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Une école de la confiance calquée sur la « Grande Muette »

Blanquer et le « devoir de réserve »

Le projet de loi Ecole de la confiance sera discuté en janvier / février prochain à l'Assemblée nationale. Il s’agit non seulement de museler les enseignants lors de leurs formations en leur imposant des baisses de salaires importantes et dans leur vie civile, en élargissant les dispositions du « devoir de réserve » à l’extérieur des salles de classes.

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Formations à la carte en fonction des options proposées par les établissements, fin du diplôme national du baccalauréat, mise en concurrence des établissements. Le projet de Blanquer d’une « Ecole de la confiance » s’accompagne d’un bouleversement complet des conditions de travail des enseignants eux-mêmes, en plus de laisser les élèves les moins accompagnés absolument seuls dans leur parcours. Mais pour aligner toutes les têtes, le projet de Blanquer comporte un article destiné à empêcher l’expression des critiques de la part des fonctionnaires : on reparle de ce fameux « devoir de réserve » et à nouveau on lui fait dire n’importe quoi.

La loi qui comporte les devoirs et obligations des fonctionnaires date de juillet 1983. Elle mentionne un devoir de neutralité et de respect de la laïcité dans l’exercice des fonctions du service public. Mais elle leur garantit la même liberté d’opinion qu’à l’ensemble des citoyens. Or, une récente affaire vient illustrer la censure que souhaite pratiquer l’Education nationale sur la parole des enseignants : à Dijon, une professeure a publié un article satirique sur l’allocution de Macron en plein mouvement des gilets jaunes. Elle a été convoquée par le Rectorat qui lui a signifié un rappel au « devoir de réserve », alors même que ses propos ont été tenus en dehors de tout cadre institutionnel et ne sont donc pas soumis aux « devoirs et obligations dans l’exercice des fonctions » prévus par la loi de 1983.

Mais depuis l’année dernière, on sait que les faits précèdent les textes législatifs, à l’Education nationale : après avoir imposé les conditions permettant de faire fonctionner la nouvelle plateforme post-bac Parcoursup, avant même le vote de la loi à l’Assemblée en février, donc en dehors de tout cadre légal, le ministre cherche sans doute à renouveler l’expérience à propos cette fois du « devoir de réserve ». A l’image d’un gouvernement de plus en plus autoritaire et qui se montre prêt à gouverner par la matraque, Blanquer lance son Ecole de la confiance en laissant largement entendre dans les médias qu’aucun fonctionnaire ne pourra critiquer l’institution ou les politiques menées par le gouvernement sans être sanctionné. Même si le Conseil d’Etat a demandé le retrait de l’article en question, l’ambiance s’est installée : être enseignant dans l’Ecole de la confiance de Blanquer, c’est devoir se taire, sauf à risquer des sanctions.

Drôle de confiance, donc, qui passe par le devoir de ne pas critiquer et de ne pas commenter les réformes en cours : en prétendant renouveler le « contrat social » par son projet de loi, Blanquer vide pourtant toute forme de vitalité démocratique puisque, à bien le lire, on ne saurait critiquer le gouvernement. L’expression « contrat social » qui ressurgit tel le mauvais diable de sa boîte dans les communiqués du gouvernement actuel ne doit donc pas grand-chose au texte qui en a posé les fondements, à moins de confondre « l’Etat partisan » avec la « volonté générale ». La place de la délibération collective et la méfiance vis-à-vis des intérêts particuliers sont pour Rousseau les conditions pour faire vivre la démocratie. Avec Blanquer, il ne reste de « générale » que la mise au garde-à-vous qu’il semble vouloir exiger des fonctionnaires, en accentuant la confusion entre Etat et gouvernement, c’est-à-dire en réclamant en fait l’alignement de tous sur les choix politiques d’un gouvernement qui se sait discrédité et sans réelle légitimité démocratique. Comme c’est déjà le cas dans les manifestations, avec la multiplication des violences policières, l’Etat compte sur la contrainte pour faire taire les critiques et les contestations.


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