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Capitalisme vert

COP22. La conférence sur le climat ne s’annonce guère plus fructueuse que la précédente

On se souvient de la mascarade que fut la COP21 à Paris il y a près d'un an. Aujourd'hui, alors que s'ouvre la 22ème conférence sur le climat à Marrakech, il n'y a aucune raison d'être plus enthousiaste. A. Bronstein

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L’accord sur le climat, adopté le 12 décembre dernier à Paris à l’issue de la COP21, et entré en vigueur le 4 novembre, a été présenté comme une grande victoire écologique. La répression qui s’était alors abattue sur les militants dénonçant la mascarade, a été bien vite oubliée. Pourtant, ayant pour objectif de maintenir le réchauffement climatique « bien au-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels », cet accord n’est qu’une gigantesque farce. Ce ne sont que des promesses en l’air qui n’engagent que très peu les pays signataires.

Nous le rappelions dans l’un de nos articles, publié alors : « Le point central de l’accord est constitué des « contributions prévues déterminées au niveau national » annoncées par les États. Ces déclarations de prévision de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne sont en rien des engagements, mais, comme leur nom l’indique, des contributions déterminées et annoncées par chaque pays, sans discussion possible ni prévue, sans mécanisme de révision ni rétorsion en cas de non-respect. La totalité des « promesses », si elles étaient tenues, aboutiraient à un réchauffement moyen autour de 3°C dans le meilleur des cas. On est loin des 2°C officiellement visés, et plus encore des 1,5°C qui seraient nécessaires, en particulier pour les populations les plus vulnérables confrontées, pour certaines, à la montée des océans et aux inondations, pour d’autres, aux terribles sécheresses et aux famines qui les accompagnent, et, pour toutes, à des conséquences dramatiques sur leur santé et leur vie. Prendre au sérieux cette limite imposerait de laisser sous terre les 4/5 des réserves connues de charbon, gaz et pétrole. Or les énergies fossiles ne sont même pas mentionnées dans l’accord. »

Aucune mesure n’a été prise pour agir directement sur les causes du problème, sur le mode de production lui-même. Comble de l’ironie, parmi les mécénats de la COP22 – et c’était déjà le cas pour les COP précédentes – on trouve des industries fossiles qui figurent dans la liste des cinquante plus grands émetteurs de dioxyde de carbone au monde.

Mais alors, quels seront les enjeux de cette 22ème conférence sur le climat ? « Le gros sujet de la COP22 sera de préciser les règles de mise en œuvre de l’accord de Paris et de se mettre d’accord sur la date de finalisation de ces règles communes », répond à cette question Laurence Tubiana, ambassadrice française chargée des négociations sur le changement climatique. Il s’agit donc de pousser les 189 pays ayant pris des « engagements volontaires » à poursuivre leurs efforts, afin de respecter ce fameux seuil des 2°C. En d’autres termes, il s’agit de faire durer la mascarade, en continuant à maintenir l’illusion qu’il est possible de réformer le capitalisme pour en faire un système où la production pourrait être responsable et écologique, sans même s’attaquer aux racines du problème. Il s’agit de continuer à faire croire que le capitalisme vert est possible.

Le capitalisme est un système court-termiste, basé sur la rentabilité immédiate et le profit. Nul doute que les principaux agents de ce système, réunis pour la 22ème fois à Marrakech, n’ont aucun intérêt réel à faire de véritables efforts pour économiser de l’énergie. Il faudrait pour cela mutualiser les moyens de transport, d’énergie et de production, contre toute logique de rentabilité, ce qui va bien évidemment à l’encontre des intérêts de la plupart des acteurs de la COP.

Certains grands industriels ont cependant déjà compris comment tirer leur épingle du jeu : Monsanto et Syngenta par exemple, mettent au point des semences capables de résister à des conditions météorologiques extrêmes depuis plus de 10 ans, tablant sur la crise climatique pour faire du chiffre. Les grandes compagnies d’assurances, quant à elles, engrangent déjà des profits faramineux grâce à l’impact météorologique du réchauffement climatique sur les populations.

Le capitalisme se repaît des catastrophes, grâce auxquelles il génère du profit. Comment, dans ces conditions, continuer à croire que les représentants des pays à Marrakech pourront avoir un réel impact sur la crise écologique qui est déjà bien amorcée ?


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