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Silence médiatique

Boycott médiatique du meeting d’Anasse Kazib : "Il faut saluer la mémoire de Pétain pour que les médias viennent"

Quelques jours après le succès du meeting de lancement de la campagne Anasse Kazib 2022, la norme est toujours au silence médiatique : pas un article dans les médias ! Alors qu’un tapis rouge continue à être déroulé pour l’extrême-droite et Éric Zemmour et que les chaînes d’informations font la pluie et le beau temps de la pré-campagne électorale, il n'en est pas de même pour la campagne d'Anasse Kazib, candidat ouvrier issu de l'immigration, qui semble un peu trop subversif pour que les grands médias s'y intéressent...

Nathan Deas


et Sara Yuki

22 octobre 2021

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Plus de 450 personnes chauffées à blanc, une tribune rassemblant Assa Traoré, Sasha Yaropolskaya et de très nombreux secteurs ouvriers, le meeting de lancement de la campagne Anasse Kazib a constitué un succès indéniable et ce jusqu’à maintenir debout la moitié de la salle par manque de places. Malgré les nombreuses invitations, aucun média n’a jugé utile de couvrir l’évènement.

Vendredi soir, l’invitation d’Anasse sur TPMP, a constitué une exception. Il aura fallu qu’une dizaine de fachos crachent leur haine sur Twitter et se retweetent jusqu’à indigestion pour que l’opacité médiatique soit brisée. Pour autant « s’il fallait une démonstration évidente de ce deux poids deux mesures entre l’accueil réservé à l’extrême-droite et ses discours racistes et celui qu’on fait à un candidat révolutionnaire, figure des derniers mouvements de lutte de classe, l’émission de vendredi soir a été limpide ».

Notons en ce sens, que le silence médiatique réservé à Anasse Kazib, est appliqué à quelques variables près, de manière identique aux candidats présentés par le NPA et Lutte ouvrière. Si l’extrême-gauche est habituée à ne pas faire la une de la presse, la différence de traitement réservée aux candidats de l’extrême droite est symptomatique du modelage de l’actualité par les éditorialistes et journalistes bourgeois. En toile de fond, un véritable rouleau compresseur est à l’œuvre pour imposer Eric Zemmour le candidat et avec lui un cortège d’idées racistes et réactionnaires sur le devant de la scène. Et comme le dénonce Anasse Kazib « cela commence à se voir ».

Comment ne pas interroger en ce sens la relation intime qui existe entre le patronat français et la presse de masse ? Dernièrement encore, nous apprenions la supposée désignation par Bolloré de l’ancien directeur de Valeurs Actuelles à la tête du Journal du dimanche. La réalité est que la lutte d’influence que mènent les plus grands patrons du CAC 40 et notamment Arnault, Bolloré et Niel, pour accroître leurs empires médiatiques consacre ces dernières années l’accentuation du phénomène de concentration des médias entre les mains du grand capital. Dans le cadre des prochaines élections présidentielles toute cette machine favorise principalement Eric Zemmour mais aussi les divers courants d’extrême-droite et parallèlement exerce une pression sur la droite sur les partis du « centre ». Cinq ans auparavant, cette même machine médiatique avait participé à l’avènement de Macron.

Une candidature trop subversive pour les patrons de presse ?

Ce n’est pas un désintérêt journalistique qu’exprime le silence médiatique autour de la campagne de Révolution Permanente, Lutte ouvrière ou du NPA. Quoi qu’on en pense, la candidature d’Anasse Kazib exprime quelque chose. Au sein de l’extrême-gauche d’abord, il n’est pas anodin de voir Assa Traoré, des secteurs des quartiers populaires, LGBT, étudiants aux côtés d’une candidature ouvrière. Si on élargit la focale ensuite, il n’est pas anodin non plus alors que le quinquennat Macron a consacré le retour de la lutte des classes, des gilets jaunes à la réforme des retraites en passant par BLM, qu’une campagne émerge et se donne l’objectif de porter ces cinq ans de lutte aux présidentielles. Si la bourgeoisie consacre la politique par en haut, ces cinq dernières années ont montré que c’est par en bas que la politique conservait une forme de vitalité. Et d’autant plus alors que la crise des partis traditionnels est entamée et le déficit de confiance avec leurs représentants consommé.

Quant à nous, c’est une façon de faire de la politique radicalement différente que nous portons. Avec les « héros du covid », de nos luttes, ceux-là même qui font chaque jour tourner la société. Comme l’exprimait Elsa Marcel à la tribune mercredi soir, notre fierté, c’est la présence « des délégations de différents secteurs du monde du travail, de ceux qui ont fait tourner la société pendant la pandémie. Les travailleurs de Neuhauser qui ont imposé à leur patron de redistribuer la nourriture pendant la pandémie, les grévistes de Transdev, les agents de l’Infrapôle en grève depuis 7 mois, les travailleurs de SKF à Avallon en lutte contre les licenciements, les salariés d’ Onet, les militants du CSP Montreuil réprimés récemment ». Et « À leurs côtés de dizaines de travailleurs de la RATP, de la SNCF, de raffineurs, de profs, des étudiants de Paris 1, Paris 5, Paris 8, Nanterre ainsi que plusieurs collectifs de familles de victimes de violences policières. On veut une campagne à l’image de cette salle .

Si ce qui pourrait être la première candidature d’une personne issue de l’immigration, d’autant plus ouvrière, aux Présidentielles ne suscite pas le moindre écho médiatique c’est peut être comme le concédait Anasse lui-même à la tribune, ce mercredi soir, parce qu’elle est un peu trop subversive. A contrario la candidature de Zemmour, derrière l’abattage raciste et islamophobe, se garde bien d’attaquer ceux qui tiennent la presse entre leurs mains : les patrons et les profits. Ainsi, si les obstacles pour être « sur la ligne de départ » restent nombreux, une chose est sûre, la détermination à aller au bout, elle, ne manquera pas.


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