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JLM au cœur de la tempête

Campagne médiatique ou comptes de campagne insoumis ?

« Un coup de tonnerre ». C’est ce que Mélenchon, en déplacement à Saint-Gaudens, pour soutenir son candidat dans la 8ème circonscription de Haute-Garonne, promettait, dans son discours, mercredi soir. Pour l’instant, en guise de « coup de tonnerre », il y a plutôt la campagne médiatique lancée au sujet des comptes de campagne du candidat de la France Insoumise aux présidentielles de 2017.

Corinne Rozenn


et Arthur Fontane

22 février 2018

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C’est une enquête de France info qui a tout déclenché : Les comptes de campagne de Mélenchon ont été passés au peigne fin après que l’un des rapporteurs de ses dépenses, Jean-Guy De Chalvron, a démissionné de la Commission Nationale des Comptes de Campage et du Financement Politique. Mais si la démission remonte à la mi-novembre, ce qui ressemble fort à une cabale médiatique a été mis en place ces derniers jours, et ce alors que plusieurs législatives partielles auxquelles se présente la France Insoumise sont programmées dans les prochaines semaines.

Ce n’est pas un hasard, sans doute, si d’une façon ou d’une autre les médias et ceux qui les possèdent veulent faire redescendre sur terre celui qui se rêve en premier opposant de gauche à Macron. On imagine également que l’idée ne saurait complètement déplaire à l’Elysée.

Mais qu’a donc relevé la CNCCFP ? L’une de irrégularités pointées par la Commission relève des facturations d’une des associations liées à la FI, L’Ère du peuple, chargée de plusieurs pans de la campagne et notamment de la facturation de ses services au candidat. Ainsi, 129 000 euros ont été facturés en prestations intellectuelles pour le travail de Bastien Lachaud, aujourd’hui député de Seine-Saint-Denis, quand celui-ci a été payé 29 000 € pour son rôle de coordinateur du pôle « action de campagne et évènements ». Un différentiel de 100 000 € qui pourrait révéler une « surfacturation » destinée à financer l’association. A aucun moment (les salaires des permanents de campagne n’ayant fait l’objet d’aucun reproche) il n’y a cependant eu de soupçons d’enrichissement personnel. Impossible, donc, de parler de corruption, à moins que de maquiller les faits.

L’autre reproche adressé à Mélenchon concerne les dépenses de Mediascop, la société de communication de la campagne dirigée par Sophia Chikirou. Dans l’article de France Info, c’est le fait que « Mediascop semble n’exister que pour porter la communication de Jean-Luc Mélenchon qui semble poser problème. La société n’a pas de locaux, pas de salariés en dehors des périodes de campagne, pas de matériel ». Comme si les candidats étaient obligés de faire appel à des sociétés de communication comme Havas ou Publicis pour être irréprochables… Si la radio pointe aussi les « surfacturations » de la société, elle n’avance aucun élément explicatif sur la nature de ces factures…

Melenchon s’est défendu en avançant que la CNCCFP avait validé ses comptes et que la démission du rapporteur était avant tout liée à son orientation politique. De Chalvron, dans sa lettre de démission, estimait pour sa part que 1,5 million de dépenses du candidat à la présidentielle, sur 10,7 millions déclarés, étaient litigieuses et ne devraient pas être remboursées par l’Etat. Il n’en reste pas moins que les pratiques de la campagne d’une France Insoumise qui proclame à qui veut bien l’entendre sa différence d’avec les vieux partis ressemblent fortement à ces mêmes partis : facturations importantes, toujours validées par la CNCCFP, des rémunérations de « collaborateurs », aujourd’hui députés, qui dépassent, et de loin, le salaire médian dans l’Hexagone.

Des élus révocables, réellement, à tout moment, touchant le salaire d’un ouvrier qualifié ou d’un/e prof des écoles, pour représenter le monde du travail et les classes populaires : que ce soit par ses dépenses de campagne et les salaires versés à son état-major, la FI est moins populaire que sa direction ne voudrait bien le laisser croire. Que la campagne de dénigrement actuelle menée par la presse et les médias soit intéressée, tout cela est, là encore, très classique. Mais pour un parti qui souhaite incarner « l’opposition populaire » et qui se veut le paladin de la lutte « contre ce monde pourri », comme l’a encore affirmé à la tribune, à Saint-Gaudens, Mélenchon, il faudra faire encore un petit effort.

[Crédit : CFP / China Daily]


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