Ces derniers jours, Macron a fait comprendre qu’il souhaitait proposer une rencontre aux syndicats à l’issue de la décision du Conseil constitutionnel. Une annonce face à laquelle, ce mardi, sur le plateau de LCI, Laurent Berger a déclaré sans hésiter qu’il accepterait l’échange proposé. « Bien sûr qu’on ira si on reçoit une invitation pour aller à l’Élysée. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut dialoguer » avait répondu le secrétaire général de la CFDT.
Une position que le secrétaire général de la CFDT a réitérée et précisée avant le départ de la manifestation à Paris ce jeudi : « La CFDT ira partout où on peut faire progresser la situation des travailleurs. La question c’est quand, avec quelle méthode et sur quels sujets. Sur le quand il faut être très clair ça ne peut pas se faire sans un délai de décence. […] tout cela ne peut pas se faire dans une précipitation le lendemain ou le surlendemain d’une promulgation ».
Berger prêt à tourner la page des retraites ?
Des déclarations qui doivent être lues à l’aune d’une séquence où la CFDT prépare ouvertement sa sortie du mouvement. Après avoir appelé à reconnaître la décision des « sages », Laurent Berger a ainsi déclaré récemment « que la CFDT ne fera pas de manifestations pendant six mois ». Dans ce cadre, son acceptation, sans même attendre la décision du Conseil Constitutionnel, de l’invitation de Macron témoigne d’une disposition claire à tourner la page de la bataille des retraites et à renouer avec le « dialogue social ».
Une attitude idéale pour le gouvernement. Alors que la mobilisation est toujours en cours, celui-ci souhaite en effet tenter de canaliser la colère sociale et renouer avec les directions syndicales par le « dialogue », alors qu’il fait face à une profonde crise politique depuis le passage en force du 49-3. Face à l’instabilité du régime, des appels dans le même sens se sont d’ailleurs multipliés ces derniers jours du côté de la droite, du président du Sénat, Gérard Larcher, qui affirme que « la crise actuelle est liée au déficit du dialogue social ».
Berger répond aux appels au « dialogue social » de Macron et des droites extrêmes : il faut s’y opposer !
Alors que la direction de la CFDT se montre disposée à tourner la page des retraites, il est urgent de dénoncer les propos de Laurent Berger. Celui-ci n’a reçu aucun mandat de la base pour rencontrer Macron, qui a utilisé tous les outils les plus antidémocratiques de la Vème République pour faire passer son projet de réforme, cherche à enterrer la mobilisation en envoyant la police réprimer les travailleurs dans les manifestations et sur les piquets de grève, et se prépare à poursuivre ses offensives.
Renouer les fils du « dialogue social », qui a été l’un des outils les plus efficaces des gouvernements successifs et du grand patronat pour imposer leurs contre-réformes, comme cela a pu être le cas avec l’ANI sous François Hollande, est un piège. Le fait qu’un front réactionnaire, de Macron à LR qui en appelle au « dialogue social » devait être un indice suffisant que le monde du travail n’a rien à en attendre.
Contre cette perspective, les syndicats combatifs à la base, y compris dans les rangs de la CFDT, doivent prendre position en dénonçant ouvertement cette rencontre avec Macron et le « dialogue social » qui va avec !
