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Marche pour le climat

COP26. Des milliers de manifestants dénoncent le greenwashing des gouvernements

Des milliers de manifestants ont défilé ce week-end dans près de 200 villes autour du globe pour dénoncer l’inaction des gouvernements réunis à la COP26. Alors que le sommet sur le climat s’est ouvert il y a une semaine, aucune mesure significative n’est prise, les gouvernements multipliant les coups de com’ et démontrant leur incapacité à gérer la crise climatique.

Jade Ruiz

9 novembre 2021

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Glasgow, Sydney, Paris, Londres, Nairobi ou encore Mexico. A l’issue de la première semaine de la COP26 des milliers de manifestants se sont rassemblés dans plus de 200 points à travers le monde, vendredi et samedi derniers, pour faire pression sur les chefs d’Etats et réclamer « moins de blabla » et plus de véritables actions pour répondre à l’urgence climatique. Le message était clair : « les dirigeants et les pollueurs présents à la COP26 ne feront pas ce qui est nécessaire, nous allons donc faire en sorte qu’ils nous entendent ».

Faire payer les riches

L’un des mots d’ordre principaux concernait la « justice climatique », avec la préoccupation que ce ne soit pas aux pays les plus pauvres de payer les conséquences du dérèglement. Pour rappel, dans le monde, les 10% les plus riches contribuent à plus de la moitié des émissions de CO2 tandis que les 10% les plus pauvres n’y contribuent que de 3 à 5%.

Pourtant, ce sont d’ores et déjà les populations les plus précaires qui subissent les effets les plus violents du réchauffement climatique. Selon un rapport de la Banque mondiale publié mi-septembre, le nombre de réfugiés climatiques pourrait en effet atteindre 216 millions en 2050 (dont 105 millions rien que pour le continent africain) en raison du manque d’eau, des famines ou encore de l’élévation du niveau de la mer.

Vanessa Nakate, figure des mobilisations de jeunesse en Ouganda pour le climat, et qui n’a de cesse de dénoncer les conséquences de la crise climatique sur le continent africain, était notamment présente à Glasgow, parmi les 50 000 manifestants recensés par les autorités.

A noter, la participation de nombreux jeunes et très jeunes préoccupés par le sort de l’environnement aux protestations en marge du sommet. En 2019 déjà, ils avaient été des millions dans le monde à défiler dans le cadre des Friday’s for future. Sur certaines images prises dans la manifestation à Glasgow, on entend ainsi ces participants déterminés scander « - Qu’est ce que nous voulons ? - La justice climatique ! – Quand la voulons-nous ? – Maintenant ! »

Dénoncer l’inaction et l’hypocrisie des gouvernements

Greta Thunberg a pris la parole lors de la manifestation du vendredi dans la ville écossaise, pour dénoncer « le blabla » auquel se livre les dirigeants du monde entier. « Ce n’est un secret pour personne que la COP26 est un échec [...] beaucoup commencent à se demander ce qu’il faut faire pour que les gens au pouvoir se réveillent [...] Mais soyons clairs, ils sont déjà réveillés. Ils savent exactement ce qu’ils font [...] Il semble que leur principal objectif soit de continuer à lutter pour le statu quo. Il ne s’agit plus d’une conférence sur le climat, mais d’un festival de greenwashing des pays du Nord. Une célébration de deux semaines de "business as usual" et de "blabla". » 

Des caricatures du Premier ministre australien Scott Morrison (gauche) et du député au Premier ministre Barnaby Joyce (droite) / AFP

À Paris, plusieurs centaines de personnes ont également défilé devant l’Hôtel de Ville à l’appel de plusieurs organisations dont Extinction Rébellion, qui avait accroché une banderole « Inactifs à la COP26, mourant.e.s en 2050 », et déployé sur le parvis des illustrations de dirigeants, avec en fond, la planète en train de brûler. A Sydney et Melbourne également, des manifestants déguisés en tas de charbon ou arborant des caricatures ont dénoncé l’action de Scott Morrison, le premier ministre australien, connu pour être un grand défenseur de l’industrie minière.

 

La COP26 comme opération de « greenwashing »

Et pour cause, la COP26, parfois surnommée « COP de la dernière chance » s’ouvre dans une situation d’accélération des catastrophes liées au dérèglement climatique, de pandémie mondiale (conséquence du dérèglement de la biodiversité), mais également quelques mois après la publication du dernier rapport du GIEC confirmant la gravité de la crise climatique.

Alors que la COP26 a soi-disant pour objectif de limiter à 1,5°C le réchauffement climatique d’ici la fin du siècle, en prenant des mesures visant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, les dernières estimations de l’ONU prévoient quant à elles une tendance au réchauffement de +2,7°C, qui pourrait entraîner des conséquences désastreuses pour la biodiversité, voire à termes pour l’espèce humaine.

Selon le GIEC, inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, nécessiterait entre autres l’arrêt immédiat de l’extraction des combustibles fossiles, de repenser l’ensemble du schéma énergétique mondial, les modes de transports, d’alimentation, ou encore de diminuer rapidement la quantité de plastique.

Pourtant, alors que les émissions devraient en théorie être réduites de moitié d’ici à 2030, Dans l’ensemble, l’ONU elle-même estime qu’une quinzaine de pays prévoit de plus que doubler la production de combustibles fossiles d’ici 2030 : 240 % de plus pour le charbon, 57 % en plus pour le pétrole et 71 % de gaz en plus. Lors du sommet du G20 également, qui s’est tenu à la veille de la COP26, et dont les annonces en termes environnementaux sont tout aussi cyniques, seul douze pays se sont engagés à atteindre la neutralité carbone mais uniquement de manière formelle comme l’Arabie Saoudite ou la Chine.

Dans les faits, cette dernière prévoit l’augmentation de la production nationale de charbon et la construction d’une quarantaine de centrales dans le monde pour alimenter son industrie manufacturière en électricité. De son côté Joe Biden, qui semble avoir enterré le Green New Deal, devrait autoriser jusqu’à 6000 nouveaux permis d’exploitation pétrolière et gazière d’ici la fin de l’année sur le territoire nord-américain.

De plus, les pays discutent de la possibilité de développer à l’échelle internationale la tarification du carbone : une mesure qui pénaliserait les pollueurs selon ses défenseurs, mais qui dans la réalité donnerait un chèque en blanc aux entreprises et pays les plus riches, qui leur permettrait de continuer à piller les ressources naturelles et détruire l’environnement, bénéficiant d’un « droit à polluer » notamment les territoires des pays pauvres.

Des accords à géométrie variable selon les intérêts des pays

Parmi les autres effets de com’ : la signature d’un accord visant à réduire les émissions de méthane par une centaine de pays, sauf les plus gros émetteurs comme l’Inde, la Russie et la Chine qui représentent à eux-seuls plus d’un tiers des émissions. En ce qui concerne le charbon, 40 pays (dont la Pologne, un grand consommateur) se sont engagés à mettre fin aux centrales au charbon entre 2030 et 2040, sauf les États-Unis, la Chine, l’Australie et l’Inde, les principaux consommateurs et exportateurs.

Et parce que parler des forêts rend toujours bien, un engagement pour mettre fin à la déforestation d’ici à 2030 a été signé, alors qu’un accord similaire existe depuis 2014 et n’est pas respecté, l’agrobusiness ayant toujours suivi son chemin.
Un ensemble de promesses à la marge, qui ne seront probablement mêmes pas tenues, à l’image des résolutions de l’Accord de Paris, et qui démontre que les 200 dirigeants réunis à Glasgow sont incapables de répondre à l’urgence climatique. Le seul projet proposé est celui d’un capitalisme vert, reposant sur la marchandisation de la nature – à l’image de la tarification du carbone – défendu par les grandes entreprises qui dominent le sommet de Glasgow (on remarquera à ce titre la présence de Jeff Bezos ou de Bill Gates).

Nous n’avons rien à attendre des dirigeants rassemblés à la COP26. Plus que jamais, si nous souhaitons réellement inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, il est nécessaire de se mobiliser pour placer les secteurs stratégiques pour la transition écologique, comme l’énergie et les transports, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la population. C’est la seule solution pour véritablement ralentir le réchauffement climatique.


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