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Délabrement de l’hôpital public

CoVid-19. Les patients en psychiatrie, premiers sacrifiés

Pour accueillir les patients atteints du coronavirus, les directions d’hôpitaux commencent à trier les malades hospitalisés – et ce également en psychiatrie. Les patients se retrouvent ainsi renvoyés chez eux et livrés à eux-mêmes, ce qui met leur santé en péril.

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Crédit photo : Stéphane Mortagne

La situation empire jour après jour dans les hôpitaux français. Pour faire face à l’épidémie, confiner les patients probablement atteints de Covid-19 et se préparer à soigner tous les patients développant des syndromes respiratoires graves, les directions cherchent des lits dans tous les secteurs. La psychiatrie n’est pas épargnée, et voit ses lits réquisitionnés – donc détournés de leur usage habituel. Ce sont, encore une fois, les personnes parmi les plus vulnérables qui se retrouvent isolées et sans aucun suivi.

Rien d’étonnant puisque comme le dit la directrice de l’agence régionale de santé de Normandie, « la psychiatrie n’est pas une priorité » (citation rapportée par la CGT de l’EPSM de Caen dans on communiqué de presse du 23 mars)…

Une situation empirée par la fermeture de lits et de services depuis plus de trente ans

Du fait des mesures prises par les directions d’hôpitaux, en lien avec les Agences Régionales de Santé de chaque région, pour faire face à la crise actuelle, le suivi de ces patients s’avère impossible à mettre en place. En effet, ces mesures ont non seulement provoqué la fermeture de nombreuses structures de jour assurant le suivi extra-hospitalier, mais aussi le redéploiement d’une grande partie des soignants des quelques structures restantes vers les services de soins des hôpitaux. L’objectif est évidemment de pallier les manques de personnels dont font preuve les unités hospitalières, qui exercent depuis trop longtemps à flux tendu ; mais la conséquence, c’est que les quelques structures qui continuent à fonctionner sont totalement démunies.

Comme l’explique un soignant qui exerce actuellement à Montpellier, « avant l’arrivée du COVID-19 nous étions 14 infirmiers pour gérer l’extra-hospitalier. Aujourd’hui, nous sommes deux, avec une grande partie des patients hospitalisés qui sont de retour à leurs domiciles, isolés, et qui ont donc besoin de notre structure. La situation est explosive et ce d’autant plus que nous n’avons aucun matériel pour nous protéger. »

Double peine pour les patients issus de la psychiatrie

Dans un climat qui génère une forte anxiété, la situation est maintenant critique. Le confinement imposé, associé à la crainte du virus, accroissent le risque de crises chez des personnes non seulement fragiles mentalement, mais aussi abandonnées. Le risque de contamination est alors majoré par leur passage aux urgences, dernier refuge sécurisant pour ces personnes, mais aussi zone présentant un grand risque de contamination.

Impossible alors de ne pas penser à nos voisins italiens et au tri des patients qui leur a été demandé de faire suite au débordement de leurs lits en réanimation et au manque de matériel dont ils avaient besoin, notamment respirateurs. Cette solution est d’ailleurs prévue en France- comme en atteste le document édicté par la Direction Générale de la Santé et intitulé « Priorisation de l’accès aux soins critiques dans un contexte de pandémie ».

Une soignante exerçant en psychiatrie témoigne ainsi :

« J’ai peur. Tous les jours je me réveille angoissée, inquiète d’être appelée pour soutenir mes collègues de l’intra-hospitalier. J’ai peur, mais je réponds présente.
Malgré nos masques périmés depuis 2007.

Je réponds présente pour protéger le plus possible les patients fragiles psychiquement ,mais aussi physiquement, car ce sont des personnes souvent en mauvaise santé (diabétiques, en surcharge pondérale, etc.).

Les réanimations vont vite être surchargées, manque de moyens oblige.

Alors je me pose souvent la question : quand les réanimations devront faire un choix entre deux personnes pour l’accès à un respirateur – un choix entre deux personnes du même âge, l’une souffrant de graves problèmes psychiques - laquelle de ces deux personnes aura accès au service de réanimation ?

La réponse est claire et je n’ose la formuler.

Dans les hôpitaux psychiatriques de Rhône Alpes, mais aussi dans tous les hôpitaux de France, nous allons accompagner des patients vers la fin de vie, et pour certains ce sera parce qu’ils n’auront pas eu accès à un service de réanimation ».

La question se pose donc : entre un patient sans pathologie psychiatrique d’une part, et quelqu’un que la société continue trop souvent à considérer comme un « fou » d’autre part, quel choix sera-t-il fait ?


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