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Les violences policières continuent

Calais : « L’auberge des migrants » dénonce les violences qui leurs sont faites

Alors que la loi asile-immigration renforce la répression contre les migrants, la situation à Calais, plus d'un an et demi après le démantèlement de la « jungle », reste toujours aussi préoccupante. L'association l'Auberge des Migrants, qui leur vient aide, dénonce dans son deuxième rapport les violences dont la police est responsable contre les réfugiés.

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Crédit photo : OLIVIER JOBARD / MYOP

Rapport sur les expulsions forcées à Calais : confiscations et destructions des abris des exilés : c’est par ce titre que l’association l’Auberge de Migrants a intitulé le deuxième bilan de la situation à Calais depuis le démantèlement violent de la jungle en octobre 2016. Dans son précédent rapport, datant de décembre 2017, l’association qui fournit une aide d’urgence aux migrants, avait déjà dénoncé la politique de répression menée par la police contre les réfugiés comme une « stratégie coûteuse, indigne et violente ». Depuis, rien n’a fondamentalement changé.

Le rapport détaille les incessantes opérations de « nettoyage » que la police encadre et qui se déroulent à un rythme soutenu sur l’ensemble du Calaisis. Les réfugiés sont alors dépossédés de toutes leurs affaires, notamment des tentes et des sacs de couchage, qu’ils ne peuvent récupérer alors que la Préfecture s’était pourtant engagée à ce que les migrants puissent récupérer leurs biens lors de ces opérations. Les opérations de destruction, très rapides et exécutées la nuit ou tôt le matin, s’accompagnent de destruction des campements et de violences à l’égard des réfugiés. On ne compte plus les témoignages où les coups de matraques des CRS et les gazages pleuvent sur les migrants, quand ce ne sont pas leurs affaires qui sont jetées au feu ou que ce ne sont pas les forces de répression qui « urinent sur leurs tentes, sur les bidons ou les ustensiles de cuisine », comme le souligne le rapport.
Ces expulsions forcées se sont déroulées malgré la trêve hivernale, dans des conditions où la température ne dépassait pas les 5°C et parfois pendant des tempêtes. Mais la police n’en est pas à une entorse à la loi près, comme le rappelle l’Auberge des Migrants qui pointe des « opérations sans base légale apparente ».

Aussi bien pour les opérations d’expulsions de terrain publique que de terrains privés, l’association n’a jamais vu aucun arrêté de la mairie ou de la Préfecture, alors même qu’elle est présente lors de la majorité des opérations. Les forces de répression agissent donc en dehors de tout cadre légal et interdit de fait aux migrants de pouvoir avoir le moindre recours pour contester ces expulsions forcées.

Les conséquences de cette « insécurité matérielle permanente » sont catastrophiques pour les personnes réfugiées. Outre les conditions d’hygiène et de salubrité très précaires qui favorisent la contraction et la propagation des maladies, l’Auberge des Migrants dénonce la « violence psychologique très forte » dont ces populations sont victimes. En effet, le harcèlement policier les empêche de se rendre à l’hôpital ou chez le médecin. Et lorsqu’ils ont la chance de pouvoir y aller, ils doivent encore subir la « confiscation consciente des éléments médicaux » par les forces de répression lors des opérations d’expulsion. Comme le souligne Brice Benazzouz, coordinateur à Médecins du Monde, « c’est une situation insupportable, un harcèlement permanent qui pousse les exilés à l’errance ».

En dernière instance, l’Auberge des Migrants dénonce aussi les persécutions dont sont victimes les bénévoles de l’association de la part des autorités. Tout d’abord, le rythme effréné des expulsions forcées tend à saper le travail des associations qui manquent de plus en plus de moyen pour venir en aide aux exilés. À titre d’exemple, depuis la mi-décembre, ce sont pas moins de 2000 tentes qui ont été données aux 500 à 800 réfugiés présents à Calais à cause de leur destruction fréquente. Il y aussi les intimidations de la part de la police lors des expulsions et les contrôles d’identité des bénévoles. Les forces de répression sont même allées jusqu’à convoquer au commissariat quatre d’entre eux. Le rapport fait état d’auditions « ressenties comme très agressives, avec beaucoup de tentative de culpabilisation et de criminalisation ».

On le voit, la violence des forces de répression à Calais ne s’est pas calmée depuis le démantèlement de la jungle. L’État réprime en toute impunité et criminalise la solidarité avec les exilés.


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