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Convergence des luttes

Casse des services publics : un Vendredi Solidaire des Gilets Jaunes à Saint-Denis

Tous les vendredis à midi, l'Union Locale Solidaires Saint-Denis appelle à des actions afin de mettre en avant les revendications des travailleurs et habitants de la ville où chômage, précarité et bas-salaires sont le quotidien de la majorité. Ce vendredi 8 février, un rassemblement était donc organisé devant la mairie pour protester contre la dégradation des conditions de travail des salariés de la ville, dans un contexte où le Centre Technique Municipal est bloqué depuis mercredi par les chauffeurs de cars scolaires, et où huit lycées sont en grève dans le 93.

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Les prises de paroles étaient fortes en émotion lors du rassemblement devant la mairie de Saint-Denis. Toutes les personnes présentes étaient d’accord non seulement pour dénoncer les contre-réformes qui s’abattent sur les services publics, mais aussi pour incriminer le rôle de la mairie PCF de Saint-Denis qui, derrière une opposition de façade, participe activement à la précarisation des personnels communaux et territoriaux, et ainsi à rendre toujours plus difficile l’accès aux services publics, au détriment des habitants de la ville. Si seule une trentaine de personnes étaient présentes, ce qui s’explique notamment par la routine du boulot pour certains, la nécessité de tenir le piquet de grève pour d’autres, plusieurs secteurs en lutte étaient représentés, et les diverses interventions marquées par une forte radicalité.

Tout d’abord les chauffeurs de cars scolaires en grève étaient présents. Alors qu’ils se mobilisent contre la suppression de leur panier-repas – supprimé par le même Conseil Municipal qui a décidé en décembre d’augmenter les indemnités d’un certain nombre d’élus allant jusqu’à plus de 4000€ brut par mois – et qu’ils bloquent le Centre Technique Municipal depuis mercredi, la mairie de Saint-Denis a fait parvenir une lettre à l’intersyndicale pour menacer les grévistes de poursuites judiciaires en invoquant un soi-disant délit puni de 3 ans d’emprisonnement et 45000€ d’amende... Il n’est pas anodin que la mairie de Saint-Denis réagisse de cette manière au moment où les chauffeurs ont décidé de durcir le mouvement, étant donné que le Conseil Municipal continue de faire la sourde oreille face à leurs revendications. En effet, c’est dans le Centre Technique Municipal que la ville entrepose le matériel de nettoyage ainsi que les installations pour le marché de Saint-Denis, un des plus grands marchés de la région. Or, ce vendredi, c’était jour de marché ! Et les commerçants ont été obligés d’installer des bâches de fortune pour se protéger du mauvais temps, de même que le service de nettoyage a été fortement perturbé. Dans un communiqué de presse la mairie se plaint donc que les grévistes « empêchent que toute une ville soit nettoyée ». Les grévistes étaient donc au rassemblement pour rappeler que si le service public de nettoyage n’était pas assuré ces jours-ci à Saint-Denis, ce n’est pas du fait des travailleurs qui luttent contre leur précarisation, mais bien de la faute de la mairie qui organise la casse du service public depuis des années. Par ailleurs, les élus du Parti Communiste Français ont beau se revendiquer des luttes de la classe ouvrière, ils démontrent désormais leur vrai visage de briseurs de grève.

Ensuite, des personnels communaux et territoriaux sont revenus sur la privatisation de certains services publics à l’image de la piscine La Baleine. Le bail de délégation de service public de cette piscine a été cédé par la mairie au groupe Equalia auquel les salariés reprochent de ne pas respecter la convention collective du secteur, et d’avoir licencié sans motif fondé une de leurs collègues. Et alors que les salariés poursuivent aujourd’hui cette entreprise devant le tribunal des prud’hommes, et qu’ils en ont averti la mairie, ils ont découvert encore une fois que le Parti Communiste Français n’avait finalement rien à envier aux partis de droite dans la gestion des affaires municipales, puisque le Conseil Municipal a décidé de renouveler le bail de délégation de service public à Equalia, sans donner de crédit à la parole des salariés de l’entreprise.

Ce constat est également fait par les travailleurs encore salariés de la municipalité. En effet, alors qu’ils bénéficient de six jours de « congés enfant malade » par an pour pouvoir s’absenter et garder leurs enfants en cas de maladie, leur hiérarchie utilise désormais un argument juridique, la « nécessité de service », qui oblige les salariés à venir travailler même pendant leurs congés pour maintenir le service. Or il est évident que si le service public n’est pas maintenu correctement, ce n’est, là encore, pas la faute des salariés qui prennent de façon épisodique un congé pour garder leur enfant, mais bien à cause du sous-effectif permanent et du gel des postes dans la fonction publique.

Enfin des professeures du collège Henri Barbusse à Saint-Denis sont venues témoigner leur soutien aux chauffeurs de cars scolaires en grève, revendiquant un service public des transports. Conscientes que ce mouvement rejoint également la question plus globale de la casse des services publics amplifiée les récentes attaques du gouvernement notamment dans l’Education Nationale, elles remettent en cause les dotations horaires attribuées aux établissement pour fonctionner tout au long de l’année (DHG), et demandent plus de moyens pour les projets, mais aussi plus de postes pour pouvoir avoir des classes à effectifs réduits, et non des classes surchargées comme c’est le cas actuellement, notamment dans le 93 qui est l’un des départements les moins doté alors qu’il concentre paradoxalement énormément de besoins.

Alors que huit lycées sont en grève reconductible dans le département, qu’en Île-de-France et au niveau national la grogne commence à se transformer en mobilisation, avec des occupations de lycées prévues à partir de mardi et la démission par dizaines de profs principaux contre la réforme Blanquer, les intervenants ont conclu sur la nécessité de s’organiser contre « Macron qui nous fait la guerre » comme l’a dit un étudiant de Paris 8 mobilisé contre l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers. Des actions de diffusion de tracts à Saint-Denis seront donc organisées cette semaine, et les participants au rassemblement sont repartis forts de la détermination que donne la convergence de plusieurs secteurs en lutte. Si le mouvement des Gilets Jaunes est resté jusque-là en grande partie consigné aux zones rurales et péri-urbaines, il apparaît désormais, après la journée de grève du 5 février, qu’il contamine maintenant les grandes villes comme Paris et sa banlieue.

Photo : loi travail 2016.


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