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Révélation du Canard Enchainé

Benalla, le 4ème passeport et le téléphone « secret-défense »

Ce n’est pas de un mais de quatre passeports dont a bénéficié Alexandre Benalla, avec un téléphone portable crypté, laissés à sa disposition jusqu’au 11 janvier dernier. Ces dernières révélations du Canard Enchainé viennent compléter les informations divulguées par Médiapart. Et mettent un peu plus dans l’embarras le cercle présidentiel à l’heure du « Grand Débat » et de la reprise de l’investigation sénatoriale sur l’affaire.

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On savait par Médiapart qu’Alexandre Benalla continuait à voyager pour des affaires officiellement privées avec un passeport diplomatique. Le Canard Enchainé nous apprend ce mercredi que ce passeport diplomatique lui a été délivré le 28 juin 2018. Soit plusieurs semaines après les violences commises lors du 1er mai 2018, et après la prétendue mise à pied dont il aurait été l’objet et derrière laquelle le cénacle présidentiel s’est retranché pour se protéger. Une preuve de plus que l’Elysée n’a jamais vraiment souhaité prendre des sanctions contre Benalla.

Ce type de passeport permet de voyager en profitant de l’immunité diplomatique et sans avoir besoin de disposer d’un visa. Un passe-droit fort utile pour qui souhaiterait se rendre, en toute discrétion, dans des Etats à la réputation peu louable. On pense bien évidemment à son voyage au Tchad en décembre, où il a rendu visite au frère du président Idriss Déby, Oumar Déby, lui-même directeur de la réserve stratégique du pays. Ou encore à ses rencontres « d’affaires » à Londres avec Alexandre Djouhri, proche de Nicolas Sarkozy et protagoniste clé de l’affaire libyenne.

On apprend aussi, ce mercredi, que ce passeport mis à disposition d’Alexandre Benalla par l’Elysée est en réalité le 4ème. « Au total » note le palmipède, l’ancien garde du corps du président « disposait donc de quatre passeports spéciaux : deux diplos et deux de service, si l’on compte celui qui a été établi lorsqu’il travaillait à la délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer ». Et qu’Alexandre Benalla l’a conservé jusqu’au 11 janvier 2019, tout comme un téléphone « Teorem » crypté et protégé, « un joujou électronique » fourni par l’Elysée et qui doit être obligatoirement rendu dès lors que son utilisateur quitte ses fonctions sous peine d’un risque de « trois ans de taule et 45 000 euros d’amendes ». Il s’agit d’un « appareil classé secret-défense, utilisé par le président de la République et les huiles de l’Etat – civils et militaires- pour leurs communications ultra-sécurisées » précise le Canard du 16 janvier.

Un élément de plus qui alimente l’idée qu’Alexandre Benalla n’a jamais vraiment rompu ses liens avec l’Elysée et son protecteur, Emmanuel Macron. Et qu’il aurait continué à jouer un rôle clef pour le président. Réprimeur politique contre les opposants sur le terrain des manifestations comme lors du 1er mai ? Homme de main muni de passeports diplomatiques tissant les relations françafricaines de l’Elysée lors de ses voyages ? Le rôle exact qu’a pu et continue de jouer Alexandre Benalla auprès de l’Elysée reste flou. Ce qui est sûr, c’est que les faveurs dont il a continué à bénéficier à la suite des révélations du 1er mai montrent que ses exactions et ses violences contre des opposants politiques ont été couvertes, sa personne protégée, en dépit du fait qu’elles étaient parfaitement illégales du point de vue de la loi.

Face à l’extrême sévérité de la répression policière et judiciaire des Gilets Jaunes, en particulier dans le cas de Christophe Dettinger, l’affaire Benalla devient le miroir de cette justice de classe qui protège la violence des riches et des puissants et condamne et punit celles des manifestants, de ceux qui réclament à « vivre dignement ».

Le dernier rebondissement de cette affaire Benalla qui court depuis l’été jette un peu plus le pouvoir dans l’embarras. Comme seule défense, Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron a, pour l’instant, expliqué avoir « oublié » de récupérer le passeport et le téléphone en question. Christophe Castaner et Jean-Yves Le Drian doivent passer ce mercredi 16 janvier devant la commission des lois du sénat chargée de mener l’enquête pour apporter de plus amples explications. On se doute que les réponses de ces proches du président n’apporteront pas beaucoup plus d’éclaircissements. Reste le coup politique de cette dernière révélation. Alors que le « Grand Débat National » a été lancé mardi 15 janvier par le président lui-même pour endiguer et faire rentrer la contestation des gilets jaunes dans le giron macronien, le dernier épisode de l’affaire Benalla risque fort de lui piquer la vedette…


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