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The B is back

Beyonce fait défiler la fierté noire sur les écrans du Super Bowl

N.K Avec la sortie de son nouveau clip solo, « Formation », un inédit depuis 2014, Beyonce met au premier plan la communauté noire et fait référence au mouvement afro-américain, né des suites de l’assassinat de Trayvon Martin par un policier blanc en 2013 : #BlackLivesMatter. Et c’est devant 150 millions de téléspectateurs et 65 000 spectateurs du Super Bowl qu’elle a défilé avec ses danseuses pour une chorégraphie militaire, aux sons de « ladies, now let’s get in formation ». Une esthétique 70’s inspirée des Black Panthers pour incarner la fierté noire. Voilà de quoi faire taire les « haters » et surtout se joindre aux nombreux artistes noirs engagés qui ont et continuent à faire vibrer les cortèges, et animent la colère de la communauté afro-américaine, victime du racisme d’un état policier et assassin.

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Body-uniformes en rangs serrés, casquettes militaires et coupes afros, derrière la « Queen Be ». Les tambours ouvrent la danse, dont la rectitude martiale des rangées n’enlève rien au glamstyle d’un « booty » bien balancé. Beyonce est de retour. Le stade du Super Bowl résonne de sa toute dernière chanson « formation ».

Retour aux origines

Divulgué samedi dernier, à la veille du Super Bowl, le nouveau clip de Beyonce inonde déjà la toile. Il s’ouvre sur la diva, en robe longue, allongée sur une voiture de police immergée par les eaux. Image de La Nouvelle-Orléans, inondée en 2005 suite au passage de l’ouragan Katrina, d’une communauté pour l’essentiel afro-américaine laissée à l’abandon par les autorités, et de ses propres origines, celles de sa mère, la Louisiane.

« My daddy Alabama, Momma Louisiana.
You mix that negro with that Creole make a Texas bamma
 »

Pour la star mondiale, née au Texas, le retour aux sources est double : maisons immergées d’une ville dévastée par les eaux et maisons de maitre dans le style colonial français se confondent pour donner vie à un hymne à la beauté nègre, aux cheveux crépus et aux nez larges, et à la fierté d’être noir.

«  I like my baby hair, with baby hair and afros.
I like my negro nose with Jackson Five nostrils
 »

“ladies, now let’s get in formation”

Plus surprenant encore, le clip de Beyonce fait directement référence au mouvement « BlackLivesMatter » en incrustant l’image d’un graffiti « Stop shooting us » et surtout celle d’une rangée de policiers antiémeutes, mains en l’air face à un enfant noir dansant en face d’eux. À la fois dénonciation des crimes policiers et expression d’un renvoi symbolique à la police de la violence et de la peur que subit la communauté noire aux États-Unis, c’est ce que semble suggérer un des thèmes du refrain « cause I slay » (« car je tue/déchire ») et sa conclusion « Slay trick, or you get eliminated » (truc de tueur ou t’es éliminé).

Un tournant d’autant plus surprenant qu’icône du mouvement noir, Beyonce ne l’a pas toujours été. Si elle et son mari Jay-Z ont récemment offert des fonds et porté des cautions aux militants du mouvement BlackLivesMatter, la clipographie de Beyonce est davantage marquée par un certain « féminisme cool », que l’on pourrait critiquer comme revendication uniquement individualiste, que par une dénonciation systématique d’un racisme policier. Dans If I were a boy, sortie en 2008, on la voit s’incarner en fliquette, aux côtés d’un policier blanc, et passer violemment les menottes à un Noir américain. Côté fierté noire, on passera le « nose job » qu’elle a subi il y a quelques années.

D’autres artistes, repris largement lors des mobilisations qui ont tenu le pavé à la police depuis 2013, ont été bien plus conséquents que Beyonce pour dénoncer le racisme endémique que subit la communauté afro-américaine. On peut penser à D’Angelo’s avec son album Black Messiah sorti en 2014 dans la ferveur des événements de Ferguson, ou bien à la fameuse chanson de Kendrick Lamar, dont le refrain est devenu un hymne mêlé de révolte et d’espoir pour les opposants au racisme d’État : « We gon’ be alright ».


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