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Macron veut récupérer l’indignation

Attaque de Strasbourg : le gouvernement instrumentalise l’émotion contre les gilets jaunes

Ce mardi, la fusillade du marché de Noël de Strasbourg a fait trois victimes et treize blessés. Cet acte barbare, dont on ignore encore les motivations, est instrumentalisé par le gouvernement pour « appeler les lycéens et les gilets jaunes à mettre un terme à leur mobilisation ». Prétexte sécuritaire, non-respect des victimes, responsabilité indirecte des gilets jaunes, accusation de complotisme, tout est bon pour en finir avec les gilets jaunes.

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La fusillade a fait 3 morts et 13 blessés, tous des passants sauf un militaire lié à l’opération Sentinelle. Le suspect serait un homme de 29 ans, connu des services de police pour des délits de droit commun, mais « jamais connu pour des délits pour terrorisme » a expliqué ce matin Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’intérieur sur l’antenne de France inter. Si « la motivation de l’acte n’est pas encore établie » a-t-il précisé, - pas de revendication à cette heure par une organisation – ses modalités, la fusillade dans un lieu public et passant, sont d’une barbarie qui n’est pas sans rappeler l’attaque de Charlie Hebdo et du 13 novembre 2015.

Si des informations concernant l’attaque restent encore inconnues, le choc, l’indignation et l’émotion sont légitimes. Ce qui l’est moins, c’est que le gouvernement les utilise à des fins politiciennes pour tenter d’étouffer la prochaine journée de manifestation des gilets jaunes. Car depuis ce matin, les injonctions gouvernementales à stopper la mobilisation des gilets jaunes et de la jeunesse se sont multipliées.

Christophe Rouget, secrétaire général adjoint des cadres de la sécurité intérieure, a ainsi appelé les « lycéens et les gilets jaunes à mettre un terme à leur mobilisation pendant le temps » de la recherche du suspect en fuite. Le chantage ne porte plus seulement sur le prétexte, déjà sécuritaire, de « faire le jeu des casseurs » comme ce fut le cas samedi dernier, et de justifier la féroce répression dont Paris a été le théâtre. Les manifestants se trouvent désormais pointés comme responsable de la fusillade. C’est du moins ce qu’insinue Christophe Rouget quand il précise que « les policiers étaient déjà mobilisés avec les gilets jaunes et les lycéens ». C’est aussi la réponse qui est donnée du côté du ministère de l’Intérieur qui est actuellement interrogé sur son niveau de vigilance et de sécurité. Dans le Parisien, une fuite (très contrôlée) venue des services de police précise même que « les CRS du marché du Noël avaient été déplacés sur les manifs de lycéens ». Ce sont les manifestants, « gilets jaunes et lycéens », qui se trouvent désormais sur le banc des accusés et dénoncés pour faire le lit du terrorisme.

Dans ce contexte, rien d’étonnant à ce que les « thèses complotistes pleuvent dans les groupes de gilets jaunes ». Rendre le gouvernement responsable de cette fusillade n’a, bien sûr, rien de crédible, et ne repose sur aucun fait tangible. Mais l’instrumentalisation politique – attestée par les multiples déclarations des membres du gouvernement et des membres du ministère de l’Intérieur -, elle, est bien en marche. « Il y a eu un événement dramatique à Strasbourg […] Je pense que le mouvement doit cesser » a déclaré la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, dans la même ligne que Castaner.

« Par simple décence, il ne faut pas que les gilets jaunes manifestant samedi » a renchéri le journaliste Jean-Michel Apathie sur Europe 1. La pression est autant politique que médiatique : c’est la bataille de l’opinion que le gouvernement souhaite désormais gagner en utilisant la fusillade de Strasbourg.

Car si les propositions du président, lundi soir, ont tenté de désamorcer la mobilisation des gilets jaunes, elles n’ont pas pour l’instant les effets escomptés : selon l’enquête Odoxa pour le Figaro, 59% des sondés n’ont pas été convaincus par le président et toujours 64% à soutenir la mobilisation des Gilets Jaunes selon le sondage Opinion Ways pour LCI. Ce qui, du point de vue du gouvernement, est largement insuffisant en rapport au recul concédé, même sur la forme. Mais aussi et surtout, en dépit du climat de terreur instauré par Edouard Philippe et Christophe Castaner, le nombre de manifestants n’a pas décliné ce 8 décembre (environ 130 000 selon le ministère de l’Intérieur soit autant que le 1er décembre).

De la même manière que de nombreux manifestants se sont mis à genoux en soutien et en solidarité aux lycéens de Mantes-La-Jolie, ce n’est pas au gouvernement de nous imposer la manière dont on commémore les victimes de l’attaque de Strasbourg.

Face à un gouvernement aux abois, prêt à aller jusqu’à instrumentaliser l’émotion et l’indignation populaire pour en finir avec le soulèvement des gilets jaunes et éviter toute jonction avec la mobilisation lycéenne, la seule manière de répondre, c’est en amplifiant et faisant converger nos mobilisations. Cela passe d’abord par imposer que les manifestations déjà prévues le vendredi 14 décembre ou encore l’acte 5 prévu le lendemain se maintiennent.

Cette instrumentalisation de l’émotion populaire n’est qu’en définitive l’expression d’un gouvernement à l’agonie. Il a reculé face à la rue pour la première fois de son quinquennat. Ce dont il a peur c’est qu’on continue et qu’on converge dans un « tous ensemble » par la grève et nos manifestations !


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