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Bernard-Henri au pays des Gilets jaunes

BHL, infatigable VRP de Macron

Au lendemain de l'Acte III, BHL exhortait dans les colonnes du Point les Gilets jaunes à renoncer à l'Acte IV en leur suggérant « d'avoir l'audace de s'arrêter ». Quelques semaines plus tard et une année plus loin, nous avons une bonne et une mauvaise nouvelle : les Gilets jaunes ont oublié d'entendre BHL et préparent désormais l'Acte X - c'est la bonne nouvelle. BHL a oublié de se taire – c'est la mauvaise.

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La grande marche de BHL

Dans un article publié mené par Daniel Fortin et Nicolas Barré le 11 janvier dans Les Echos, Bernard-Henri Levy livre une interview complètement lunaire sur le mouvement des Gilets jaunes et sur la politique de Macron.

Commençant d’emblée par sortir les violons de la République, BHL nous confie qu’il est « attristé » par - ranger les violons, sortez les flashballs- « l’indulgence stupéfiante » dont bénéficient les violences commises par les Gilets jaunes contre « les maisons de la République ». Alors que les Street medics s’organisent pour secourir les manifestants qui se font tabasser par les CRS, BHL se dit « frappé par la volonté d’écoute [des] élites […] dont le principal souci semble être, non de réprimer, mais de comprendre et, peut-être, de réparer. »

Daniel Fortin et Nicolas Barré, plein de hardiesse, demandent ensuite à BHL si « Macron a [...] une responsabilité directe dans cette dégradation du climat social, qui tranche avec l’espoir qu’avait soulevé son élection ». Tandis que le lecteur des Echos vibre au souvenir héroïque de ce 7 mai 2017 qui devait permettre d’en finir avec les luttes sociales et d’introniser la Star-up Nation ; le lecteur de Révolution Permanente se souvient, lui, des 13 % du premier tour qui ont mis Macron au pouvoir et de la détestation dont il faisait l’objet bien avant sa prise de fonction.

BHL le penseur nous livre sa pensée : c’est un problème de « com ».

Exit le clivage entre la France d’en haut et la France d’en bas, ou pour le dire en termes marxistes, entre le prolétariat et la bourgeoisie. Pour BHL, la tâche de Macron face aux Gilets jaunes, c’est de faire tenir la République face à une mobilisation qui serait héritière des mouvements fascisants des années 30. En ce qui nous concerne, les revendications développées par les Gilets jaunes au fil des actes, de l’augmentation du SMIC à la révocation des élus, nous rappellent davantage Mai 68 où la Commune de 1871...ce qui ne devrait malheureusement pas lever les inquiétudes de notre marcheur scribouillard.

Dans un dernier mouvement journalistique, Bernard-Henri est mis sur la sellette alors qu’il doit répondre à une question des plus subversives qui fleure bon le placement de produit :

« Vous lancez, à partir du 5 mars prochain, une tournée théâtrale dans plusieurs villes européennes où vous serez seul en scène pour alerter les opinions sur la nécessaire refondation de l’Europe. Pourquoi une telle initiative maintenant ? » Notre lanceur d’alerte sait que la démarche lui fait risquer gros - il est recordman du monde en entartrage. Il refuse néanmoins de se dérober face aux élections européennes qui approchent et, en infatigable VRP de Macron, compte bien donner de sa personne pour soutenir son programme.

Pour BHL, ce qui empêche l’Union européenne d’être progressiste, c’est qu’elle n’est pas assez intégrée. La solution tient dans la fédéralisation plus grande qui permettra enfin à l’UE de répondre aux nouveaux enjeux : « Le climat (sic), l’argent fou (re-sic), la question de l’hospitalité due aux migrants (rere-sic) ».
On savait BHL que évoluait dans les hautes sphères, mais on le croyait philosophe, pas astronaute.

La lutte des classes, c’était mieux avant

Faisant fi de la chronologie de l’entretien, nous avons gardé le meilleur pour maintenant. Dans le troisième paragraphe de l’interview, BHL nous fait part de sa nostalgie pour le « prolétariat d’autrefois, » qui d’après l’image fantasmée qu’il s’en fait, ne demandait qu’à rentrer chez lui une fois la revendication obtenue. Ce qui chiffonne aujourd’hui notre révolutionnaire de velours, c’est que le Gilets jaune a obtenu gain de cause sur la taxe qui a mis le feu au poudre...mais a refusé de rentrer chez lui jouir des nouvelles libéralités de la République. Et de fait, en Gilejaunie, personne n’est venu siffler la fin de la partie -les syndicats n’ont pas eu ce poids pour terminer le mouvement- et tout le monde a continué à manifester.
Au cours des actes, des centaines de milliers de sans-voix ont compris qu’ils pouvaient enfin se faire entendre et même au-delà de ce qu’ils avaient imaginé au départ. BHL pense peut-être qu’il s’agit d’un jeu dont les Gilets jaunes n’ont pas respecté la règle de départ. Alors qu’il s’agit d’une lutte, une lutte de classe dont la seule règle est le rapport de force.

« A tout seigneur tout honneur », finissons quand même par reconnaître une qualité à BHL : la constance de la servilité dans la tempête de la bourgeoisie. Aux côtés du capitaine Macron bien avant l’abordage de l’Elysée, notre philosophe n’a toujours pas quitté le porte-avion devenu rafiot.


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