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Le gouvernement multiplie les intox

Budget 2019 : retraites, APL et allocations familiales (encore) touchées de plein fouet !

Dans une interview livrée dans les colonnes du JDD, Edouard Philippe, désormais mis en tête de pont de la Macronie, a révélé les contours du budget 2019 et ses coupes franches. Car si le premier ministre joue sur les mots en assurant qu’ « aucune prestation sociale ne sera réduite », en vérité leur désindexation va conduire directement à une baisse du pouvoir d’achat des retraités, des familles et des foyers les plus modestes prestataires des Aides au Logement. Les entreprises, en dépit des discours, restent elles largement avantagées.

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Intox n°1 : la « contribution des entreprises à l’effort budgétaire » (B. le Maire)

A l’annonce du budget 2019, le Medef ou encore la presse patronale veulent faire croire que le gouvernement d’Edouard Philippe, en rupture avec les méthodes de l’an I, aurait mis de l’eau dans son vin. Les Echos parlent de « pédale douce » tandis le nouveau patron du Medef, Geoffroy Roux de Béziers, s’offusque du « signal négatif » envoyé aux chefs d’entreprises. En cause, le report de 10 mois d’un allégement supplémentaire de cotisations sociales sur les bas salaires (soit -4% de cotisations sociales au niveau du SMIC pour les entreprises) – au 1er octobre 2019 contre janvier 2019. Attention, contrairement à ce que prétend Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, il ne s’agit nullement d’une « mise à contribution » des entreprises à l’effort budgétaire. Mais plutôt d’un report des cadeaux fiscaux qui leur étaient et sont toujours destinés en 2019. Nuance.

Car une fois de plus, en Macronie, tout se joue dans la mise en scène. Le « recentrage [du gouvernement] sur des aides sur les bas revenus », selon le commentaire de Jean Pisani-Ferry, ancien directeur du programme d’Emmanuel Macron, c’est ce que le gouvernement voudrait bien nous faire croire. Pour casser l’image d’une « présidence des riches » et faire remonter les points dans les sondages, il peaufine ses effets d’annonce… sans pour autant enclencher le ralentisseur.

Intox n°2 : « Aucune prestation sociale ne sera réduite » (E. Philippe)

Le premier ministre, Edouard Philippe a, lui aussi, juré, croix de bois, croix de fer, qu’ « aucune prestation sociale ne sera réduite ». En oubliant, sans doute, de relever l’entourloupe sur les valeurs nominales – affichées en euros - et les valeurs réelles – qui établissent le pouvoir d’achat. Ainsi, au lieu d’être revalorisées à hauteur de l’inflation comme elles le sont d’ordinaire, - soit de 1.6% pour 2018 selon l’INSEE - les pensions de retraites, les APLs, et les allocations familiales n’augmenteront que de 0.3% pour 2019, a annoncé le ministre. Ainsi, les retraités, les familles et les foyers modestes accédant aux APLs ne verront pas, sous le coup de cette mesure, diminuer le montant de leurs revenus. Mais c’est leur pouvoir d’achat –et leur condition de vie -, du fait de la hausse des prix, prévu autour de 1.5% par l’INSEE pour 2019, qui sera impacté de plein fouet.

Et si le premier ministre a fait valoir que « les prestations qui bénéficient à nos concitoyens les plus fragiles comme le RSA, seront augmentées, conformément à la loi », il s’agit d’y regarder de plus près. Le gouvernement annonce une revalorisation exceptionnelle de la prime d’activité, du minimum vieillesse, de l’allocation Adulte Handicapé (respectivement, 80, 100 et 100 euros d’ici la fin du quinquennat). En 2018-2019, on pourrait cependant compter sur une hausse de 20 euros de la prime d’activité en novembre, de 35 euros pour le minimum vieillesse en janvier prochain et de 40 euros en novembre pour l’AAH. Reste à savoir si ces augmentations, modestes, suffiront à couvrir l’inflation qui affiche une belle remontée, et le pouvoir d’achat de ces revenus sociaux qui demeurent sommes toutes, extrêmement modestes (montant maximum de 833 euros par mois pour le minimum vieillesse à partir de 65 ans et de 819 euros par mois pour une personne handicapée, vivant seule et sans aucune ressource).

Intox n°3 : « nous voulons […] que le travail paie, qu’il paie de mieux en mieux » (E. Philippe)

La désocialisation des heures supplémentaires, c’est l’autre axe clef du budget gouvernemental qui pour donner des gages aux classes moyennes, va puiser dans le répertoire des mesures sarkozystes. Il s’agirait d’exonérer de cotisations sociales toutes les heures supplémentaires travaillées. Une bonne nouvelle pour les salariés ? Cette « désocialisation » est surtout une aubaine pour les entreprises, pour qui elle revient à une diminution du coût du travail. En plus d’encourager les entreprises à augmenter les heures de travail plutôt que les nouvelles embauches, la mesure consiste également à évacuer du calcul des prestations sociales futures, notamment des retraites, ces heures travaillées… Le salaire moyen (en y intégrant les salaires différés : chômage, retraites, etc…) rapporté à l’heure travaillée en sera, en vérité, diminué.

Poursuite des coupes et du tempo des réformes

Quoiqu’en dise la presse et les milieux patronaux, le mot de la rentrée, pour le gouvernement, est définitivement « continuité ». A quelques nuances de communications prêtes. Finie la petite phrase présidentielle, enregistrée (faussement) à l’arrache et lancée à l’emporte-pièce. Après les décombres engendrés par la sortie sur le « pognon de dingue » et l’affaire Benalla dont Macron sort affaibli, l’enfant-roi président a décidé de se la jouer discret. Et d’envoyer ses fidèles en première ligne.

Une manière de se constituer des fusibles, alors que les nouvelles annonces budgétaires risquent d’entamer un peu plus sa popularité. A celles explosives sur les prestations sociales, s’ajoutent l’annonce d’une suppression (nette) de 4 500 fonctionnaires pour 2019 – après les 1 600 annoncées pour 2018 - dans l’audiovisuel, le ministère des Finances, les réseaux extérieurs de l’Etat ; et celle d’une réduction des emplois aidés de 200 000 en 2018 à 100 000 en 2019 (contre 459 000 en 2016). Du « tournant social », l’an II macronien n’en a ni la couleur, ni l’ambition. Tout juste quelques formules de communication.


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