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Extension de la grève

Aux aurores, ambiance explosive sur les dépôts de bus entre grévistes RATP, profs et étudiants

Lundi un grand nombre de piquets de grève et blocages étaient organisés sur des dépôts RATP ou SNCF pour empêcher les non-grévistes d'assurer un service minimum. Les étudiants, les hospitaliers et les enseignants mobilisés, en empêchant les bus de sortir, se joignent à l'objectif d'étendre la grève à l'aune de cette semaine qui s'annonce cruciale tant pour le gouvernement que pour le mouvement. 7 dépôts sur 25 ont été bloqués, dans une ambiance explosive : les grévistes sont prêts à défendre leur mouvement jusqu'au bout contre les manoeuvres du patronat pour les remplacer.

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Crédit photo : O Phil des Contrastes

Sept dépôts RATP bloqués lundi matin : récit d’une journée d’actions

Rendez-vous matinal pour les secteurs mobilisés. 4 heures du matin pour surprendre les supérieurs et éviter de se faire déloger par la police en amont du pic de trafic. Le mot d’ordre avait tourné sur quelques boucles et dans les AG pour ramener un maximum de personnes sans mettre en cause la réussite de l’action. Ils étaient plusieurs centaines en tout à bloquer les dépôts de bus de Flandres, Aubervilliers, Genevilliers, Carrefour Pleyel, Asnières ou encore Lagny.

Alors que la grève entre dans le dur, et que la semaine s’annonce décisive pour la suite du mouvement, il s’agissait de contribuer un maximum au blocage des transports, un élément clé de l’extension de la grève vers son caractère de masse. Et si la RATP, la SNCF et le gouvernement font des contrats avec des entreprises privées pour casser la grève, les secteurs mobilisés s’allient pour la renforcer.

Etudiants, enseignants, cheminots, hospitaliers en soutien aux grévistes RATP

Les étudiants étaient nombreux dès 4 heures du matin pour bloquer les bus. Déjà mobilisés sur les piquets et malgré la répression administrative qui les empêche de s’organiser sur leurs lieux d’études, une centaine d’étudiants de Paris 8, Paris 1, Paris 7 ont participé à ces différentes actions de soutien, afin de souligner le rôle que peut jouer la jeunesse dans l’extension de la grève. Plusieurs banderoles ont été déployées pendant l’action, soulignant le rôle de la jeunesse et la convergence des luttes (à Lagny, une banderole "Etudiants, travailleurs, chômeurs : tous solidaires"), ainsi que l’importance pour les étudiantes et travailleuses de prendre part au combat (à Flandres, "Violences, précarité, Toutes en guerre").

Cette présence de la jeunesse aux cotés des travailleurs a été fortement saluée par les grévistes, émus de ce soutien qui rappelle l’alliance victorieuse des étudiants et des travailleurs en mai 68. Parmi ces étudiants, quelques militants écologistes pour qui le soutien aux travailleurs des transports publics semblaient importante, après plusieurs mois de mobilisation contre le réchauffement climatique et l’aggravation des inégalités dans le monde. Tandis que dans les AG les grévistes rendent souvent hommage à la jeunesse et rappelle se battre pour elle aussi, les jeunes étaient présents pour porter leurs revendications, écologiques, contre la précarité et pour un avenir digne tout en chantant leur soutien aux grévistes et la solidarité avec les travailleurs.

Images du blocage du dépôt de Flandre ce lundi matin :

Ce sont aussi des enseignants, un des piliers du mouvement avec des taux historiques de grève le jeudi 5, qui se sont rassemblés devant les dépôts de la région parisienne pour apporter leur renfort aux grévistes de la RATP, qu’ils commencent à côtoyer dans les différents cadres d’auto-organisation et dans les manifestations. Déjà le jeudi 5, une équipe de profs avaient participé à la première action de blocage à Pleyel, et fait passer le mot sur l’efficacité d’un tel coup de pouce aux grévistes.

Un enseignant gréviste de Pantin venu aider à bloquer le dépôt de Flandre explique la raison de sa venue :

Des hospitaliers étaient également présents sur quelques dépôts, un des premiers secteurs à entrer dans la danse de la contestation l’année dernière, réveillé par le mouvement des gilets jaunes auquel une grande partie des travailleurs précaires de l’hôpital avait pris part.

« Ils sont de ceux qui cassent la grève, nous sommes de ceux qui la soutiennent »

"Ils sont de ceux qui cassent la grève, nous sommes de ceux qui la soutiennent" était repris en cœur par les étudiants et les travailleurs, comme le célèbre chant des gilets jaunes "On est là (…)". Malgré l’arrivée de la police sur les lieux, les manifestants et les grévistes ont continué de chanter sous la pluie, créant des chaines devant le piquet pour éviter que les policiers le sabotent. La journée a continué après les interventions des policiers (parfois avec une charge comme à Lagny), autour d’un petit-déjeuner avec les grévistes puis en Assemblées générales, qui ont toutes reconduit la grève à demain.

Le blocage du dépôt de Lagny, réprimé par les forces de l’ordre, qui ont débloqué le dépôt pour laisser passer les briseurs de grève :

A Flandre, malgré l’arrivée de la police, le blocage continue dans une ambiance au son des chants des grévistes et des étudiants :

Cette action est l’expression d’une radicalisation à la base de la grève, qui rompt progressivement avec les différentes règlementations anti-gréviste mises en place ces dernières années. Après les grèves sauvages sans D2i aux technicentres de Chatillon et du Landy, les blocages renouent avec la tradition du piquet de grève et participent à radicaliser le mouvement. En ce sens, la présence d’autres secteurs de la mobilisation est le signe que ce dernier commence à prendre, non seulement aux vues des pertes économiques faramineuses que le blocage de la production engendre, mais aussi aux vues de la solidarité et la coordination que cela fait naitre dans les gares, les écoles, et les dépôts de bus.

Lundi ont également eu lieu des actions de blocage au niveau des lignes de métro. A Porte de Clignancourt notamment, les conducteurs de la ligne 4, accompagnés de machinistes du dépôt de Belliard huent les non-grévistes casseurs de grève :

Alors que mardi s’annonce comme une journée inter-professionnelle importante, ces actions de blocage ont renforcé le moral des travailleurs et l’impact de la grève : à la place d’un bus sur deux tel qu’anticipé par la direction, seul un bus sur trois a pu circuler jusqu’à 10h du matin. Dans le même sens, une action sur la ligne 4 a engendré sa fermeture totale. Dès les premiers jours de la grève, ce type de victoire forge des liens très forts entre les principaux secteurs mobilisés, contre tout corporatisme et consolide les dynamiques inter-professionnelles qui se mettent en place. C’est aussi l’occasion pour tous les habitants d’un quartier de soutenir le mouvement et de s’organiser autour de cet objectif commun.


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