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Gestion répressive de la crise

COVID-19. L’exécutif envisagerait des mesures plus coercitives pour les personnes positives

Alors que Macron estimait lors de son allocution du 28 octobre qu’il fallait « encore réfléchir » aux stratégies d’isolement, l'exécutif envisagerait aujourd’hui d’imposer des mesures plus coercitives pour les malades du Covid-19. Un pas de plus dans les mesures autoritaires, alors que la gestion pro patronale de l’épidémie nous mène droit dans le mur.

Inès Rossi

19 novembre 2020

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Crédits photo : Valery HACHE/AFP

Après « tester, tracer, isoler », le gouvernement devrait annoncer les détails de sa nouvelle stratégie pour freiner la propagation du virus, après 3 semaines de confinement. Cette nouvelle stratégie s’articulerait autour d’un nouveau slogan : « tester, alerter, protéger ». Pourquoi ce changement sémantique, de « isoler » à « protéger » ? Peut-être pour euphémiser l’arrivée prochaine de mesures d’isolement coercitives pour les malades du Covid-19. C’est en tout cas ce qu’avance le journalLe Monde, qui indique que le gouvernement n’exclut pas un durcissement des règles d’isolement pour les malades, y compris via des mesures coercitives.

Jeudi 19 novembre, Jérôme Salomon a indiqué que 32 345 malades du Covid-19 étaient hospitalisés, dont 4653 en réanimation, et 2200 malades ont été hospitalisés et 311 en réanimation en l’espace de 24 heures. Si le niveau des contaminations quotidiennes a quelque peu baissé depuis le début du confinement, l’épidémie est loin d’être sous contrôle, et la gestion sanitaire de l’exécutif est toujours aussi catastrophique.

Les collèges et les lycées n’ont toujours pas de protocole sanitaire à la hauteur, les hôpitaux continuent de travailler sans moyens supplémentaires, le télétravail n’est toujours pas obligatoire, etc. Le point d’étape des quatre semaines de confinement arrive à grands pas, et ce semi-confinement autoritaire ne fait pas ses preuves. Pour pallier son incompétence, l’exécutif se tourne donc vers son ressort habituel : renforcer ses mesures répressives.

Plusieurs pays européens ont mis en place des mesures répressives envers les personnes positives au coronavirus qui ne respecteraient pas leur isolement. En Italie, elles risquent une peine de trois à 18 mois de prison, ainsi qu’une amende de 500 à 5 000 euros. En Espagne, elles encourent 3 000 euros d’amende en cas de non-respect de l’isolement, et jusqu’à 600 000 euros d’amende en cas de récidive. En Angleterre, la récidive de violation peut mener à une amende de 1000 à 10 000 livres.

Jusqu’à présent, le gouvernement français n’avait pas imposé d’obligation d’isolement en cas de test positif, mais cela pourrait évoluer. Les députés du groupe Agir ensemble ont ainsi proposé de « faire de l’auto-isolement une obligation légale » (quatorze jours pour les personnes positives, une semaine pour les cas contacts), dont tout manquement « serait passible d’une amende de 10 000 euros », avec des contrôles aléatoires « des forces de l’ordre ou de l’Assurance-maladie, comme elle le fait parfois pour les arrêts de travail ». Et si Matignon a jusqu’alors été défavorable à une telle mesure, elle est aujourd’hui à l’étude, bien que difficilement applicable d’un point de vue constitutionnel.

L’isolement est un des volets les moins bien maîtrisés de la stratégie du gouvernement. Ainsi, selon Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris, « dans les faits, il n’y a pas d’isolement. Ça ne sert à rien de tester des millions de Français si c’est pour ensuite les renvoyer chez eux lorsqu’ils sont positifs et infecter leur entourage. » Mais il est absurde de penser que les malades ou les cas contacts ne s’isolent pas par choix, quand ont sait que les personnes les plus exposées au virus sont aussi les plus précaires, qui n’ont pas forcément l’espace pour s’isoler, ou qui ne peuvent pas se permettre de ne pas aller travailler. L’exécutif fait ainsi peser sur les malades la responsabilité de son propre échec.

La réalité, c’est que des mesures répressives ne seraient mises en place que pour masquer le manque de moyens effectifs investis dans l’isolement des malades. Le gouvernement n’a d’ailleurs pas suivi les recommandations du conseil scientifique en matière de moyens pour s’assurer que l’isolement soit efficace : « Notre position n’est absolument pas d’appeler à des mesures coercitives. Au contraire, assure Laëtitia Atlani-Duault, une de ses membres, dans Le Monde. Nous demandons la mise en oeuvre d’une vraie stratégie faite de devoirs (l’auto-isolement à domicile) et de droits, couplant une stratégie de communication adaptée et surtout des mesures d’incitation et de compensation.  » « Parmi ces droits, celui de demander un congé rémunéré pendant la période d’isolement ou la prise en charge de services à domicile comme la livraison de repas. » explique le journal.

Pallier le manque de moyens chronique et le semi-confinement pro-patronal par plus de mesures répressives et de déresponsabilisation, c’est le processus habituel du gouvernement. La logique qui dirige le reconfinement est toujours la même : tout est fait pour protéger les profits du grand patronat, tandis que pour les petits commerces, les travailleurs et les classes populaires, il ne reste que la gestion répressive et les licenciements. Faute de vraies mesures pour permettre aux malades et aux cas contacts de s’isoler, l’exécutif se tournerait vers le tout-répressif. C’est cette gestion pro-patronale criminelle du gouvernement qui est en grande partie responsable de l’ampleur de la catastrophe sanitaire, qui atteint aujourd’hui 47 127 morts en France.


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