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Marchands de mort

Boeing vend des missiles à l’Arabie Saoudite pour plus de 2 milliards de dollars

La vente d’armes à l’un des régimes les plus réactionnaires au monde comme moyen de relancer le géant américain Boeing.

Philippe Alcoy

14 mai 2020

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L’accord entre Boeing et l’Arabie Saoudite s’élève à plus de 2 milliards de dollars, mais l’entreprise nord-américaine déclare qu’en tout les contrats lui apporteront 3,1 milliards de dollars. Il s’agit essentiellement de deux contrats, l’un portant sur la modernisation des missiles air-sol SLAM ER, guidés par GPS. L’autre contrat concerne des missiles anti-navires Harpoon. L’Arabie Saoudite en recevra, respectivement, 650 et 400 exemplaires.

Boeing a annoncé dans un communiqué que ces ventes vont lui permettre de poursuivre la production des Harpoon et de redémarrer celle des SLAM ER dont la dernière vente remontait à 2008. D’ailleurs, en octobre 2019, Boeing avait déjà lancé la construction d’un nouveau site de production des missiles Harpoon et SLAM ER, qui devrait être prêt en 2021.

Évidemment, ces ventes ne sont possibles sans la collaboration étroite entre Boeing et le Pentagone. « Nous sommes heureux de poursuivre notre partenariat de longue date avec la marine pour construire des armes qui défendent l’Amérique et ses partenaires internationaux », a déclaré Cindy Gruensfelder, vice-présidente de Boeing Weapons.

Boeing, une multinationale complètement fusionnée avec l’État

En effet, Boeing est une « méga-entreprise » typique de notre époque. Une entreprise qui a une position quasi monopolistique dans plusieurs branches et non seulement dans la construction d’avions commerciaux ; elle est également totalement fusionnée avec les intérêts stratégiques de L’État nord-américain. « En tant que premier exportateur de produits manufacturés aux États-Unis, la société soutient les compagnies aériennes et les clients du gouvernement américain et de ses alliés dans plus de 150 pays. Les produits et services sur mesure de Boeing comprennent des avions commerciaux et militaires, des satellites, des armes, des systèmes électroniques et de défense, des systèmes de lancement, des systèmes d’information et de communication avancés, ainsi que des services de logistique et de formation basés sur les performances », voilà la description explicite de cette fusion entre les intérêts de ce géant et ceux de l’État nord-américain que l’on peut lire sur le site de Boeing.

Boeing est une méga-entreprise « gagnante à tous les coups » : sa position monopolistique et de fusion avec l’État lui assure des profits pharamineux et en même temps, en étant « trop grande pour faire faillite », elle peut s’assurer de l’assistance de l’État en cas de difficulté comme on le voit actuellement où le secteur de l’aviation est gravement touché par la crise. En ce sens, Boeing pourrait recevoir plus de 17 milliards de dollars en aides de l’État nord-américain en même temps que le Pentagone lui offre ces contrats avec l’Arabie Saoudite et d’autres pays dans le secteur de la Défense. Évidemment, tout cela n’empêche pas cette multinationale de licencier 16 000 salariés.

Arabie Saoudite : malgré la crise elle ne peut pas se passer de son allié américain

Du côté de l’Arabie Saoudite, la chute du prix du brut et les perspectives économiques sombres suite aux mesures pour lutter contre la pandémie de Covid-19, sont en train de forcer le régime réactionnaire des al-Saoud à prendre des mesures d’austérité. Augmentation de la TVA, suspension de l’allocation pour le coût de la vie, réduction des salaires des fonctionnaires, voire licenciement de fonctionnaires, sont certaines des mesures que le gouvernement saoudien est en train de prendre pour faire face à la crise. En même temps, il y a des milliers de licenciements et de destructions d’emplois dans le secteur privé où la main d’œuvre, ultra-exploitée, est majoritairement étrangère. Tout cela fait dire à certains analystes que le régime pourrait se trouver très rapidement sous la pression du mécontentement social.

Malgré ce contexte économique tendu qui menace de plonger cet allié central des États-Unis dans une crise politique et sociale sans précédents, l’achat de ces missiles est d’une part fondamental pour la défense du royaume et sa guerre au Yémen mais aussi d’autre part elle peut aider à apaiser les relations entre les deux pays qui depuis la « guerre du prix du brut » s’étaient un peu dégradées.

Ainsi, nous voyons comment les multinationales impérialistes et leurs alliés réactionnaires sont main dans la main pour atteindre leurs buts à travers l’industrie de mort qu’est l’industrie de l’armement.


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