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Leurs guerres, nos morts

Attaque au couteau à Paris : un sous-produit de la barbarie qui sévit dans le monde

Le scénario semble se répéter : une attaque sordide au couteau revendiquée par l’Etat Islamique, dans le quartier de l’Opéra à Paris, un mort et quatre blessés et une surenchère sécuritaire animée par les médias, le gouvernement, la droite et l’extrême droite. Une instrumentalisation qui masque l’essentiel : la barbarie qui sévit à travers le monde, et dont l’attentat de samedi soir n’est qu’un sous-produit.

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Crédit photo : Thomas Sanson / AFP

20h30, dans le quartier de l’Opéra Garnier, c’est une scène d’effroi qui saisit les rues de Paris. Un homme, armé d’un couteau, attaque les passants au hasard. Il touche mortellement un homme de 29 ans et fait quatre blessés, qui ont été déclarés hors de danger depuis dimanche. Quinze minutes plus tard, il est abattu par la police. L’attentat de ce Français de 20 ans et d’origine tchétchène est revendiqué quelques heures plus tard par l’Etat Islamique. Cet acte doit être qualifié et condamné pour ce qu’il est : un acte barbare face à des victimes innocentes et désarmées.

Très vite, comme à chaque fois dans ce genre d’affaire, l’opération d’instrumentalisation de l’affaire s’accélère, dans une surenchère sécuritaire désormais bien rodée. Un discours clé en main… et qu’importe si ça ne correspond pas tout à fait, voire pas du tout à la réalité. L’assaillant est décrit par certains médias comme un « homme d’origine nord-africaine » (sic). Il est également présenté comme un « radicalisé », sur la simple base de la fiche S dont il fait l’objet. On oublie cependant de préciser que s’il avait bien été entendu par la Section antiterroriste de la brigade criminelle en avril dernier, c’était en raison de « ses liens supposés avec un homme dont l’épouse était partie en Syrie ». Depuis aucun autre élément n’a pu être apporté sur la « radicalisation » de ce jeune homme.

Ces omissions et ces approximations ne sont pas neutres : elles sont les produits d’une opération qui vise à construire un discours ultra-sécuritaire et xénophobe qui n’a pour seul but que de légitimer l’arbitraire répressif et d’appeler à son renforcement. Tout, dans la reconstruction du récit de l’histoire qui est fait par les médias dominants, vise à montrer que l’Etat n’en fait pas assez. Pourtant, l’offensive liberticide et autoritaire n’en finit pas, comme en témoigne notamment l’entérinement de l’état d’urgence dans le droit commun depuis octobre 2017. Et dans l’attaque qui a eu lieu samedi soir, rien ne montre un relâchement de l’Etat, bien au contraire. Un homme fiché S pour ses « liens supposés » avec un autre homme, des forces de police qui interviennent en quelques minutes… Il y a bien sûr un niveau supérieur, comme la proposition de rétablir les camps de concentration pour les musulmans jugés suspects comme le proposent la droite et l’extrême-droite.

S’il y a bien un échec des gouvernements successifs, et dont ne parlent jamais les grands médias, c’est celui du retour de la « paix » et la « prospérité » au nom desquels sont vendues les guerres de l’impérialisme français depuis plusieurs décennies. A commencer par l’opération d’éradication de Daesh, qui est présentée comme une grande réussite sur le terrain militaire, mais qui n’a pourtant jamais empêché que les attentats se perpétuent. Au contraire, l’affaiblissement de l’organisation, qui a perdu son califat, renforce sa volonté de frapper à l’aveugle, à l’aide de méthodes toujours plus sommaires. Surtout, les tonnes de bombes larguées au Moyen-Orient, comme en Syrie récemment, ne font qu’alimenter la haine de l’Etat français et alimente les vocations mortifères.

Une question qui ne concerne pas que le Moyen-Orient, théâtre principal de l’impérialisme français aujourd’hui, car si le jeune français responsable de l’attentat est présenté comme un « soldat » de l’EL, il est originaire d’une autre région que le califat islamique : la Tchétchénie, petit territoire à la population à majorité musulmane prisonnier de l’emprise russe. Or aujourd’hui, selon les chiffres officiels, 7 % à 8 % des personnes souhaitant quitter la France pour la Syrie ou en revenir sont d’origines tchétchène. Et l’histoire de cette république est symptomatique de la barbarie qui sévit dans le monde avec la complicité, directe ou indirecte, de l’impérialisme français. Deux guerres menées par l’agresseur russe et des estimations qui oscillent entre 100.000 et 300.000 morts, pour la plupart civils, plus proches du génocide que de la guerre conventionnelle. Et un silence assourdissant des puissances européennes trop occupées à négocier des accords bilatéraux avec la puissance russe qui s’ouvrait alors aux investissements économiques étrangers après l’effondrement de l’URSS.


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