Réforme ou révolution ?

Bilan d’une politique désastreuse : Anticapitalistas à la lumière de la crise du NPA

Diego Lotito

Bilan d’une politique désastreuse : Anticapitalistas à la lumière de la crise du NPA

Bilan d’une politique désastreuse : Anticapitalistas à la lumière de la crise du NPA

Diego Lotito

Retour sur quelques leçons de la politique désastreuse de Anticapitalistas dans l’État espagnol, courant fondateur de Podemos, à l’heure où la direction historique du NPA semble vouloir mener une politique de ce type.

Un débat des deux côtés des Pyrénées

La récente défection de Pablo Iglesias a été la métaphore de la fin définitive du cycle de Podemos. [1] Dix ans après le 15M, le bilan ne pourrait être plus accablant. Pas un seul des objectifs de « démocratisation » portés par le mouvement issu des Indignés n’a été atteint. Parallèlement à l’expérience néo-réformiste de Podemos, une nouvelle caste « de gauche » a en revanche émergé. Ceux qui l’ont intégrée ont vu leur situation personnelle et patrimoniale s’améliorer de façon inversement proportionnelle à celle de la majorité de la population. Loin de conquérir une « démocratie réelle », Podemos (et ses partenaires d’Izquierda Unida) a fini par faciliter la recomposition de l’un des piliers du régime, le PSOE. Plus encore, ils ont généré les conditions de l’émergence de l’extrême droite.
La responsabilité de la nouvelle gauche néo-réformiste dans cette situation est indéniable. Les résultats dramatiques des élections à Madrid, où la droite s’est imposée même dans les quartiers ouvriers et populaires, en sont le dernier exemple. Mais le bilan de cette débâcle ne repose pas seulement sur Podemos et Izquierda Unida. En effet, ce moment néo-réformiste de la politique espagnole n’aurait pas été possible sans l’aide des « anticapitalistes » qui ont mis toutes leurs ressources et leur militantisme au service de l’émergence du parti de Pablo Iglesias.

Il y a peu de temps, Anticapitalistas a rompu avec le parti violet. Son bilan a été insuffisant, erratique et tardif. Désormais, selon la dernière définition de l’un de ses dirigeants, Anticapitalistas soutient que « l’anticapitalisme ne doit pas être l’aile radicale du front progressiste » car il s’agit d’une orientation « opportuniste » . [2] Pourtant, leur courant frère en France, l’ancien courant majoritaire du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), ouvre justement la voie à une liquidation du parti en le subordonnant à la France Insoumise.

Le NPA est né en 2009 sous l’impulsion de l’ancienne Ligue communiste révolutionnaire (LCR) française, suite à l’évolution politique du courant autoproclamé « Quatrième Internationale », que la plupart des militants de gauche désignent encore par son nom d’origine de « Secrétariat unifié » (SU) ou comme le courant « mandéliste », en référence à son principal dirigeant depuis l’après-guerre, Ernest Mandel.

Depuis les années 1990, le SU a opéré un virage stratégique. D’une part, il a abandonné la stratégie marxiste de destruction de l’État bourgeois (par la « dictature du prolétariat » ) pour « radicaliser la démocratie ». D’autre part, il a développé une nouvelle conception de la construction des partis, suggérant qu’il était nécessaire de construire des « partis larges » sans délimitation stratégique. C’est dans cette logique que le NPA a été fondé en 2009, avec un programme socialiste de « rupture » avec le capitalisme, mais sans établir de délimitation entre réformistes et révolutionnaires. En même temps, ce projet a permis l’intégration de diverses tendances en son sein, dont une partie qui mène leur propre politique et lutte pour un programme et une stratégie révolutionnaire. Parmi eux, un noyau de camarades de la FT-QI a mené la bataille pour construire un parti internationaliste véritablement révolutionnaire.

Dix ans et plusieurs ruptures plus tard, le NPA est passé de près de 10.000 membres à sa fondation à un peu plus de 1000 aujourd’hui, tandis que sa direction historique est prédisposée à finir de liquider le projet. D’une part, en promouvant des accords électoraux opportunistes avec la gauche institutionnelle pro-impérialiste de Mélenchon ; d’autre part, en l’éloignant de la lutte de classe alors que ces dernières années la France a donné lieu à d’énormes processus de radicalisation et de luttes ouvrières.

Contre cette politique liquidationniste, le Courant Communiste Révolutionnaire du NPA, né d’une poignée de militants membres de la FT-QI, a mis toute sa volonté militante pour intervenir dans ces phénomènes, en fusionnant avec ses secteurs les plus avancés, ainsi qu’avec des camarades qui s’inscrivent dans les meilleures traditions de l’« extrême gauche » française, dans le but de construire un parti ouvrier révolutionnaire fort. La présentation de la pré-candidature aux élections présidentielles de 2022 d’Anasse Kazib, membre du CCR, cheminot et l’un des principaux référents de l’avant-garde qui a mené ces processus de lutte, répond à cet objectif.

Comme l’explique Fredy Lizarrague, « l’expérience du NPA a été débattue dans le mouvement trotskyste depuis son apparition. Même des courants qui n’ont aucune insertion en France en général, et dans ce parti en particulier, se positionnent, reconnaissant la transcendance internationale de ce qui se passe ». [3] L’objet de cet article est de tirer quelques enseignements sur les résultats de la politique du mandélisme de ce côté-ci des Pyrénées, que la direction historique du NPA entend désormais reproduire en France.

Podemos : bref récit d’une politique opportuniste

En seulement cinq ans, Podemos a parcouru un chemin fulgurant qui a conduit nombre de ses dirigeants des places du 15M au palais de la Moncloa. [4] Le précédent le plus récent d’un parti néo-réformiste à la tête d’un État de l’Union européenne est celui de Syriza, qui est arrivé au pouvoir en Grèce en janvier 2015 et qui, en six mois, a capitulé devant la Troïka, appliquant les plans d’austérité les plus importants de l’histoire récente.

Dans le cas de Podemos, et de ses partenaires d’Izquierda Unida, ceux-ci ont obtenu des postes de ministres et un vice-président — Iglesias lui-même — dans le gouvernement dirigé et hégémonisé par le PSOE, l’un des piliers du régime espagnol. L’intégration du néo-réformisme au régime monarchique et impérialiste espagnol, comme celle entreprise par Rifondazione Comunista en Italie dans les années 90 — après la dissolution du Parti communiste italien — et comme l’expérience du Parti communiste français dans les gouvernements de François Mitterrand dans les années 80, a marqué sa liquidation définitive. La subordination aux cadres institués, encore plus dans un contexte de crise pandémique, ne pouvait que se terminer comme Syriza s’est terminé : abandonner les classes populaires, sauver les capitalistes et ouvrir la voie au renforcement de la droite trumpiste et de l’extrême-droite.

Après l’intégration de Podemos au gouvernement du PSOE, Anticapitalistas a rompu avec le parti violet après avoir soutenu pendant six ans le projet politique réformiste dont ils étaient l’un des principaux fondateurs. Une rupture échelonnée dans différents territoires qui s’est également faite avec un bilan « en quotas », mais surtout profondément autosatisfait de leur responsabilité dans la création du « monstre » qu’est devenu Podemos. [5] Comment en sont-ils arrivés là ? Au CRT [NdT : Courant Révolutionnaire des Travailleurs, organisations sœur du NPA – Révolution Permanente dans l’État espagnol], nous avons polémiqué à chaque étape de l’évolution d’Anticapitalistas. Voici un bref compte rendu des principaux jalons de ce qui fut une véritable chaîne de capitulations.

Après la crise capitaliste de 2008, au milieu du cycle ouvert par le 15M et les marées [NdT : Marées vertes, blanches, … : grandes manifestations sectorielles organisées à partir de 2013 en défense des services publics et contre l’austérité], en accord avec le tournant opportuniste de son courant international vers la formation de » partis larges », la « Gauche anticapitaliste » [NdT : Izquierda Anticapitalista, organisation politique associée au SU en Espagne à l’époque] de l’époque a considéré que le seul moyen de ne pas tomber dans l’insignifiance sectaire était de construire un parti commun avec des réformistes et des populistes de gauche. C’est de cette conception qu’est né Podemos après un accord avec une clique de professeurs et d’intellectuels, dont beaucoup d’ex-militants du PCE, dont Pablo Iglesias et Iñigo Errejón constituaient le noyau. Anticapitalista tire le bilan que cette opération constituait une « grande politique ». [6] Le problème serait que Pablo Iglesias a pris le contrôle de Podemos de manière centralisée et bureaucratique, abandonnant l’« esprit originel » de la formation violette.

Cette histoire incroyable dissimule l’élément politique fondamental : Podemos s’est construit sur la base d’un programme ouvertement réformiste, avec la stratégie d’occuper les espaces électoraux et de conquérir des positions dans les institutions de la démocratie capitaliste au moyen de figures reconnues, du recours à la « vidéopolitique » et de mécanismes plébiscitaires de prise de décision. Ce projet, qui est tout le contraire de la construction d’une organisation avec un programme révolutionnaire pour « dépasser radicalement » le système capitaliste, Anticapitalistas l’a approuvé dès le départ.

Enivrée par le succès de l’opération Podemos, la politique d’Anticapitalistas a été une succession sans fin de concessions et de capitulations à la clique de Pablo Iglesias, qui s’est emparé de l’appareil de l’organisation en un temps record. C’est pourquoi, lors du congrès fondateur du parti, Anticapitalistas a concentré ses efforts sur la contestation du modèle d’organisation, tandis qu’ils laissaient à Iglesias, Errejón et Monedero la question du programme et de la stratégie politique. Mais même sur le terrain organisationnel, Anticapitalistas a été vaincu. Ainsi, Iglesias leur imposera une mesure brutale : leur dissolution en tant que parti. A partir de là, Izquierda Anticapitalista, un courant hérité de la tradition de la LCR espagnole, avec des cadres et des militants qui s’étaient formés au cours d’années de lutte, s’est transformé en « association » afin de pouvoir faire partie de la direction de Podemos et présenter des candidats... et ce au sein du parti qu’ils ont eux-mêmes fondé.

Un petit groupe de militants anticapitalistes, principalement d’Andalousie, s’est partiellement opposé à cette orientation. Dès la fin du Congrès en 2015, ces militants ont été expulsés. [7] Peu après, ils ont formé « IZAR » (Izquierda Anticapitalista Revolucionaria), qui est maintenant une petite organisation andalouse.

À partir de là, l’adaptation d’Anticapitalistas aux mécanismes de la démocratie capitaliste a atteint des niveaux sans précédent. À tel point que Teresa Rodríguez, l’une des dirigeantes d’Anticapitalistas, a justifié en 2015 l’entrée dans Podemos de l’ancien chef d’état-major de la défense (JEMAD), José Julio Rodríguez, au nom de la « pluralité ». Celui-ci n’est autre qu’un ancien général, partisan de l’OTAN et commandant des opérations de l’armée espagnole en Afghanistan et des bombardements aériens, mais aussi de l’envoi de troupes et de l’occupation de la Libye. Teresa Rodriguez a osé dire de lui qu’« il a défendu la démocratie au sein de l’armée et la nécessité que l’armée fonctionne différemment, que les troupes aient des droits et que les armes soient le dernier recours dans la politique de défense des États. » [8]

Tout au long de cette période, Anticapitalistas a été à l’avant-garde de la gestion de la mairie de Cadix, dont le maire est José María González dit « Kichi ». Une position institutionnelle conquise en 2015 — et maintenue jusqu’à présent — qui s’est distinguée par son adaptation passive et réformiste au régime bourgeois. Une politique révolutionnaire devrait au contraire viser à faire avancer la lutte de classe pour défendre les intérêts de la classe ouvrière (par exemple pour mettre fin aux expulsions, en appelant à renforcer le mouvement pour le logement, à occuper les immeubles des spéculateurs et à lutter pour leur expropriation, au lieu de les décourager comme l’ont fait tous les conseils municipaux) et, en même temps, signaler à chaque étape à la classe ouvrière que, sans la conquête du pouvoir d’État, la politique municipale est stratégiquement impuissante. [9]

Un autre grand « jalon » dans la succession de capitulations d’Anticapitalistas au sein de Podemos a été sa position conciliante avec Unidas Podemos sur la question catalane. La gauche néo-réformiste avait une position néfaste sur la Catalogne, niant de fait le droit à l’autodétermination, approuvant la répression, appelant à accepter la sentence à l’issue du procès des indépendantistes catalans, saluant la coordination de l’action policière et judiciaire et condamnant la jeunesse catalane comme l’a fait Alberto Garzón (dirigeant de Izquierda Unida). Dans ce cadre, Anticapitalistas, courant interne de Podemos, a officiellement tenu une position correcte de soutien au peuple catalan, contre la répression et en défense du droit à l’autodétermination. Il a même formulé des critiques publiques à l’encontre de Podemos. Cependant, ils ont continué, au sein du parti, à appeler à voter pour Unidas Podemos aux élections générales de novembre 2019, faisant même une campagne coordonnée comme cela a été le cas en Andalousie. Ils ont ainsi placé, une de fois de plus, leurs espoirs dans la « jambe gauche » du régime monarchique qui avait écrasé le droit démocratique du peuple catalan à décider et maintenu ses dirigeants politiques en prison. [10]

Une « anecdote » rend compte de la mesure dans laquelle Anticapitalistas était convaincu de cette politique opportuniste. En avril 2017, alors que les élections présidentielles étaient sur le point de se tenir en France, Anticapitalistas a apporté son soutien à Philippe Poutou, le candidat du NPA. Poutou proposait alors une alternative anticapitaliste avec un programme internationaliste et ouvrier, par opposition au programme néo-réformiste et social-chauvin de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du néo-réformisme français. Ce soutien a provoqué un certain « remue-ménage » dans l’État espagnol, puisque Podemos a de son côté apporté son soutien explicite à Mélenchon. Comme ils l’avaient fait lors des élections grecques de 2015 en soutenant Tsipras, Pablo Iglesias et plusieurs dirigeants de l’organisation se sont même rendus en France pour soutenir le candidat de la France Insoumise. Or, si le fait qu’Anticapitalistas ait soutenu le candidat de son courant frère en France n’a rien d’inédit, il l’a fait tardivement et honteusement, en déplorant que « la gauche n’ait pas été capable de former une candidature large et unitaire qui rassemblerait tout ce potentiel et ce mécontentement avec un programme contre l’austérité, rassemblant des secteurs allant du réformisme anti-néolibéral aux forces anticapitalistes et révolutionnaires comme le NPA, et qui pourrait être une alternative crédible à Le Pen ». Un soutien qui mettait en cause le NPA pour ne pas s’être dilué dans un grand front néo-réformiste avec Mélenchon, comme ils l’ont fait dans l’État espagnol. [11] La presse espagnole a alors voulu présenter le soutien de Anticapitalistas à Poutou comme l’expression d’un clivage entre réformistes et « révolutionnaires » au sein de Podemos. Comme on peut le voir, rien n’est plus faux.

Bien que tardivement, la direction du NPA et Poutou lui-même écoutent désormais leurs collègues espagnols et tentent d’orienter le NPA vers les rivages du réformisme, en signant des accords de front populiste avec le parti de Mélenchon. Seulement, ils le font alors que dans l’État espagnol cette politique a déjà connu un misérable naufrage.

Des ministres dans un gouvernement impérialiste : une « grave erreur » , pas un problème de principes ?

La première réaction d’Anticapitalistas avant l’entrée d’Unidas Podemos dans la coalition gouvernementale a été incroyablement opportuniste. Être « vigilant », juger le gouvernement « à ses actes », et ne pas le « défendre sur tout » pour pouvoir « exiger » de l’extérieur des mesures politiques et sociales. Dans un article publié dans Viento Sur [12], Daniel Albarracín, d’Anticapitalistas, a ensuite proposé une évaluation de la situation politique et du nouveau gouvernement, soutenant qu’« il est tout à fait légitime d’entrer dans un gouvernement comme un moyen » de « contribuer à rendre plus efficace le travail dans les domaines de participation au sein du gouvernement ». Cependant, dans ce cas, l’entrée de l’Unidas Podemos dans un gouvernement à hégémonie socialiste était alors considérée comme une « grave erreur ».

Cette analyse concentre une bonne partie de la conception politique qui a fait que Anticapitalistas s’est adapté au néo-réformisme espagnol. Entrer dans un gouvernement (en général, sans adjectifs ni nature de classe, comme si une telle chose existait), ne serait pas un problème. Mais le faire en étant minoritaire, comme c’est le cas de l’entrée de Podemos et IU avec cinq ministres dans le gouvernement impérialiste espagnol, c’est une « grave erreur ». En d’autres termes, il s’agit d’une erreur tactique, et non d’une question de principe de classe.

Bien qu’elle se soit opposée à l’entrée d’UP au gouvernement par le biais d’un pacte « à la portugaise », c’est-à-dire en soutenant la formation du gouvernement au Parlement sans en faire partie, Anticapitalistas a ainsi pu justifier d’avoir fait partie de Podemos pendant les cinq années où celui-ci a formé des gouvernements dans les mairies des principales villes de l’État (comme Barcelone, Madrid ou Saragosse) avec le soutien du PSOE et a même intégré des gouvernements autonomes en coalition avec les « barons » socialistes (comme en Castilla-La-Mancha). De fait, son militant « Kichi » González est devenu maire de Cadix en 2015 avec le soutien de 5 conseillers municipaux du PSOE.

Les arguments contre le « sectarisme » avec lesquels Anticapitalistas défend cette position scandaleuse ne résistent pas à la moindre analyse. C’est une politique totalement contraire à la théorie et à la tradition du marxisme révolutionnaire. Dès la fin du XIXe siècle, Rosa Luxemburg, Lénine et Trotsky ont lutté contre ce qu’ils définissaient comme le « ministérialisme », une pratique opportuniste d’un secteur de la social-démocratie qui entrait comme ministre dans les gouvernements bourgeois. Pour nous, marxistes, entrer dans un gouvernement capitaliste n’est pas une question tactique, mais un problème de principe. Comme l’a écrit Rosa Luxemburg, le ministre socialiste qui entre dans un État capitaliste ne change pas le caractère de cet État, qui ne devient pas socialiste. C’est le ministre socialiste qui devient un ministre bourgeois. [13]

Par ailleurs, le gouvernement de coalition PSOE-Podemos n’est pas seulement un gouvernement capitaliste, mais le gouvernement d’une des principales puissances impérialistes d’Europe. [14] Un gouvernement qui gère et défend les intérêts de l’IBEX35 et des multinationales espagnoles, responsables de l’exploitation de millions de travailleurs, du pillage et de la spoliation dans des dizaines de pays d’Amérique latine ou d’Afrique ; un État qui fait partie de l’OTAN et de l’Union européenne du capital, dont les troupes prennent part à des opérations impérialistes comme au Mali, en Afghanistan ou en Irak, et qui permet aux États-Unis la présence de bases militaires sur le territoire espagnol.

L’attitude d’Anticapitalistas face à l’entrée des ministres d’Unidas Podemos au gouvernement de l’un des principaux États impérialistes d’Europe n’a pas été qu’une opération d’embellissement, qui ne pouvait que contribuer à couvrir une trahison historique. C’était une rupture ouverte avec la tradition du marxisme révolutionnaire, un saut dans son adaptation au régime capitaliste. C’est un autre exemple de la voie empruntée par la conception politique selon laquelle il n’y a aucun problème à conclure des alliances stratégiques entre réformistes et révolutionnaires, comme celle qui a conduit à la fondation de Podemos.

Une tradition politique opportuniste

Au sein du mouvement trotskyste, le courant mandéliste a été particulièrement prolifique en épisodes de ministérialisme. Un cas paradigmatique est celui de Miguel Rossetto, l’un des leaders de la tendance Démocratie socialiste, un courant interne du PT et un ancien membre du SU au Brésil. De 2003 à 2016, Rossetto a été ministre du développement agraire - puis du travail - dans les gouvernements de Lula da Silva et de Dilma Rousseff, dans un pays doté d’un fort mouvement paysan qui a été réprimé à de multiples reprises par ce même gouvernement que Rossetto représentait. Avec lui, de nombreux autres militants de son courant ont également occupé divers postes de second et troisième ordre au sein du gouvernement brésilien. [15]

En Grèce, DEA, l’un des courants affiliés au SU, est resté au sein de Syriza en tant que partie de la « Plate-forme de gauche » - qui a représenté jusqu’à 30% de l’organisation - lorsqu’Alexis Tsipras est arrivé au gouvernement et a livré le peuple grec devant la Troïka. [16] C’est un mois après la capitulation historique de Syriza devant la Troïka, à l’été 2015, que les militants du SU au sein de Syriza se sont séparés de cette organisation et ont lancé le nouveau parti, « Unité populaire ». C’est-à-dire qu’ils ont joué un rôle clé dans la formation de Syriza, en générant l’illusion qu’avec un gouvernement « anti-néolibéral » la Troïka pourrait être arrêtée. Ils ont soutenu le gouvernement dans ses premiers mois, et n’ont rompu qu’une fois le désastre consommé.

Un autre cas qui mérite d’être mentionné est celui du Portugal. Les militants du SU dans ce pays font partie du Bloco de Esquerda, qui, bien que ne faisant pas partie du gouvernement d’Antonio Costa, le soutient « de l’extérieur » à travers les mécanismes du régime parlementaire. Le soutien du Bloco au gouvernement portugais a été maintenu tout au long des cinq dernières années et a été renouvelé en octobre 2019, initiant une nouvelle législature. Le gouvernement de Costa a dû faire face à de nombreuses grèves de travailleurs, auxquelles il a répondu dans plusieurs cas par la militarisation pour les briser et dans l’ensemble, il poursuit un programme social libéral. Malgré cela, le Bloco a réitéré son soutien au gouvernement social-démocrate portugais, très éloigné de toute politique d’indépendance de classe.

La « séparation à l’amiable » d’Anticapitalistas et Podemos : symbole de la soumission politique

Le départ complet d’Anticapitalistas de Podemos intervient quelques mois après l’entrée de Podemos et IU au gouvernement en coalition avec le PSOE. [17] L’Andalousie, où les « anticapitalistes » ont obtenu plus de responsabilités (et d’intégration) au sein de Podemos, avec Teresa Rodríguez comme secrétaire régionale et José María González « Kichi » comme maire de Cadix, a été le dernier secteur à partir. Ce départ s’est fait de la manière la moins traumatisante possible pour le projet d’Iglesias et le gouvernement « progressiste » récemment formé. [18] Cette séparation à l’amiable a été mise en scène dans une vidéo où l’on voit Rodriguez et le vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias. Cette vidéo a été le résultat d’un accord avec la direction de Podemos pour que la séparation ne porte pas atteinte à la formation violette ; à laquelle Rodriguez a souhaité bonne chance.

La sortie convenue, loyale et sans douleur de Podemos d’Anticapitalistas était le meilleur cadeau qu’ils pouvaient faire pour blanchir Pablo Iglesias, Alberto Garzón et toute la bande de carriéristes de Podemos et Izquierda Unida qui sont devenus les gestionnaires des affaires communes du régime capitaliste espagnol. Et si les Anticapitalistas n’ont pas dénoncé durement la faillite du projet néo-réformiste qu’a représenté Podemos et son intégration au régime, c’est parce qu’ils en partagent encore les fondements. En Andalousie plus que partout ailleurs.

La crise d’Anticapitalistas ne tombe donc pas du ciel. C’est le sort inévitable de la ligne générale du SU et du renoncement à la stratégie de lutte pour la « dictature du prolétariat » que la LCR a explicitement abandonnée en 2003 pour la remplacer par la stratégie de lutte pour une « démocratie jusqu’au bout ». Une politique qui a servi de base à la promotion de toutes sortes d’alliances opportunistes avec des courants réformistes dits « de gauche » qui ont provoqué toutes sortes de désastres pour les organisations du SU.

Le centrisme, le chemin le plus long vers le renforcement de la droite

Le bilan du néo-réformisme dans l’État espagnol, comme celui de toutes les expériences du même type qui ont eu lieu ces dix dernières années, rappelle une des grandes leçons politiques du XXème siècle. Cette leçon nous a appris que toutes les tentatives d’arriver au pouvoir sans affronter le régime par la lutte des classes ont toujours donné à ce qui est l’un des moyens privilégiés du capitalisme pour assurer sa survie : l’assimilation par « en haut » (le régime, l’État) des défis qui surviennent « par en bas », pour finalement ouvrir la voie aux solutions de droite, et en dernière instance, aux « solutions de forces » d’extrême-droite.

Après les 10 ans du processus fondateur de Podemos sur les bases du Mouvement des indignés, les forces politiques qui se sont principalement renforcées, hormis le PSOE, sont la droite trumpiste du PP et le courant fascisant Vox. La responsabilité de cette situation revient bien entendu à l’intégration d’Unidad Podemos au régime bourgeois en tant que médecin traitant du capitalisme espagnol. Cependant, il existe un dernier maillon dans les chaînes de responsabilité qui ont amené cette situation et il s’agit de la politique centriste de Anticapitalistas et ses oscillations entre positions réformistes et révolutionnaires.

Au moment de fonder Podemos, le groupe Anticapitalistas, qui était déjà un courant centriste de droite, s’est positionné comme l’aile gauche du néo-réformisme. A ce moment-là, Izquierda Anticapitalista était l’organisation la plus importante de l’extrême gauche espagnole. Elle comptait près de 500 militants, principalement implantés à Madrid, en Catalogne et en Andalousie. Bien entendu, c’était une petite organisation, mais elle était suffisamment importante pour être le levier d’une politique bien supérieure à elle-même, comme a pu l’être Podemos.

La clé est que l’hypothèse politique de Podemos n’était pas la seule politique possible. Le contexte de lutte des classes, qui à partir de mai 2011 jusqu’en 2014 a donné de multiples phénomènes de lutte des organisations de jeunesse, ouvrière et populaire, était une situation extrêmement propice pour l’émergence d’une alternative politique anticapitaliste et révolutionnaire, ayant la lutte des classes comme centre de gravité. Mais non. L’option choisie par Anticapitalistas a été de soutenir le projet néo-réformiste de Podemos qui s’est renforcé de manière directement proportionnelle à sa capacité à faire reculer et à canaliser la lutte des classes.

Alors qu’Anticapitalistas empêchait les possibilités de développement d’une alternative politique révolutionnaire, il permettait en même temps l’émergence d’un courant néo-réformiste dont la faillite a entrainé la situation actuelle. De manière transitoire, Anticapitalistas a été le dernier maillon de la chaîne qui a amené au renforcement de la droite en Espagne.

Or, que reste-t-il de tout cela ? Une traînée de frustration et de démoralisation. Ainsi qu’une droite enhardie, qui, comme toujours après une trahison de la « gauche », entend conquérir encore plus de terrain et attaquer les droits et les conditions de vie de la classe ouvrière.

D’un point de vue interne, Anticapitalistas a quitté Podemos en bien plus mauvais état qu’il n’y est entré et la démoralisation ronge également ses propres rangs. Bien qu’il ait gagné quelques figures publiques, comme l’eurodéputé Miguel Urban, ou qu’il ait un maire à Cadix (profondément adapté à la gestion municipaliste) et peut-être plus d’argent qu’auparavant, Anticapitalistas a perdu des dizaines de cadres qui se sont intégrés dans Podemos. Leur militantisme jeune a régressé comme jamais auparavant, et ils se sont retrouvés presque sans initiative politique. À l’exception de l’Andalousie, où ils misent désormais sur un projet souverainiste de gauche qui est un véritable remake de Podemos à l’andalouse.

A un moment clé de la crise du néolibéralisme, le mandélisme espagnol n’a rien apporté au développement d’une force militante de la classe ouvrière et de la jeunesse qui pourrait proposer une perspective pour la gauche révolutionnaire dans l’État espagnol face à l’échec du néo-réformisme. Au contraire, sa contribution est allée dans le sens inverse.

IZAR : une politique inconséquente qui n’a abouti à aucun résultat

Le bilan de la politique menée par IZAR mérite qu’on s’y arrête rapidement. Ce petit groupe a émergé après l’expulsion des militants d’Anticapitalistas en Andalousie qui s’opposaient au cours liquidationniste de la direction de Podemos.

La réalité est que ceux qui ont fini par former IZAR n’avaient pas l’intention de quitter Anticapitalistas, mais de rester au sein de l’organisation en défendant une politique « alternative » sans rompre. C’est-à-dire une attitude similaire à celle qu’a eu, jusqu’à présent, son courant frère en France, A&R, au sein du NPA. La différence est qu’avec la formation de Podemos, Anticapitalistas avait « franchi le Rubicon ». Rester dans Anticapitalistas après son virage stratégique vers la fondation de Podemos était en soi une orientation opportuniste.

Dans ce cadre, en tant que CRT — à l’époque « Clase contra Clase » — nous avions mené une politique spécialement en direction des camarades d’IZAR, dans le but de renforcer les liens par l’expérience commune et d’approfondir le débat politique-programmatique sur la nécessité de construire une organisation révolutionnaire de la classe ouvrière dans l’État espagnol. Ainsi, depuis fin 2015, nous avons conjointement promu le front « No Hay Tiempo Que Perder » (il n’y a pas de temps à perdre), qui a rassemblé plus de 120 jeunes, travailleurs et militants à Madrid en avril 2016, posant les bases d’un Front anticapitaliste et de classe dans l’État espagnol avec un programme d’indépendance de classe. [21]

Malgré les difficultés d’une situation dans laquelle Podemos suscitait encore d’énormes attentes, l’initiative a continué jusqu’à mi-2017, formant même des groupes locaux dans une douzaine de villes. Sa dernière apparition publique a été l’impulsion d’un grand cortège dans un bloc anticapitaliste et de classe dans la Marche de la Dignité de 27 mai à Madrid. [22] Par la suite, le processus s’est éteint, fondamentalement à cause du sectarisme d’IZAR. Au lieu de proposer d’avancer, par une méthode révolutionnaire, vers le développement d’un front d’indépendance de classe, qui ferait en petit la démonstration de ce que serait une alternative révolutionnaire à la capitulation d’Anticapitalistas et au profit de Podemos et Izquierda Unida, ces camarades se sont repliés sur des initiatives locales et des activités simplement syndicales.

Néanmoins, depuis la CRT, nous avons maintenu toutes sortes d’initiatives, de propositions d’intervention commune, jusqu’à la proposition de l’ouverture d’un débat pour « avancer vers un parti unifié de la gauche révolutionnaire, de la classe ouvrière, des femmes et des jeunes » , adressée également à Izquierda Revolucionaria, Corriente Roja, Lluita Internacionalista et d’autres organisations qui se réclament de la classe ouvrière, de la gauche anticapitaliste et socialiste. [23] Malheureusement, IZAR a répondu négativement à chacune d’entre elles, quand elle a répondu. Si nous avions avancé dans cette perspective, nous pourrions aujourd’hui être dans de bien meilleures conditions pour affronter la faillite du néo-réformisme et, surtout, le renforcement de la droite et de l’extrême droite.

Actuellement, IZAR est un groupe sans importance dans deux villes d’Andalousie, avec une « politique » essentiellement syndicale, sans la moindre ambition. C’est le produit de la politique d’un noyau dirigeant qui, comme son courant frère en France, A&R, n’a jamais développé une critique profonde de la stratégie des « partis larges », et encore moins de la tradition politique capitularde du mandélisme, courant auquel ils continuent de se référer sans aucune critique sérieuse.

10 ans après le 15M, la leçon fondamentale : l’indépendance de classe

Avec la fondation de Podemos, les mandélistes espagnols ont défendu l’idée opportuniste que rassembler toutes les sensibilités, même opposées, dans une expérimentation à grande échelle néo-réformiste, était le moyen de conquérir une « démocratie plurielle » et d’avancer dans la construction d’une direction anticapitaliste. Le résultat de cette politique est évident.

En politique comme en mécanique ou en physique, les sommes deviennent parfois » des soustractions. Comme Trotsky l’a soutenu contre les « théoriciens du Front populaire » dans la révolution espagnole : « ils ne dépassent pas la première règle de l’arithmétique : l’addition. La somme des communistes, des socialistes, des anarchistes et des libéraux est supérieure à chacun de leurs termes. Cependant, l’arithmétique ne suffit pas, il faut au moins une connaissance de la mécanique. La loi du parallélogramme des forces est également vraie en politique. La résultante est, comme nous le savons, d’autant plus petite que les forces sont divergentes les unes des autres. Lorsque des alliés politiques tirent dans des directions opposées, la résultante est nulle. » [24]

Dix ans après le 15M, et après les expériences tragiques de Syriza, Podemos, le Bloco au Portugal, et bien sûr, l’échec du NPA, il n’y a qu’une leçon à tirer : la nécessité de lutter pour une politique d’indépendance de classe dans tous les domaines dans le cadre de la lutte pour construire une direction révolutionnaire de la classe ouvrière.

Par conséquent, nous appelons à soutenir la proposition du CCR de promouvoir un bloc commun dans le NPA qui soulève une politique d’indépendance de classe à travers une candidature de la gauche du NPA, en rejetant la politique d’accords opportunistes de l’ancienne majorité avec le LFI de Mélenchon et en répudiant les menaces d’expulsion d’Anasse Kazib et de centaines de travailleurs et jeunes militants du CCR. [25]

En même temps, dans l’État espagnol, nous réitérons notre appel aux camarades d’IZAR et aux autres courants de la gauche anticapitaliste et révolutionnaire à rompre avec tout sectarisme et à promouvoir des blocs d’intervention communs pour un programme d’indépendance de classe. Des blocs qui permettraient d’intervenir dans la lutte de classe et les processus d’organisation de la jeunesse, comme nous l’avons proposé dans l’une des résolutions adoptées par la Conférence de jeunesse qui a réuni 150 jeunes le 9 mai dernier. [26]

Face à une période de crise profonde du capitalisme et à une véritable catastrophe écologique, dans le contexte d’une pandémie aux conséquences tragiques pour la classe ouvrière et les majorités exploitées et opprimées de la planète qui va générer d’inévitables explosions sociales, alors que la droite populiste et l’extrême droite se renforcent, le pari de construire un parti révolutionnaire fort, de travailleurs et de travailleuses avec une stratégie pour vaincre les pouvoirs réels du régime capitaliste est une question de vie ou de mort. Les militants de la jeunesse, des travailleurs et des mouvements de lutte qui ont fait l’expérience du néo-réformisme et n’ont pas confiance dans la gauche du régime sont la base pour avancer sur cette voie, qui est la tâche stratégique de la gauche qui se veut révolutionnaire et anticapitaliste.

Notes :

[1] Josefina L. Martínez y Diego Lotito, Auge y caída de Pablo Iglesias : desafíos de la izquierda anticapitalista después de Podemos, Contrapunto, 09/05/2021.

[2] Brais Fernández, Madrid : auge de la derecha, derrota de la izquierda, Jacobin Lat, 07/05/2021.

[3] Fredy Lizarrague, Francia : crisis terminal del NPA y emergencia de una nueva corriente revolucionaria, Ideas de Izquierda, 16/05/2021.

[4] Diego Lotito, Podemos : de la ilusión al desencanto, balance de un quinquenio, Contrapunto, 22/01/2021.

[5] Diego Lotito, De fundar Podemos a abandonarlo sin balance, ¿A dónde va Anticapitalistas ?, Izquierda Diario, 13/02/2020.

[6] C’est ce qu’a soutenu brais Fernandez dans un débat avec Maria Rovira de la CUP et notre camarade Santiago Lupe, que nous avons organisé à Madrid pour les quatre ans du lancement de LID. Voir : Madrid : la CUP, Anticapitalistas y la CRT debaten sobre los retos de la izquierda, Izquierda Diario, 17/10/2019.

[7] Diego Lotito, Anticapitalistas expulsa a la mitad de sus militantes en Andalucía por sus posiciones críticas en Podemos, Izquierda Diario, 9/4/2015. Bien que l’expulsion ait eu lieu fin février, elle n’a été connue, de façon surprenante, que début avril. « Nous considérions qu’en l’annonçant pendant la période électorale, cela aurait pu avoir des effets négatifs pour Podemos et nous n’avons aucun intérêt à nuire à Podemos » avait alors justifié Ruben Quirante interviewé par Eldiario.es.

[8] Daniela Cobet, État espagnol. Anticapitalistas défend le général-candidat de Podemos et le respect des accords avec l’OTAN, 6/11/2015.

[9] Diego Lotito y Asier Guerrero, El “Kichi” y las paradojas de los “anticapitalistas” gestionando el Estado capitalista, Izquierda Diario, 26/03/2016.

[10] Diego Lotito, Catalunya, el 10N y la incomodidad de Anticapitalistas, Izquierda Diario, 7/11/2019.

[11] Diego Lotito, ¿Mélenchon o Poutou ? El debate francés se cuela en la izquierda española, 19/04/2017.

[12] Daniel Albarracín, Deslizándose sobre hielo fino, 16/01/2020.

[13] Diego Lotito, ¿Ministros “comunistas” en los gobiernos capitalistas ? El marxismo contra el “ministerialismo”, Izquierda Diario, 19/11/2019.

[14] No es un gobierno progresista, es el gobierno de la quinta potencia imperialista de Europa, Entrevista con Santiago Lupe de la CRT, Contrapunto, 26/01/2020.

[15] Le groupe Démocratie Socialiste a rompu avec le SU en 2005. Mais avant sa rupture, il n’y a eu aucune remise en question sérieuse du bilan de l’un des principaux dirigeants de son courant au Brésil, devenu ministre du gouvernement Lula. Au contraire, son entrée au gouvernement a été perçue à l’époque comme « une grande victoire pour les socialistes révolutionnaires. »

[16] La section officielle du SU en Grèce, le groupe OKDE, a maintenu une position d’indépendance politique face à Syriza, en impulsant la coalition de gauche anticapitaliste « Antarsya » aux côtés d’autres groupes politiques se situant à la gauche de Syriza.

[17] Diego Lotito, Gobierno de coalición PSOE-UP : ¿hasta cuándo Anticapitalistas va a seguir en Podemos ?, Contrapunto, 17/11/2019.

[18] Santiago Lupe, Anticapitalistas y Podemos, una separación amistosa, Izquierda Diario, 12/02/2020.

[19] Dans l’État espagnol, depuis l’émergence du mouvement des Indignés en mai 2011, on a vu se développer une dynamique croissante de mobilisation ouvrière comme l’ont montré les deux grèves générales de 2012, la lutte des mineurs, les Mrée des travailleurs du secteur public et les luttes dures de Panrico, Coca-Cola ou plus récemment de Telefonica-Movistar. A ces processus se sont ajoutés des phénomènes explosifs de la jeunesse et des classes populaires comme les révoltes à Gamonal ou Can Viés, des mouvements comme « Rodea el Congreso », les mobilisations contre la corruption, les manifestations pour la République après l’abdication du roi, ou les manifestations du 22 mars 2014 qui ont réuni un million et demi de personnes à Madrid. L’autre grand mouvement qui a émergé est le mouvement indépendantiste catalan qui, en dépit de sa direction bourgeoise qui a tenté de le canaliser sur un terrain institutionnel, a continué de se développer jusqu’à la grande mobilisation d’octobre 2017.

[20] Roberto Bordón, “Andalucía no se rinde”, el nuevo proyecto de Anticapitalistas : un revival andalucista de Podemos, Izquierda Diario, 22/12/2020.

[21] Un nuevo frente anticapitalista y de clase sienta sus bases en el Estado español, Izquierda Diario, 4/4/2016.

[22] Gran cortejo del bloque anticapitalista y de clase el 27M, Izquierda Diario, 29/05/2017

[23] CRT, Avancemos en dar pasos hacia un partido unificado de la izquierda revolucionaria, la clase trabajadora, las mujeres y la juventud, Izquierda Diario, 14/05/2020.

[24] León Trotsky, Leçons d’Espagne : dernier avertissement.

[25] Anasse Kazib et les militants de Révolution Permanente menacés d’exclusion du NPA, Révolution Permanente, 19/05/2021.

[26] Gran encuentro juvenil : “Tenemos que organizar la rabia y tomar las calles”, Izquierda Diario, 10/05/2021.

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