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Séminaire sur le maintien de l'ordre

Castaner en passe d’entériner les nouvelles méthodes répressives utilisées contre les Gilets jaunes ?

Castaner a ouvert ce lundi un « séminaire de travail » pour discuter des prochaines évolutions du maintien de l'ordre suite au mouvement des Gilets jaunes. L'objectif : entériner l'évolution vers une répression plus "mobile" et violente.

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Ouverture d’un « séminaire de travail » sur le maintien de l’ordre par Castaner

Lundi 17 mai, Castaner et le Ministère de l’intérieur ont lancé un séminaire de réflexion sur les méthodes du maintien de l’ordre en France, qui donnera lieu à un document publié en septembre. Autour de différentes tables rondes, Place Beauvau, étaient conviés une quinzaine d’invités, cadres de la gendarmerie et de la police nationale, ainsi que des intervenants extérieurs pour ouvrir une « réflexion » sur le maintien de l’ordre « à la française » . Dans son discours introductif ouvert à la presse Castaner a déclaré lundi à son auditoire : « Je vous demande une liberté de ton totale, je vous demande de la franchise, des idées, surtout si elles sont disruptives ou audacieuses. J’aimerais connaître votre perception sur l’usage de la force, nos armements, et ce que certains appellent les violences policières. »

Le séminaire de travail en question a été volontiers présenté comme une réponse aux réactions face à l’explosion des violences policières. En effet l’ampleur des violences des forces de l’ordre au cours du mouvement des Gilets jaunes, qui ont causé des centaines de blessés grave et le décès de Zineb Redouane, a été telle, qu’elle a fini par percer la traditionnelle omerta médiatique à ce sujet. De sorte qu’aujourd’hui, Castaner se trouve contraint à évoquer du bout des lèvres « ce que certains appellent » les violences policières.

Pourtant, il n’y a pas à en douter, elles ne seront pas le centre des discussions du dit séminaire. Même la presse dominante, peu prompte aux critiques sur ce terrain, n’a pas manqué de souligner le caractère unilatéral du débat. Les personnalités conviées au séminaire sont ainsi uniquement composées de membres des forces de l’ordre et d’experts dont le parcours laisse peu de doutes quant à leur positionnement au sujet de la police ou du gouvernement. On trouvait ainsi parmi ces fameux experts l’ancien patron du RAID, Jean-Michel Fauverge, l’ancien chef du Groupement de sécurité et d’intervention de la gendarmerie nationale et général des armées, Jean-Régis Vechambre, des représentants de police d’autres pays, le Procureur adjoint au parquet de Paris, Olivier Christen, la directrice de l’Insitut national des hautes études de la sécurité et de la justice Hélène Cazaux, etc.

Christophe Castaner, qui tout au long du mouvement n’a pas cessé de nier les violences policières ou de les légitimer, a réitéré sa position, affirmant au cours de la conférence de presse : « On ne répond pas à des cocktails Molotov avec des bons sentiments, on ne protège pas l’ordre républicain avec des mots doux. On peut faire croire que tirer au LBD serait une violence policière, que lancer une grenade de désencerclement serait une violence policière, utiliser une matraque serait encore une violence policière, mais ce serait oublier les circonstances et le cadre d’emploi. » (cité par Libération).

Vers un maintien des nouvelles méthodes de répression de développées face aux Gilets jaunes ?

En réalité l’objet de ce « séminaire de travail » semble plutôt témoigner de la volonté du gouvernement d’entériner les nouvelles techniques de maintien de l’ordre mise en place au cours du mouvement des Gilets jaunes.

Alors que l’État français se targuait depuis plusieurs décennies de ses méthodes de maintien de l’ordre, celles-ci ont été mises à mal par le réchauffement de la lutte des classes et l’expression d’une colère déployée hors des cadres traditionnels de contention des mouvements sociaux. Dès le début du mois de décembre, et à plusieurs reprises au cours de la longue mobilisation, les Gilets jaunes ont débordé les forces de l’ordre et leur ont fait perdre le contrôle de l’espace public. À ces difficultés à maintenir l’ordre face à la radicalité d’un mouvement social inédit, le gouvernement a répondu par une escalade répressive et sécuritaire.

Au cours du mouvement jusqu’à 80 000 policiers, soit presque l’ensemble des forces de l’ordre ont été déployées à travers le pays pour réprimer les manifestations. L’usage des LBD (Lanceurs de Balle de Défense) et des grenades de désencerclement a augmenté de 200 % au cours de l’année 2018. Au point que le 1er décembre, plus de grenades ont été tirées en un jour que pendant une année en temps normal.

Au fil des manifestations, une nouvelle stratégie de répression plus offensive a conduit les forces de l’ordre à être plus mobiles et aller de plus en plus souvent au contact des manifestants. Ce saut répressif, visant à éteindre le mouvement dans un contexte de crise de régime historique, a conduit le gouvernement a réhabiliter des tactiques policières ayant conduit en 1986 à la mort de Malick Oussekine comme le soulignait en décembre dans L’Opinion, le spécialiste des questions de sécurité Jean-Dominique Merchet.

Dans la continuité de la loi ultra-répressive dite « anti-casseurs » , l’ouverture de cette « réflexion » sur le maintien de l’ordre semble acter le virage vers des méthodes toujours plus brutales de répression des mouvements sociaux. Une idée confirmée à sa façon par un haut gradé cité par le journal Le Monde. Si celui-ci affirme qu’« Il n’y a pas de nouvelle doctrine à proprement parler. Nos interventions se font toujours dans un cadre légal et dans un souci de proportionnalité » il note par ailleurs qu’« Il y a une façon de les mettre en œuvre, qui était jusque-là assez statique, passive, et d’ailleurs relativement efficace. Avec les "gilets jaunes", on a dû évoluer vers des dispositifs plus actifs sur le terrain. » Force de l’euphémisme.

Crédits photo : MN/76actu


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