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International

Berlin : des soignants mobilisés contre la guerre en Ukraine et le réarmement allemand

A Berlin, 250 soignants se sont réunis en Assemblée générale ce 1e mars au sujet de la guerre en Ukraine. Ils y ont adopté une résolution contre l’invasion russe mais aussi contre la politique de réarmement portée par le gouvernement allemand. Il s’agit d’une première réponse politique de la classe ouvrière en Allemagne contre la guerre, qui doit servir d’exemple pour le monde du travail dans toute l’Europe.

Yunus Aktas

8 mars 2022

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Pendant une pause de l’assemblée, les travailleurs ont pris une photo avec une banderole "Non à la guerre !".

Le 1er mars, une grande assemblée générale des membres du syndicat de service ver.di des hôpitaux Charité, Vivantes et de leurs filiales s’est tenue à Berlin. Environ 230 travailleurs de la santé étaient présents à l’assemblée.
La première partie de la réunion a permis de faire le point sur le mouvement de grève de l’été 2021 et d’examiner comment les conventions collectives pour lesquelles ils se battent peuvent être contrôlées par les travailleurs.

Pendant une pause, les soignants ont pris une photo avec la banderole "Non à la guerre". Des banderoles telles que "Charité et Vivantes contre la guerre et le bellicisme" étaient également déployées dans la salle.

Cependant, le mouvement hospitalier de Berlin ne s’est pas contenté de cette photo, adoptant également une résolution qui condamne l’invasion russe et s’oppose au réarmement en Allemagne.

La motion, adoptée à une nette majorité et transmise à tous les membres du syndicat ver.di des hôpitaux de Berlin et à la conférence de district du secteur de la santé ver.di, était intitulée "Plus d’argent pour la santé et les soins au lieu de l’armement". Elle a été présentée par Yunus Aktas, membre de ver.di, étudiant infirmier et militant de klasse gegen klasse, et disait ceci :

"Nous sommes d’accord avec les déclarations suivantes qui ont été publiées par la confédération syndicale allemande (DGB) et le syndicat ver.di :

1) "En tant que membre du mouvement pour la paix, le DGB s’engage à œuvrer pour la paix, le désarmement et la compréhension internationale. Elle rejette les livraisons d’armes aux régions en crise". Communiqué de presse de la DGB 14.02.2022

2) "L’OTAN demande une augmentation des dépenses d’armement atteignant 2 % du PIB. Cela représenterait 30 milliards d’euros supplémentaires par an, qui pourraient être dépensés de manière beaucoup plus judicieuse : pour l’éducation et la santé, les logements sociaux, les hôpitaux, les transports publics, les allocations pour les personnes âgées, la restructuration écologique et l’aide internationale. Un million d’emplois pourraient être financés grâce à elle". Déclaration du comité exécutif national de ver.di en mai 2018

C’est pourquoi nous exigeons :

  • Non au réarmement !
  • Pour des investissements dans la santé, l’éducation, le social et le climat plutôt que dans la Bundeswehr [armée allemande] !
  • Plus de coupes budgétaires dans les services publics sous prétexte d’augmenter les dépenses d’armement.
  • Un financement suffisant pour soutenir ceux qui fuient la guerre et le despotisme.

La justification est la suivante :

Le 27 février, le gouvernement allemand a annoncé que la Bundeswehr [l’armée] recevrait 100 milliards d’euros de fonds spéciaux. Le budget militaire sera également augmenté au-delà de l’objectif de 2 % exigé par l’OTAN pour les années à venir. L’argent proviendra du budget fédéral de 2022.

Cette décision est censée être légitimée par le fait que la Russie a envahi l’Ukraine. En tant que mouvement hospitalier de Berlin et membres de ver.di, nous condamnons fermement l’invasion réactionnaire de la Russie. Cependant, nous pensons que le réarmement ne doit pas être une réponse à cela !

L’investissement de 100 milliards correspond à 20% du budget fédéral annuel. A titre de comparaison, seuls 24 milliards d’euros ont été investis dans le système de santé en 2021. Ainsi, le gouvernement fédéral veut investir autant dans le réarmement l’année prochaine que l’ensemble des dépenses consacrées au travail et au social au cours de la dernière année 2021.

Après deux ans de pandémie et plusieurs mouvements de grève, seule une partie du personnel de santé recevra un total d’un milliard d’euros de primes de soins. Pendant ce temps, des dépenses spéciales de 100 milliards d’euros pour les forces armées allemandes sont décidées du jour au lendemain. Ces 100 milliards d’euros pourraient être utilisés pour employer 200 000 soignants à un salaire de 4 000 euros pendant dix ans et ainsi atténuer la crise actuelle dans le secteur des soins."

Un premier succès politique contre le réarmement

Cette prise de position contre le réarmement, mais aussi la réaffirmation des revendications historiques du DGB contre l’envoi d’armes dans les zones de guerre et contre la politique de l’OTAN, montre clairement qu’il existe de nombreux militants syndicaux qui ne veulent pas suivre la vague actuelle de chauvinisme en Allemagne.

Il faut également y voir une réponse face à la position de la direction syndicale de la DGB et du leader de ver.di, Frank Werneke, qui ne sont plus clairement opposés au réarmement et à l’envoi d’armes dans les zones de guerre après le changement de politique du gouvernement fédéral.

Plus d’armes et d’armements n’apporteront pas la paix. Il est d’autant plus nécessaire de faire preuve de solidarité avec les opposants à la guerre en Russie qu’ils pourraient arrêter l’invasion russe en Ukraine par des actions et des grèves contre leur propre gouvernement. 100 milliards pour le réarmement n’aideront pas le peuple ukrainien ni les millions de personnes qui fuient. Au contraire, des investissements massifs sont nécessaires pour aider tous les réfugiés.

Il est maintenant important de suivre l’exemple du mouvement hospitalier de Berlin et d’adopter des résolutions similaires contre la guerre et le réarmement sur tous les lieux de travail et lors des réunions syndicales. En tant que membre du Réseau des syndicats militants (VKG), nous, Revolutionäre Internationalistische Organisation (RIO) et Klasse Gegen Klasse, voulons coordonner les activités dans les syndicats contre la guerre et le réarmement ensemble avec d’autres groupes politiques et syndicaux.

Si nous unissons nos forces, nous pouvons toucher de nombreux camarades et faire pression sur nos directions syndicales afin que l’ensemble du syndicat descende en masse dans la rue contre la guerre et le réarmement. Il est de notre responsabilité historique en tant que travailleurs en Allemagne d’empêcher une nouvelle escalade de cette guerre et de prendre une position indépendante contre notre propre gouvernement, qui s’arme pour de futures guerres.

Traduction : Flo Balletti


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