhume, intoxication alimentaire, usure musculaire ou simple fatigue légitime ; les aléas de la vie ne seront plus des prétextes valables pour autoriser son corps, principal outil de travail, à un peu de repos mérité. Des corps réduits à l’état de machines exploitables au maximum, à la différence que les machines elles, n’ont pas d’interdiction légale de tomber en panne.

Malade… du travail

Une ponction sur salaire d’autant plus révoltante que grand nombre de nos « aléas quotidiens » sont causés par nos conditions de travail même. « C’est une mesure profondément inéquitable. L’État ne compensera pas la perte de salaire des fonctionnaires et cela ne résout en rien les problématiques de fond qui sont la dégradation des conditions de travail avec des conséquences très lourdes pour la santé des agents », déclare ainsi Denis Turbet-Delof (Solidaires).

En 2008 déjà, les recherches estimaient que les troubles-musculo-squelettiques (TMS), représentants plus de 80 % des maladies professionnelles, étaient en augmentation de 13 % chaque année depuis 1995. Et ce dû aux changements dans l’organisation du travail, la course à la rentabilité, le flux tendu, la spécialisation et donc répétition perpétuelle des mêmes gestes, etc.

Les dix dernières années n’ont fait qu’accroître les facteurs d’émergences des maladies professionnelles, et les plans de Macron, de diminution des temps légaux de repos, de « flexibilisation » de la durée de travail etc ne peuvent qu’être source de plus de maladies professionnelles qui ne seront dorénavant plus indemnisées.

Publics ou privés : des corps, pas des machines !

Se voulant rassurant, Darmanin a précisé que cette mesure visait à « rétablir l’équité entre le public et le privé », rapprochant la "petite" misère des fonctionnaires - dont le gel du point d’indice est à nouveau annoncé pour 2018 - de la grande des salariés du privé.

Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, l’un des « partenaires sociaux » bien actifs dans le dialogue avec le gouvernement et qui a qualifié dans un communiqué commun avec L’Unsa et la CGC-CFE les réformes en cours de « nécessaires », s’est targué quant à lui d’un petit effet subversif. Il a ainsi déploré sur BFM-TV que cette mesure soit « une manière de stigmatiser les fonctionnaires pour un rendement financier qui n’est pas si extraordinaire que ça », rappelant que « 65 à 70% des salariés du privé n’ont pas du tout de jours de carence ».

Stigmatisation certes, mais le rétablissement des jours de carence est bien plus qu’un problème d’image. C’est le choix entre creuser un peu plus le rouge de son compte en banque ou abandonner totalement son corps au roulement des machines, ses tympans aux bips des caisses, ses mains aux effluves brûlantes des cuisines, son dos aux palettes de fournitures, et ses poumons aux substances cancérigènes des pneumatiques.

C’est ce que rappelle Martinez, secrétaire général de la CGT : « Posons les vrais problèmes et arrêtons d’opposer les salariés entre eux public/privé, arrêtons de culpabiliser les salariés » a-t-il déclaré ce vendredi. Regrettant plus loin que « ceux qui ont des droits sont devenus des privilégiés et la norme devraient être ceux qui n’ont pas de droits ». Une raison de plus pour que Martinez stoppe immédiatement les « consultations » avec le gouvernement, des négociations qui, en plus d’apparaître comme la caution de gauche du gouvernement, nous désarment face aux attaques à venir.

L’huile de friture des cantines publiques brûle tout autant que celle de Mc Donalds, et les sonneries de téléphone des secrétariats d’université vrillent tout autant les oreilles que celles des bureaux de Total. Public et privé, « l’équité » entre les deux ne doit pas être celle d’un nivellement par le bas, mais bien d’un « tous ensemble » pour imposer par la lutte ce qui nous revient de droit : la préservation de notre principal outil de travail, mais aussi de vie, qu’est notre corps.


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