Hier, la rentrée scolaire se déroulait sous le signe de la mobilisation. Face à un confinement partiel, la grande majorité des professeurs et personnel administratif de plus d’une trentaine d’établissements décidaient de débrayer. La parution du nouveau protocole sanitaire qui ne prévoie aucune augmentation des moyens alloués à l’éducation nationale, ni dédoublement les classes ni embauches d’enseignants pour faire face à la crise sanitaire a été l’affront de trop pour de nombreux enseignants. Ce matin plus d’une cinquantaine d’établissements en région parisienne étaient à nouveau concernés par des blocages, grèves et débrayages.
Si le gouvernement s’est targué d’un « protocole sanitaire renforcé » pour cette rentrée le personnel de l’éducation nationale dénonce un protocole risible et dangereux. À Paul Eluard dans le 93, les lycéens ont à nouveau bloqué leur établissement pour exiger des moyens et la mise en place d’un protocole sanitaire décent.
« Le gouvernement fait passer l'économie avant l'humanité mais si on perd des amis ou de la famille, ils vont pas revenir, c'est pas comme l'économie ». Une lycéenne à Paul Eluard pic.twitter.com/eY7x3L95OZ
— Révolution Permanente (@RevPermanente) November 3, 2020
« Pour vous c'est des bonnes conditions pour étudier ? Le corona ne s'arrête pas à la grille ! Tant que ça ne changera pas on bloquera ». Une lycéenne à Paul Eluard pic.twitter.com/uFeQDf6xIa
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Dans le collège Auguste Delaune, à Bobigny professeurs et personnels ont massivement fait grève et exercé leur droit de retrait face à une situation jugée dangereuse.
"On nous demande de mettre en place des mesures renforcées mais on nous interdit de nous réunir. Il n'est pas possible d'accueillir les élèves dans ces conditions. On a de moins en moins de moyens et là c'est très dangereux" Pierre, prof à Delaune.#Greve3Novembre pic.twitter.com/P4aFsyY6BD
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« On a besoin de moyens. On ne peut pas à la fois nettoyer les supports des salles et en plus être au service de restauration ». Hugues, agent de restauration au collège Delaune raconte l’impossible protocole sanitaire pic.twitter.com/kdJ4uUEUqK
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Dans de très nombreux établissements les professeurs et personnels se sont donc mis en grève ce matin. A Paris les lycées Ravel, Colbert, Sophie Germain et Hélène Boucher ont été bloqués. Un élève explique bloquer « pour dénoncer l’absence de mesures contre le coronavirus. On ne devrait pas être là, on risque de se contaminer et de passer le virus à nos parents », il ajoute c’est « un confinement farce ». Dans le 93, Sud éducation recense des mobilisations dans plus d’une cinquantaine d’établissements. En première ligne face au virus, les professeurs revendiquent l’embauche dans l’urgence et à long terme de personnels de vie scolaire et d’agents supplémentaires ainsi qu’un investissement massif dans l’Education nationale, à contre-courant des politiques austéritaires qui lui sont appliquées depuis des années.
Ce mouvement de colère arrive dans une situation où se cumulent les défiance vis-à-vis de Blanquer, du gouvernement et de l’union nationale qu’il cherche à imposer. Après les mobilisations contre les E3C et la réforme des retraites, le mépris gouvernemental semble mettre le feu au poudre. Outre un protocole sanitaire inconséquent, ce qui marque cette rentrée scolaire c’est l’hommage rendu à Samuel Paty. Entre la censure de la lettre de Jean Jaurès, la suppression du temps de concertation pour la mise en place des hommages adaptés, ainsi que la chasse aux sorcières et la délation encouragées par le gouvernement de tout élève qui ne se serait pas tenu sage pendant la minute de silence, de nombreux grévistes ont pris position pour refuser l’instrumentalisation qui est faite de la mort de leur collègue.
« On fait cette action ajd pour mettre fin à cette série de contre ordres au sujet de l’hommage à notre collègue Samuel Paty, et pour mettre fin aux mensonges du gvt sur le protocole sanitaire inexistant dans les écoles ». CPE au collège Delaune pic.twitter.com/EMiFUyBEfG
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Dans certains établissement les grévistes auront été confrontés à la répression. Au lycée Colbert la police a ainsi usé de gaz lacrymogène pour débloquer l’établissement. Pour le gouvernement il s’agit une nouvelle fois de répondre par la matraque à la contestation sociale, d’imposer par la force le maintien de l’ordre dans un contexte de reconfinement.
A 14h30, un rassemblement est prévu à la DSDEN de Bobigny (8 rue Claude Bernard, 93 000 Bobigny) soyons y nombreux aux côtés des professeurs et personnels grévistes pour faire entendre leurs voix et exiger un protocole sanitaire décent pour que les cours puissent être assurés dans des conditions de sécurité convenables