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Régularisation de tous les sans-papiers !

Bordeaux. Le lieu de vie du Kabako expulsé par le Département et la Préfecture, une trentaine de jeunes sans solution

Les premiers camions de CRS sont arrivés vers huit heures afin d'expulser la trentaine d'occupants du lieu de vie. Le Kabako, ouvert en juin 2020 accueillait des dizaines de jeunes sans-papiers en attente d'une reconnaissance de leur minorité et d'une prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance. Annoncée depuis plusieurs mois, l'expulsion de l'immeuble appartenant au Département a ainsi été menée avec l'appui de la Préfecture, sans qu'aucune solution de relogement pérenne n'ait été proposée aux habitants.

Petra Lou


et Hagop Zimmer

23 septembre 2021

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Alors que l’immeuble était menacé d’évacuation depuis le 15 janvier 2021 et avait obtenu un sursis jusqu’au 5 juillet, l’expulsion a finalement eu lieu ce jeudi 23 septembre au matin. La Préfecture affirme que vingt-sept personnes ont été délogées. Selon les soutiens présents sur place, la police a empêché l’entrée des associations, dont Médecins du Monde, souhaitant apporter de l’aide aux jeunes évacuant leurs affaires, mais aussi celle de journalistes. 

 « Quand ils sont arrivés, ils nous ont promis que tout le monde serait relogé et qu’on aurait un bus. Ils nous ont menti pour pouvoir nous faire sortir dans le calme. Pourquoi ils nous font ça ? » raconte un jeune au micro d’Actu.Les jeunes ont ainsi été expulsés sans aucune certitude sur la nature et la durée de leur relogement. La seule consigne délivrée par le cabinet de la préfecture était d’appeler le 115 en début d’après-midi en assurant qu’ils seraient prioritaires sur l’attribution d’une place en foyer. Une attitude qui démontre le manque de préoccupation envers le sort de ces jeunes, d’autant que les places au Samu social sont temporaires. De son côté, le Département ne propose aucune solution pérenne, situation dénoncée par le Kabako qui exige l’hébergement de tous les jeunes "jusqu’à la fin de leur période de recours".

Sur Facebook, le Kabako raconte : « Deux jeunes primo-arrivants, souhaitant être mis à l’abri et faire évaluer leur minorité se sont présentés au Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) ce matin pour la troisième fois de la semaine. Au cours d’un bref entretien informel, ils ont exposé leur situation. Il leur a été répondu par les travailleurs sociaux du CDEF qu’il n’y avait pas de place, qu’ils feraient mieux de changer de département et ils ont été reconduits à la porte. Ils ont ainsi été rejetés avant toute évaluation, en dépit d’une obligation de mise à l’abri immédiate et inconditionnelle, et ce, sans notification de ce refus. »

Le Conseil départemental responsable direct de l’expulsion du Kabako

Le bâtiment de la rue Camille-Godard évacué ce matin appartient au Département : une évacuation facilitée par le vide juridique concernant la situation des jeunes en recours pour faire reconnaître leur minorité. « Le Département, qui est à la fois propriétaire du bâtiment et responsable de la protection de l’enfance, doit proposer une solution de logement pérenne pour les habitants du Kabako », réclamait déjà le collectif en juillet. En effet, n’étant pas reconnus mineurs, ces jeunes ne peuvent bénéficier de l’Aide sociale à l’enfance sans toutefois obtenir de mise à l’abri en attendant la fin de leur recours auprès du juge des enfants. Une situation qui permet aux diverses collectivités et à l’Etat de se renvoyer la balle, tandis que les jeunes errent d’hébergement en hébergement, soumis aux menaces successives d’expulsions. Le Département justifie de son côté qu’il alertait depuis des mois sur « la salubrité de l’immeuble [...] et l’importance de mettre à l’abri les personnes reconnues mineures ». 

Une situation inacceptable, dont le Département est directement responsable, puisqu’il est propriétaire du bâtiment occupé par le Kabako, et a donc ordonné son évacuation. Ironiquement, on peut noter que cette propriété du Département est une ancienne « maison départementale de la solidarité et de l’insertion ». 

À la tête du Conseil départemental, Jean-Luc Gleyze, et sa majorité PS, tente de se dédouaner en interpellant le secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles, Adrien Taquet ; « Un meilleur travail en amont permettrait d’éviter des expulsions, vécues comme des injustices quand elles interviennent après plusieurs années d’accompagnement. » expliquait Jean-Luc Gleyze en mars 2021 dans SudOuest. Interview dans laquelle il explique vouloir mettre l’accent sur l’intégration des Mineurs Non Accompagnés (MNA), avec 400 nouveaux jeunes pris en charge en moyenne chaque année dans le Département. Un discours démagogue de la part de cet élu PS et de sa majorité au Conseil Départemental, qui se dédouane de la prise en charge de nombreux mineurs tout en expulsant les lieux de vie qui les accueillent !

Le progressisme de façade de la Mairie EELV de Bordeaux sur la question migratoire

Pour rappel, la mairie de Bordeaux avait voté le 23 février dernier en conseil municipal une motion s’engageant à une meilleure prise en charge des jeunes migrants, au travers d’un projet commun avec le Département et la Préfecture, notamment en ce qui concerne leur mise à l’abri le temps de leur recours devant un juge pour enfants. Malgré les déclarations d’intention, la Mairie ne propose pas non plus de solution de relogement, alors qu’elle serait en mesure d’appliquer la réquisition des logements vides.

Selon les bénévoles sur place, sur la trentaine de jeunes présents, un seul mineur a été emmené dans les services CDEF pour être pris en charge. Le reste des jeunes, suivis de leurs soutiens, ont été emmenés à l’ASTI (Association Solidarité avec Tous les Immigrés) dans le quartier de la gare pour prendre contact avec les différentes associations et chercher des solutions pour ces jeunes. Plusieurs associations ont d’ores et déjà annoncé qu’ils vont amener des repas pour les soutenir, comme l’association le Pain de l’Amitié.Une situation scandaleuse, qui n’est pas sans rappeler le rôle qu’a joué la Mairie de Hurmic ces derniers mois en cautionnant et en étant complice des expulsions successives qu’a mené la Préfecture dans la métropole, mettant à la rue des centaines de familles. D’autre part, la violente expulsion des lieux de vie de l’Éclaircie et la Vie est Belle qui a mis une centaine de femmes et leurs enfants, souvent en bas âge, était directement de la responsabilité de la Mairie de Bordeaux, propriétaire du terrain et donneur d’ordre de l’évacuation, au profit d’un énorme projet très rentable de Zone D’aménagement Concerté (ZAC) sur la commune de Gradignan.Les récentes déclarations du maire Pierre Hurmic sur la situation de l’Afghanistan, se vantant d’accueillir une cinquantaine de ces migrants en cherchant à se délimiter des propos explicitement racistes et sécuritaires de Macron, montrent non seulement une hypocrisie sans nom, mais aussi une démagogie de tri entre les « bons » et les « mauvais » migrants. Hurmic n’a aucune honte de fanfarer sur l’accueil de 50 migrants afghans, tout en accompagnant la Préfecture dans la criminalisation des migrants expulsés par centaines chaque année.

Rassemblement demain devant le Conseil départemental !

Les militants et bénévoles du collectif du Kabako appellent à se rassembler devant le Conseil départemental à 14H pour exiger des solutions pérennes de relogement, et dénoncer la responsabilité du conseil départemental.

Alors que les expulsions se sont multipliées ces derniers mois en Gironde -la Préfète Fabienne Buccio menant une politique anti migratoire particulièrement répressive avec la complicité des Mairies de la Métropole (Bordeaux en tête) ainsi qu’avec le Conseil départemental- soyons nombreux à nous rassembler ce vendredi pour revendiquer un relogement pour tous les jeunes, qu’ils aient ou non été reconnus mineurs, ainsi que la régularisation de tous les sans papiers. Plus que jamais, nous défendons la réquisition des logements vides pour un toit pour toutes et tous, ainsi que la liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous, et l’ouverture des frontières, pour accueillir les migrants dans des conditions dignes. 


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