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Une offense à la république réactionnaire

Calais. Tags sur la statue de De Gaulle : où est vraiment le scandale ?

Renan Granger Samedi 23 janvier, en marge de la manifestation en soutien aux migrants de la « jungle » à Calais , un tag « Nik la France » a été réalisé sur la statue du général De Gaulle dressée sur la place d’armes où était prévue l'arrivée de la manifestation. Cette dégradation a immédiatement fait les choux gras de la presse dominante, devenant quasiment un scandale national. Mais, à bien y regarder, le véritable scandale est ailleurs.

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Rapidement, l’affaire du tag sur la statue de De Gaulle a suscité une surenchère de commentaires sur les réseaux sociaux, toujours plus scandalisés les uns que les autres par « l’ignominie » de cet acte. Ce qui aurait pu être une affaire banale est alors devenue une démonstration de la supposée violence de ceux qui soutiennent les migrants et de leur mépris de la France. Gilbert Collard évoquait même sans sourciller un acte « fasciste ». Mais derrière la propagande des médias et des politiques au garde à vous, il est clair que le vrai scandale dans cette histoire vient d’ailleurs. Récit des faits.
16h30, le cortège est sur la place d’armes de Calais depuis une petite heure, quand soudain, une intervention policière oblige une partie des manifestants à reculer. En effet, plusieurs personnes – non identifiées même si les médias dominants sont persuadés de savoir qui se cache derrière – viennent d’apposer un tag « Nik la France » sur la statue de De Gaulle. Immédiatement, les policiers en faction interviennent pour dégager l’endroit et faire procéder à un nettoyage de la statue par les services municipaux qui interviennent en un temps record. Rarement on aura vu les policiers et les agents de la ville être aussi réactifs et déterminés pour nettoyer un tag. Mais l’inscription part difficilement et l’on sent les policiers particulièrement remontés. Ceux-ci seront en revanche beaucoup moins réactifs pour retirer le carton posé au pied de la même statue peu après, qui revendique à la fois l’assassinat de Clément Méric - militant antifasciste tué par une milice d’extrême droite le 5 juin 2013 – et de Rémi Fraisse – assassiné par la gendarmerie dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014 alors qu’il s’opposait pacifiquement à la construction du barrage de Sivens.

De là à en conclure qu’il y aurait une collusion entre les forces policières et les milices d’extrême droite, il n’y a donc qu’un pas. Un pas franchi depuis bien longtemps à Calais, et dont les illustrations se multiplient. A l’image de ces vidéos où l’on distingue clairement militants d’extrême droite et policiers main dans la main pour affronter les migrants, ou encore de ces milices d’extrême droite qui terrorisent les migrants dans les rues de Calais sans jamais être inquiétées. Et que penser de l’affaire de ce militant néo-nazi qui après avoir braqué une arme sur la manifestation en soutien aux migrants, a passé 4h en garde à vue ; alors même que les 8 migrants et leurs soutiens ayant embarqué sur un ferry sans violence ont fait 48h de garde à vue et risquent 6 mois de prison ?

L’indignation sélective a un sens : celui de la violence sourde qui s’abat toujours plus sur les migrants, avec la bénédiction unanime de la classe politique et des grands médias. La traque des migrants dans les rues de Calais est effectivement à l’image de la Vème République du général de Gaulle : celle du blanchiment de tous les tortionnaires de la guerre d’Algérie, responsables de 400 000 morts ; celle du Service d’Action Civique (SAC), milice souterraine ultra-violente aux ordres du « Général » ; celle des bombes françaises qui pleuvent aujourd’hui sur la Syrie, alimentant toujours plus le flot de misère humaine qui rêve d’Angleterre, ici, tous les jours, à Calais. Et dans cette guerre qui se joue sous nos yeux, nous sommes et resterons incontestablement du côté de nos frères et sœurs migrants, ici ou ailleurs, qui subissent la violence de l’État Français. Mais aussi des habitants de Calais, qui loin d’être une bande de néo-nazis exhibés à la télé, n’ont pas attendu la crise des migrants pour souffrir de la désindustrialisation. Une crise économique dans laquelle la classe politique au service du patronat qui casse toujours plus nos emplois porte une lourde responsabilité, et dont la fausse indignation ne nous fera pas croire le contraire. Face à ceux qui nous divisent pour toujours mieux nous faire accepter la misère, il n’y a donc qu’une seule réponse possible : Solidarité internationale ! Liberté de circulation !


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