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Leur démocratie

Bayrou veut « moraliser la vie politique ». C’est l’hôpital qui se moque de la charité !

Première mesure législative entreprise par le nouveau gouvernement, la loi sur la moralisation de la vie politique a été présentée mercredi en conseil des ministres. Et cela aurait pu être une bonne opération médiatique pour le nouveau gouvernement si son principal instigateur n’était pas lui-même impliqué dans des affaires d’emplois fictifs liées au Modem.

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Un chevalier pas si blanc.

C’était son grand projet. LA condition pour une alliance avec Emmanuel Macron. François Bayrou, sur son grand cheval blanc, a présenté mercredi sa loi pour « la confiance dans la vie démocratique » en Conseil des ministres. Pourtant, François Bayrou, tout preux chevalier qu’il se présente, est mêlé à pas moins de trois affaires d’emplois fictifs liées au Modem entre 1996 et 2014. Une enquête a ainsi été ouverte Vendredi dernier par le parquet de Paris afin d’estimer si le Modem, dont il est le président, a salarié des employés en les faisant passer pour des assistants parlementaires européens. Et on peut dire que ça sent le roussi pour le Garde des sceaux puisque le Canard Enchaîné a dernièrement révélé que l’ancienne secrétaire particulière de François Bayrou lui-même, Karine Aouadj, était rémunérée en tant qu’assistante parlementaire de Marielle de Sarnez alors qu’elle travaillait exclusivement pour le compte du président du Modem. Difficile d’envisager qu’il n’était pas au courant. Ces révélations viennent faire écho aux déclarations de Nicolas Grégoire et de Corinne Lepage qui avaient déjà fait état des illégalités pratiquées au sein du parti centriste.

« J’ai confiance » en la justice.

Interrogé sur ces affaires, le président du Modem s’est déclaré « confiant » sur l’issue de l’enquête judiciaire qui saura selon lui « établir les faits ». Et c’est bien sûr plein de sérénité que François Bayrou a décidé de contacter le directeur de la cellule investigations de Radio France, Jacques Monin, afin de le dissuader de continuer les investigations à son sujet. L’appel survient quelques heures avant que le scandale n’éclate et celui qui se plaint « des méthodes inquisitrices des journalistes » menace également de « porter plainte pour harcèlement ». Preuve du sentiment de toute puissance qui caractérise la classe politique, François Bayrou ne s’attendait apparemment pas à ce que le contenu de cet appel téléphonique fuite dans la presse et s’est défendu tant bien que mal en invoquant l’acte « citoyen ». Cet épisode fut l’occasion d’assister aux toutes premières dissensions au sein du gouvernement puisque, se faisant rappeler à l’ordre par le premier ministre, le garde des sceaux a rappelé que personne n’était en mesure de le faire taire.

Un projet de loi symbolique…

Au menu de ce projet sur la moralisation de la vie publique, quelques mesures phares parmi lesquelles l’interdiction pour les élus d’employer tout membre de leur famille, faisant ainsi directement écho à l’affaire Fillon. La loi prévoit aussi un remboursement des frais réels sous présentation de facture pour remplacer l’indemnité représentative de frais de mandat, indemnité qui a notamment permis à l’actuel ministre de la cohésion et des territoires, Richard Ferrand, d’acquérir sa permanence parlementaire puis de s’enrichir personnellement en en revendant une partie. Entre autres mesures, notons aussi la suppression de la réserve parlementaire et une peine d’inéligibilité de dix ans maximum pour toute personne condamnée dans une affaire d’atteinte à la probité (fraude fiscale, détournement d’argent, corruption…). En somme, quelques mesures qui ne visent qu’à répondre aux affaires qui ont été médiatisés ces derniers mois pour mieux les enterrer.


… de l’hypocrisie politique.

Ce premier projet de loi sous la présidence Macron est présenté alors que des mises en examen concernent déjà deux membres du gouvernement dont le porteur de cette loi lui-même, François Bayrou, de quoi en ternir fortement la portée et la légitimité. Car il est difficile de croire qu’un véritable effort sera fourni par la caste politique pour mettre fin à des pratiques dont elle bénéficie allègrement depuis des lustres, et qui sont au cœur du système politique soit-disant démocratique qu’ils défendent. Ces mesures, qui n’apparaissent comme rien d’autre que de la poudre jetée aux yeux des électeurs, sauront sans doute trouver leurs soutiens au sein des parlementaires, gauche comme droite sachant s’allier lorsqu’il s’agit de défendre leurs privilèges de caste.

crédit photo : WITT/SIPA


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