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Mobilisation contre Blanquer

Blocage des E3C : nouvelle vague de mobilisation chez les enseignants

Lundi matin devaient avoir lieu les premières épreuves du Bac pour les lycéens. Des épreuves d’un nouvel ordre, mises en place par la réforme Blanquer, mal préparées et qui ont suscité un vent important de mobilisation. Après la grève du bac et les blocages, professeurs et lycéens ont décidé de faire la grève des E3C et de rejoindre le mouvement contre la réforme des retraites pour manifester leur désaveu des choix de Blanquer.

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Crédits photos : DAMIEN MEYER/AFP

La grève qui a débuté depuis le 5 décembre a aussi été le cadre d’un renouveau de mobilisation chez les professeurs, nombre d’entre eux s’étant mis en grève a minima pour les journées appelées par l’intersyndicale. Dans le secondaire, la mobilisation est importante et se cristallise aussi sur le rejet de la réforme du bac et les politiques de casse de l’éducation publique de J.M Blanquer. Un ministre de plus en plus décrié et auquel les professeurs refusent de faire des concessions. Après la grève du bac en juin dernier, ce sont les E3C, épreuves de contrôle continu instaurées par la réforme, que les professeurs ont décidé de boycotter. Blocages, grève des corrections ou de la surveillance, tous les moyens ont été utilisés pour empêcher le bon déroulé de ces nouveaux examens, qui ont été très mal préparés.

Boycott des E3C : grèves, blocages, rassemblements

Dans toute la France, les épreuves ont été largement perturbées, que ce soit par des blocages unitaires entre professeurs et élèves, autour de rassemblements pour informer les élèves et protester contre leur tenue, ou encore par la grève pure et simple de la surveillance. Le but était simple : empêcher le bon fonctionnement des E3C, série d’épreuves de contrôle continu, qui accroissent la sélection, mettent les élèves en concurrence dès le début de l’année et vont renforcer les inégalités, notamment pour les élèves des quartiers populaires.

De premiers blocages avaient déjà eu lieu les semaines passées pour les premières épreuves, qui diffèrent selon les localités et compteront pour 30% de la note du bac. Ces actions ont été renouvelées cette semaine. Les sujets sont peu clairs, et parfois n’ont pas été préparés car ils sont choisis sur une banque de sujets restreinte, par localité, et que les professeurs n’ont pas pu préparer en amont les programmes. Un bac local au goût d’amateurisme, avec de nombreuses fuites de sujet, des incompréhensions sur les exigences, que la majorité des syndicats appellent, au moins, à reporter.

En région parisienne, plusieurs lycées ont été bloqués par les professeurs, notamment le lycée Jacques Feyder à Epinay-sur-Seine où, comme l’explique un étudiant, « personne n’est prêt » pour ces nouveaux modèles de notation. Une professeure dénonce le mépris que subissent les élèves de la part du gouvernement, qui ment sur cette réforme et tente de la faire passer pour réductrice des inégalités.

Au lycée Lavoisier, un blocage a également été réalisé par les professeurs, autour du slogan « Ni retraite Macron, ni bac maison ! ». Christian, professeur, appelle également et généralisation de la grève et souligne le lien qui existe entre la mobilisation contre ces épreuves et celle des grévistes contre la réforme des retraites.

A Hélène Boucher, le blocage s’est accompagné d’un rassemblement pour dénoncer les violences policières qui ont été commises sur des lycéens qui bloquaient en début de semaine. Ces violences à l’encontre des actions lycéennes sont récurrentes. Les parents étaient aussi présents à cette action ainsi que de nombreux soutiens, notamment des grévistes de Lagny, dépôt de bus tout proche.

Mais les actions ont aussi eu lieu dans le reste de la France, avec, selon le ministère, au moins 30 lycées touchés. Ce chiffre paraît, par ailleurs, en deçà de la réalité. Un tour sur Twitter suffit à faire apparaitre un nombre bien plus important d’épreuves perturbées. A Lille, au lycée Faidherbe, à Nantes, au lycée Les Bourdonnières, au lycée L’Oiselet, à Bourgoin-Jallieu, ou encore au lycée Geneviève Anthonioz-De Gaulle, à Milhaud (pour ne pas en citer d’autres), les professeurs ont décidé de faire la grève de la surveillance.

Dans de nombreux lycées, comme au Lycée Valin à La Rochelle, les épreuves ont dû être annulées. Contre cette casse de l’enseignement qui fait d’eux de simples préparateurs pour des examens qui génèrent un stress sans pareil chez les élèves et doivent leur permettre d’être attrayants sur le marché du travail, les professeurs ont montré leur détermination.

Entre répression et mensonges, Blanquer fidèle à lui-même

Après avoir menacé les professeurs mobilisés de sanctions administratives, licenciements ou mutations, comme il avait fait lors de la grève du bac, ou utilisé la police pour réprimer les blocages lycéens, et face au refus des professeurs de céder, le ministre de l’Education Nationale cherche à faire semblant que les épreuves se sont déroulées correctement. La mobilisation serait pour lui, « le fait d’une petite minorité très vocale. Mais ce n’est pas le cas de la très grande majorité des professeurs ». Il expliquait sur France Inter que « 99,9 % des enseignants sont d’accord » avec lui.

Jouant au sourd, il a répété qu’« il n’y a pas de climat anti-Blanquer dans l’Éducation nationale. La réforme du baccalauréat a recueilli l’adhésion, après un énorme travail d’écoute. A chaque étape, il y a des secteurs radicaux qui contestent l’étape suivante. » Pourtant, ils semblent de plus en plus nombreux à refuser de travailler pour une institution en déroute et à refuser de laisser appliquer une réforme conduite sans leur aval et complètement défaillante. Faire croire que ces mouvements sont passagers ou seraient le fait d’une minorité semble difficile alors que cela fait des années que les professeurs alertent sur leurs difficultés et que la mobilisation contre la réforme Blanquer ne faiblit pas depuis sa mise en place. Par exemple, en Martinique, 77% des établissements du second degré ont été bloqués, loin de la non mobilisation décrite par le gouvernement.

Blanquer a également assené que « l’école ne doit jamais être le terrain de jeu de luttes politiques, c’est le devoir de chaque fonctionnaire ». Et dans le même temps, le ministère tente de faire ce qu’il peut pour affaiblir la mobilisation - pourtant déjà si faible ? On sent bien les incohérences. Il a par ailleurs expliqué que « 500 enseignants ont reçu un rappel à leurs obligations professionnelles. Parmi eux, une cinquantaine ont été sanctionnés par un avertissement ou un blâme. Des sanctions inadmissibles et qui montrent bien la fébrilité du gouvernement face à un possible « Second Round » de la mobilisation contre la réforme des retraites, autour du secteur de l’Enseignement.

Une radicalité chez les professeurs qui entraine la jeunesse

De fait, la radicalité qui s’exprime chez les professeurs est de plus en plus importante. Ce secteur semble bien décidé à rentrer dans la bataille contre le gouvernement malgré la faiblesse des appels des directions syndicales qui ne se sont pas prononcées pour la reconductible. Depuis la rentrée, de nombreuses actions ont été organisées : flashmobs, envahissement du rectorat, jets de manuel, action « on vide notre sac », etc., et ce dans de nombreuses villes de France mais également également Outre-mer. De fait, comme l’ont démontré les nombreux témoignages que nous avons reçus, la souffrance au travail est très importante chez les professeurs et les conditions de travail ne font que se détériorer.

Malgré les tentatives de négociation du gouvernement autour, entre autres, de fausses revalorisations de salaire, les professeurs ne sont pas dupes et savent bien que la réforme des retraites les touchera eux aussi. Pour certains, ils ont été les piliers des actions sur les piquets RATP et veulent construire un mouvement d’ampleur dans leur secteur. Ils redoublent d’originalité pour rendre fou le gouvernement et montrer leur colère contre ses décisions et commencent à s’organiser massivement. En effet,Les cortèges de manifestation grossissent et la mobilisation semble prendre une ampleur nouvelle.

Cette radicalité est contagieuse, on l’a vu au Lycée Louis Le Grand, où les élèves ont décidé de suivre leurs professeurs et de se mobiliser avec eux. On le voit également autour de ces actions d’un nouveau genre contre les E3C. Comme à Bordeaux, au lycée Eiffel où les lycéens se sont associés, à l’appel des professeurs, au boycott des épreuves. Cet évènement est loin d’être une exception, alors que la colère dans la jeunesse, même si elle est largement cadenassée, n’est pas moins faible. Sous l’impulsion de leurs professeurs, de plus en plus de lycéens arrivent à se mobiliser et à dépasser la pression scolaire qu’ils subissent pour se battre pour leur avenir.

Pour une grève reconductible contre la casse de l’enseignement public et des retraites !

Des lycées les plus prestigieux de la capitale aux lycées de banlieues ou de campagne, les actions contre les E3C ont perturbé largement le déroulement des examens. Dans toute la France, la réforme du bac soulève les professeurs contre un gouvernement sourd à leurs demandes et qui a préparé une réforme mal faite, qui ne va que mettre en difficulté les élèves et détruire ce qu’il reste du service public de l’enseignement. Cette lutte pour la sauvegarde du système de solidarité, conquis grâce au combat des anciennes générations, n’est pas seulement menée par les professeurs et lycéens. De fait, les hospitaliers, certains postiers, ainsi que les travailleurs des transports sont mobilisés pour la conservation de services publics de qualité. Ce sont aussi les Universités qui pourraient rentrer dans la bataille avec le combat contre la Loi de Programmation.

Cette lutte s’est cristallisée depuis le 5 décembre autour d’une grève massive à la RATP et à la SNCF contre la réforme des retraites. Une grève de 47 jours et qui tient, malgré les difficultés notamment liées aux faiblesses de la généralisation, et qui est l’occasion de gagner enfin contre un gouvernement qui n’a fait que détruire les acquis sociaux gagnés après-guerre. C’est autour d’elle que doit s’agréger le mouvement des professeurs et il s’agit de généraliser la reconductible dans ce secteur pour faire plier Blanquer et tout le gouvernement, sur la réforme des retraites et sur toutes les contre-réformes du système éducatif qui encouragent la sélection et la précarisation.


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